Economie

Achats patriotiques au Royaume-Uni : l’effet Trump sur la consommation locale

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Face à la flambée des droits de douane imposés par l’administration Trump, une large majorité de consommateurs britanniques prévoient d’acheter davantage de produits locaux, selon un sondage publié par le Financial Times et commandé par Barclays Bank. Cette tendance se manifeste alors que les importations britanniques sont désormais soumises à une taxe américaine de 10 %, entraînant des craintes généralisées sur la hausse des prix.

Selon l’enquête réalisée par Opinium Research, 71 % des Britanniques expriment leur volonté de soutenir les entreprises locales en privilégiant les produits fabriqués au Royaume-Uni. En parallèle, deux consommateurs sur cinq déclarent rechercher activement des alternatives nationales aux biens importés.

Tarifs en cascade : des hausses ciblées sur l’acier, l’automobile et l’Europe

La mesure tarifaire imposée par Washington ne s’arrête pas aux biens britanniques. Elle touche également :

  • Les produits de l’Union européenne : 10 % durant la période d’essai de 90 jours des droits “réciproques”

  • L’acier et les voitures britanniques : surtaxés à hauteur de 25 %

  • Les produits chinois : frappés de droits pouvant atteindre 145 %

Cette guerre commerciale orchestrée par le président Donald Trump affecte ainsi plusieurs partenaires majeurs des États-Unis, déclenchant des tensions internationales croissantes.

Un impact potentiel sur la croissance britannique

Les économistes de la Banque d’Angleterre tirent la sonnette d’alarme : ces barrières douanières pourraient freiner la croissance déjà fragile du Royaume-Uni.

Les perturbations sur les marchés financiers et la crainte d’un ralentissement économique mondial ajoutent à l’incertitude ambiante. Toutefois, les effets sur l’inflation restent flous, notamment en raison du comportement encore imprévisible des autres grandes économies.

Rachel Reeves refuse de cautionner un repli économique

Interrogée à la Chambre des communes, Rachel Reeves, ministre des Finances, a pris ses distances avec la campagne « Buy British ».

« Chacun est libre de faire ses choix, mais nous ne voulons pas d’une guerre commerciale. Si chaque pays décide de n’acheter que ses propres produits, ce n’est pas un modèle viable pour l’avenir. »

La ministre a rappelé que l’accès du Royaume-Uni aux marchés mondiaux est un atout stratégique qui ne doit pas être sacrifié au nom du protectionnisme.

Un début de repli de la consommation malgré une hausse modeste

Les données de Barclays montrent que la consommation britannique a progressé de 0,5 % en mars (en glissement annuel), contre 1 % en février, un ralentissement qui intervient dans un contexte de hausse des prix, du coût de la vie et des tensions commerciales.

Les catégories en hausse notables sont :

  • Jardineries : +13,4 %

  • Santé et beauté : +11 %

  • Consommation hors alimentation : +2,2 %

Selon Karen Johnson, directrice du secteur distribution chez Barclays,

« Les consommateurs sont conscients de l’impact des événements mondiaux sur leurs finances, et l’effet se fait sentir. »

L’emploi britannique sous pression : pire chute depuis le Covid

Parallèlement, le marché du travail britannique connaît un recul brutal. En mars, 78 467 emplois ont été perdus selon l’Office des statistiques nationales, dans un contexte de hausse des taxes sur les salaires et des coûts liés aux douanes américaines, estimés à 26 milliards de livres sterling (34,3 milliards de dollars).

Pour la première fois depuis 2021, le nombre d’offres d’emploi est passé sous les niveaux d’avant-pandémie. Ce recul de l’emploi marque la plus forte baisse depuis la crise du Covid-19.

Depuis octobre, date de la présentation du budget par le Parti travailliste, le Royaume-Uni a perdu 120 000 postes.

Le spécialiste Thomas Pugh, économiste chez RSM UK, estime que :

« Cette baisse significative de l’emploi en mars montre que les entreprises ont anticipé l’augmentation massive des coûts salariaux à venir en avril. »

Pris en étau entre l’inflation importée, les tensions commerciales internationales et une hausse du chômage, le Royaume-Uni doit aujourd’hui trouver un équilibre délicat entre soutien à la production locale et maintien de son ouverture au monde.

Une équation politique et économique complexe qui pourrait peser sur les prochaines décisions de Westminster.

 

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