2023 est une année mitigée mais encourageante pour l’économie nationale. C’est une année avec un taux de croissance qui ne dépasserait pas les 0,9%, assez bas par rapport aux prévisions initiales (1,8%). Cependant, c’est aussi l’année de reprise de certains secteurs comme le tourisme et d’autres filières exportatrices qui affichent des résultats exceptionnels.
La superposition de deux crises (pandémie de Covid-19 et guerre en Ukraine) ainsi que la sécheresse qui a plombé l’activité du secteur primaire ont causé des dommages certains aux couches populaires et à la classe moyenne. Rétrospective…
Résilience
S’il y avait un seul mot à retenir pour résumer l’année 2023 d’un point de vue économique, cela serait : inflation. L’année qui s’achève a éprouvé les ménages avec une flambée généralisée et persistante des prix. À fin novembre, l’Institut National de Statistique (INS) annonçait une progression de 8,3% de l’indice des prix à la consommation (IPC).
Les citoyens arrivent difficilement à joindre les deux bouts. Les prix des produits alimentaires sont au plus haut depuis des mois et, à part l’effort fourni par les autorités en matière de compensation et des transferts monétaires aux couches défavorisées, les ménages subissent les différentes augmentations sans percevoir de retour à la normale.
La crise a fait perdre à la Tunisie des opportunités précieuses de croissance. Depuis la crise sanitaire et le déclenchement de la guerre en Ukraine, le pays a vécu une superposition de deux crises qui ont causé une baisse de la demande suivie directement d’un choc de l’offre, principal moteur de l’inflation.
À l’instar des autorités financières du monde, les autorités en Tunisie ont fait face au dilemme entre la sanctuarisation de la résilience économique pour sauvegarder le pouvoir d’achat ou l’aggravation de la dette publique et le déficit budgétaire. Désormais, le pouvoir d’achat structure tout, les Tunisiens s’attendaient à l’indemnité inflation, pour eux elle devait se trouver dans le prix de plusieurs produits essentiels et ils sont des millions à penser que les autorités avaient cette possibilité.
Evolution positive des revenus
Fort heureusement, certains indicateurs de revenus ont connu une évolution positive. Les crédits à la consommation ont augmenté à 28,5 milliards de dinars à fin septembre, les transferts des TRE ont bondi à 7,3 milliards de dinars, à la fin de cette année.
Les autres indicateurs macro-économiques fournis par l’INS sont plutôt positifs. On note notamment le maintien de l’effort d’investissement comme en atteste le bon comportement des intentions d’investissement industriel qui ont augmenté de 7,1% entre les dix premiers mois de 2023 et de 2022 outre l’accroissement de l’indice de la production industrielle de 5,4% en septembre 2023. Le montant des IDE a progressé, à son tour, de 13,1% pour les neufs premiers mois de l’année pour atteindre 1862,1 millions de dinars (MD).
D’un autre côté, le déficit commercial aux prix courants s’est allégé pour s’établir à -16543 MD contre -23296.5 MD durant les onze premiers mois de 2023 et 2022. Le taux de couverture a ainsi gagné 8.1 points pour atteindre 77.2%. Pourquoi ? C’est tout simplement le résultat d’une hausse des exportations (+7,6%) contre une baisse des importations (-3,7%). Cela prouve que le principe de préférence nationale et le « Made in Tunisia » commence à avoir des effets réels.
Les secteurs qui performent
L’exercice qui s’achève a vu des secteurs performer à l’export comme le secteur des industries agro-alimentaires (+14,1%), le secteur des textiles, habillement et cuirs de (+8,4%).
Grand pourvoyeur de devises, après deux années de disette, le secteur touristique a connu une embellie sans précédent malgré une reprise tardive au mois d’avril. Le secteur a non seulement rattrapé son retard, mais il a carrément dépassé le niveau pré-pandémie.
Le tourisme a enregistré un net rebond avec 8,8 millions de visiteurs, en hausse de 49,3% en un an, et est bien parti pour dépasser le record atteint en 2019, avant la pandémie. Officiellement, l’objectif était de récupérer 80% des flux touristiques enregistrés en 2019, année record qui sert de référence sur la dernière décennie.
L’année 2023 a aussi été marquée par une stabilité du taux directeur, décidée par Banque Centrale de Tunisie (BCT). Cette politique accommandante priorise le soutien de la stabilité des prix.
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