L’annonce a surpris tout autant que la montée stratosphérique des droits de douane pour le monde entier. Devant des journalistes médusés le président Donald Trump a défendu comme il a pu son revirement spectaculaire sur les surtaxes. Il a dit que le moment était venu de se montrer “flexible” et que “face à un mur on ne peut pas foncer, il faut le sauter, le contourner…” Le mur c’est l’économie américaine qui pique du nez, ce sont ses copains milliardaires dont la fortune fond, le mur c’est son parti qui panique littéralement, ce sont les Bourses américaines qui touchent le fond. La preuve qu’on est revenu à la raison et à l’orthodoxie financière, les Bourses ont décollé aussi vite qu’elles avaient plongé. Reste la facture, l’addition pourrait être salée pour Trump, politiquement et judiciairement.
Des indices très troublants…
Son ministre des Finances a dit que le républicain avait tout calculé, que l’apparente reculade faisait partie du plan dès le début. La vérité est que le président américain a joué à l’apprenti sorcier, puis il est passé au poker menteur et a poussé ses pions jusqu’au bout pour ramasser le maximum. Lors de son dîner avec les ténors républicains il a lâché quelques confidences, à sa manière, sur la page des négociations qu’il allait ouvrir. Hier mercredi dans la soirée, quelques heures avant de tourner casaque, Trump postait sur Truth Social : “C’EST LE MOMENT D’ACHETER“…
Il l’a dit juste après l’ouverture de Wall Street, l’effet est immédiat : l’indice bondit à +10%. Les sénateurs américains ont bondi à la même vitesse, ils accusent le président américain d’avoir commis un délit d’initié. L’accusation est lourde. Les élus démocrates de la Commission des services financiers de la Chambre des représentants soutiennent que “le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde“.
Adam Schiff est le premier sénateur à avoir demandé formellement l’ouverture d’une enquête au Congrès américain pour délit d’initié. Elizabeth Warren parle carrément de “corruption“. Le démocrate Steven Horsford a signé une sévère attaque hier mercredi et a demandé au représentant au Commerce de la Maison-Blanche de s’expliquer publiquement. “Si ce n’est pas une manipulation des marchés, qu’est-ce que c’est ? Qui en profite ? Quel milliardaire vient de s’enrichir ? (…) Quant aux Républicains, ici ils sont tous partis, car personne ne veut avoir à défendre ça !“, a-t-il asséné.
La représentante démocrate du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez, bête noire des Républicains et de Trump, n’a pas raté la nouvelle administration. “Tout membre du Congrès ayant acheté des actions au cours des dernières 48 heures devrait probablement le déclarer maintenant. (…) Il est temps d’interdire les délits d’initiés au Congrès.”
Trump n’en est pas à sa première affaire scabreuse
Les démocrates sont d’avis que Trump est tout à fait capable d’influer sur les cours de la Bourse pour que ses proches s’engraissent, voire pour son propre compte. Il tomberait de fait dans le délit d’initié ou le délit boursier. Aux USA ça peut valoir une dizaine d’années de prison. Trump est blindé pour le moment, par son statut de président, mais dans 4 ans il ne le sera plus.
Si c’était un autre président le bruit aurait tourné court, mais le fait est que le républicain est connu pour son affairisme, avec parfois des business que la morale réprouve fortement. Toutes les lignes rouges Trump les a franchies allègrement. Mais pas le délit d’initié, argue Howard Lutnick, le secrétaire au Commerce ; il a nié sur Fox News toute manipulation des marchés. “Trump est le plus grand des négociateurs” selon lui…
Il dit vrai peut-être, peut-être pas, les enquêtes des autorités américaines nous édifieront. En attendant BFM TV rappelle ce jeudi que l’entreprise de médias de Trump avait gagné “20% en bourse dans les minutes qui ont suivi cette publication.” En France la fronde gronde. Eric Coquerel, président de la commission des Finances et député de la France insoumise, dénonce un “gigantesque délit d’initié“.
Sur la même radio l’ancien commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton se pose des questions sur le timing choisi par le président américain. “Pourquoi ne pas avoir attendu 3 heures de plus, que les marchés soient fermés ? Ça peut interroger car en pleine séance, c’est du jamais vu (…) Si jamais il y a délit d’initié, on le saura“, ajoute-t-il.
Les places boursières sont loin de ces considérations, elles ont 90 jours pour se requinquer, le temps des conciliabules entre Washington et quelque 75 pays disposés à négocier autour des droits de douane, affirme la Maison-Blanche. Là aussi il faudra voir qui gagne quoi, qui perd quoi dans ce marchandage à grande échelle. Trump réunit ses ministres ce 10 avril.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires