Economie

35,3% de la population de la région MENA sous le seuil national de pauvreté (Enquête)

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Selon une enquête sur les développements économiques et sociaux dans la région arabe 2021-2022 menée par la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (ESCWA), la pauvreté est en forte recrudescence dans la zone MENA, notamment dans les pays importateurs de pétrole.

Alors que les pays du monde entier se remettent encore des répercussions de la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine devrait avoir de graves conséquences pour l’économie mondiale et dans la zone Mena notamment les pays importateurs de pétrole.

Le conflit en cours fait grimper les prix de l’énergie et des matières premières et menace la sécurité alimentaire dans de nombreuses régions du monde. L’ampleur de l’impact sur les pays dépend de la structure de leurs économies et de leurs liens commerciaux et financiers avec les deux pays en conflit. Le produit intérieur brut de la région arabe devrait augmenter de 5,18% en 2022 si le conflit prend fin d’ici juin 2022 (0,02 point de pourcentage de moins que les projections d’avant la crise), et de 4,78% si le conflit dure plus longtemps (0,42 % point de pourcentage inférieur aux projections d’avant la crise – une perte estimée à environ 11 milliards de dollars).

Impact de la guerre russo-ukrainienne et de la pandémie en zone MENA

Selon l’enquête de l’ESCWA, en tant qu’exportateurs de pétrole, les économies du Conseil de coopération du Golfe bénéficieront de la reprise des marchés pétroliers amorcée en 2021 et connaîtront leur croissance la plus rapide depuis 2014. Ces pays profiteront également de la hausse du prix du pétrole causé par la guerre en Ukraine.

Tous les autres pays arabes devraient croître à un rythme plus lent que les projections d’avant la crise. Outre la hausse des prix de l’énergie, ces pays sont également confrontés à des préoccupations croissantes en matière de sécurité alimentaire en raison des sanctions économiques imposées à la Russie et des perturbations des chaînes d’approvisionnement causées par les activités militaires. Certains seront également confrontés à une baisse de l’aide publique au développement.

 

 

Recrudescence de la Pauvreté

Selon l’ESCWA, la pauvreté est en augmentation dans la zone MENA. Les dernières projections de croissance régionale révèlent un environnement précaire fortement impacté par les perturbations des marchés de l’énergie et des matières premières à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, et par une hausse du coût de la vie dans le monde post-pandémie. Sur la base des seuils de pauvreté nationaux, la zone MENA a connu une augmentation de la pauvreté en 2022 par rapport aux années pré-pandémiques. Plus d’un tiers de la population de la région (35,3%) se situe sous le seuil national de pauvreté.

En outre, la pauvreté devrait continuer à augmenter au cours des deux prochaines années, atteignant 35,8% en 2023 et 36,0% en 2024 contrairement aux projections faites avant le début de la guerre en Ukraine, qui estimaient que moins de 34,5% 100 de la population serait dans la pauvreté aujourd’hui – un taux qui serait resté inchangé pendant les deux années suivantes.

Les tendances de la pauvreté diffèrent sensiblement entre les pays et les groupes de pays selon leur niveau de développement et leur situation politique. Le Maroc et l’Algérie sont en tête du groupe de pays, avec les niveaux de pauvreté les plus bas à 4,7% et 6,7%, respectivement. L’Algérie, avec une projection de réduction constante de la pauvreté jusqu’en 2024, est en passe de dépasser le Maroc d’ici 2024, avec un taux de pauvreté attendu de 5,5 % contre 6 % pour le Maroc.

À l’autre extrémité de l’échelle, le Liban est entré dans la pandémie et sa crise financière nationale avec 45,6 % de sa population dans la pauvreté en 2019, et on estime qu’il a un taux de pauvreté de 68,6 % sur la période 2022-2024.

Chaque pays de la zone MENA est donc confronté à un ensemble de conditions et de défis uniques qui affectent ses niveaux et tendances de pauvreté. Ces dernières années, les pays arabes ont mis en œuvre diverses initiatives pour sortir la population de la pauvreté et réduire la précarité. Ces efforts ont sans aucun doute évité des catastrophes humanitaires pendant la pandémie. Ces efforts doivent maintenant être intensifiés dans la période post-pandémie pour atteindre les populations non couvertes, afin que la région puisse relancer son processus de réduction de la pauvreté.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek