Economie

20% seulement des travailleurs en Tunisie occupent un emploi correspondant à leur niveau d’éducation…

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L’Organisation Internationale du Travail (OIT) vient de publier à la fin de la semaine dernière un rapport sur l’adéquation entre les emplois occupés et les niveaux d’éducation.

De nombreuses personnes occupent des emplois qui ne correspondent pas à leur niveau d’éducation, en même temps, de nombreux employeurs affirment avoir des difficultés à trouver des travailleurs possédant les compétences dont ils ont besoin pour développer leurs activités et innover avec succès, affirme le rapport. Ce phénomène témoigne d’un décalage important entre le monde de l’éducation et le monde du travail.

S’appuyant sur les données de l’enquête main-d’œuvre sur le niveau d’éducation et les professions de tous les travailleurs employés dans plus de 130 pays, le rapport estime que seule la moitié environ de ces travailleurs occupent un emploi correspondant à leur niveau d’éducation. Les autres sont soit sur-éduqués, soit sous-éduqués pour leur emploi.

Les travailleurs des pays à revenu élevé sont plus susceptibles d’occuper un emploi correspondant à leur niveau d’éducation. Dans les pays à revenu élevé, c’est le cas pour environ 60% des employés, indique l’OIT. Les parts analogues pour les pays à revenu moyen supérieur et à revenu moyen inférieur sont respectivement de 52 et 43%. Dans les pays à faible revenu, seul un travailleur sur quatre occupe un emploi correspondant à son niveau d’éducation. Ces observations suggèrent que le taux d’adéquation augmente avec le niveau de développement des pays.

En Tunisie, les statistiques du rapport font ressortir que 20% seulement des travailleurs occupent un emploi correspondant à leur niveau d’éducation…

Bien que la sur-éducation et la sous-éducation soient toutes deux présentes dans tous les pays, quel que soit leur niveau de revenu, les données de l’OIT montrent des tendances différentes selon les groupes de revenus des pays. La sous-éducation est plus répandue dans les pays à faible revenu, tandis que la sur-éducation est plus fréquente dans les pays à revenu élevé.

Dans les pays à revenu élevé et moyen supérieur, environ 20% de l’ensemble des salariés sont sur-éduqués (c’est-à-dire qu’ils ont un niveau d’éducation supérieur à celui requis pour leur emploi) indique l’organisation onusienne ; la part correspondante pour les pays à revenu moyen inférieur est d’environ 12,5%, tandis que dans les pays à faible revenu, elle est inférieure à 10%. Les taux plus élevés de sur-éducation dans les pays à revenu élevé sont probablement dus à la composition du site main-d’œuvre, qui se caractérise par un niveau d’éducation relativement élevé.

Notons que selon une étude élaborée en 2019 par de l’Institut Tunisien de la compétitivité et des Etudes Quantitatives (ITCEQ) et intitulée « Inadéquation des qualifications en Tunisie : quels sont les déterminants de sous-emploi ? », pendant de longues années, le diplôme en Tunisie a joué un rôle très important dans l’insertion professionnelle, néanmoins, ces derniers temps, les conditions d’insertion des diplômés se sont dégradées.

Elles sont devenues très contrastées selon les niveaux, les filières et les spécialités de formation, la détérioration des conditions d’insertion des diplômés tunisiens est en effet la conséquence de trois facteurs, précise l’étude de l’ITCEQ :

• Le premier facteur est la hausse de l’éducation qui a caractérisé la population tunisienne depuis deux décennies. Ce phénomène est le résultat d’une politique sociale axée sur la promotion des investissements dans l’éducation. En conséquence, chaque nouvelle génération est plus diplômée que la précédente.

• Le deuxième facteur est la faible création d’emploi par l’économie tunisienne au regard du nombre des demandeurs d’emploi, essentiellement diplômés, dans le marché du travail. Depuis la crise économique de 2008 jusqu’en 2018 l’économie tunisienne est en situation de récession où le taux de croissance du PIB n’a pas dépassé 3%. Le nombre total des emplois créés chaque année est en moyenne de 30000 postes ce qui représente 5% du nombre total des demandeurs d’emploi.

• Le troisième facteur est l’inadéquation des qualifications des diplômés aux besoins des entreprises. Ainsi, le dysfonctionnement structurel du marché du travail en Tunisie résulte de l’écart qualitatif entre l’offre et la demande de compétences.

Une situation qui traduit la déconnection de l’université tunisienne de l’environnement économique., malheureusement, affirme l’étude, de nombreux jeunes diplômés doivent faire face non seulement à une période longue du chômage et à la précarité mais également à un manque de possibilités d’emploi « adéquat ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek