Le député Seif Eddine Makhlouf est intervenu lundi dernier avec certains représentants parlementaires affiliés à la Coalition Al Karama à l’aéroport Tunis-Carthage pour faire voyager de force une femme fichée S17 sans aucun respect de la loi et des institutions de l’Etat.
Cet acte dangereux qualifié par une grande majorité de scandale d’Etat a suscité la réaction de nombreux hommes et partis politiques et a relancé le débat autour de l’immunité parlementaire. Cette immunité est perçue par certains observateurs comme un bouclier redoutable à l’application de la loi et permettant de jouir d’une impunité dangereuse.
Ci-dessous les différentes positions des partis politiques 4 jours après le scandale de Seif Eddine Makhlouf par ordre chronologique :
Le parti Qalb Tounes n’a pas tardé à réagir et était l’un des premiers partis qui ont commenté l’incident qui s’est déroulé à l’aéroport. Malgré son alliance politique avec le Mouvement islamiste Ennahdha et le lien de ce dernier avec la Coalition Al Karama, Qalb Tounes n’a pas hésité à exprimer son choc des agissements des députés.
Il a également exprimé son indignation face aux agissements des députés d’Al Karama notamment à l’encontre des forces sécuritaires. Selon le communiqué, le parti a dénoncé les actes humiliants des députés d’Al Karama qui nuisent à l’image de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) en tant qu’institution législative. Pour Qalb Tounes, les députés d’Al Karama ont violé la loi.
Qalb Tounes a ainsi précisé que l’institution sécuritaire est une ligne rouge. De ce fait, il a appelé les acteurs socio-politiques du pays à mettre fin aux actes de violence et à primer l’intérêt public dans une situation politique et socio-économique très sensible.
Le parti Afek Tounes a réagi pour dénoncer les agissements de Seif Eddine Makhlouf qu’il a qualifié de « crime odieux ».
Selon Afek Tounes, ce crime prouve l’implication des députés en question dans la dissimulation des crimes terroristes et l’incitation contre les institutions sécuritaires et militaires, via l’immunité parlementaire en vue de saper les piliers de l’Etat.
Afek Tounes s’est adressé via un communiqué officiel au ministère public et au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme pour demander de poursuivre en justice les personnes impliquées dans cette affaire.
Il a ainsi exprimé sa solidarité avec les forces sécuritaires.
Malgré peu de communications médiatiques, Al Amal a choisi de rejoindre les autres partis en s’exprimant, à son tour, sur les événements qui ont eu lieu lundi dernier à l’aéroport international Tunis-Carthage.
Al Amal a condamné les actes des députés d’Al Karama et a dénoncé l’agression qui a été exercée à l’encontre des forces sécuritaires précisant que l’aéroport est une institution sensible de l’Etat.
Concernant la mesure S17, Al Amal a précisé que seule la justice est habilitée à réviser cette procédure frontalière.
Rappelant que l’immunité parlementaire ne couvre pas ce type de crime flagrant, le parti en question a appelé le gouvernement à imposer le respect de la loi.
Pour sa part, Tahya Tounes a exprimé sa « forte désapprobation » des comportements choquants et dangereux de la Coalition Al Karama réitérant, par la même occasion, son soutien aux forces sécuritaires à l’aéroport Tunis-Carthage.
Il a ainsi appelé le parquet à intervenir pour imposer une discipline par voie légale et averti du danger d’une violence généralisée dans le pays.
Tahya Tounes a également mis l’accent sur la nécessité de l’union de toutes les forces civiles nationales, les autorités, l’opposition et la société civile pour arrêter la dangereuse montée de violence que traverse notre pays au milieu d’une crise socio-économique sans précédent
En l’absence d’une réaction officielle par son parti, le président du parti Machrou Tounes a préféré commenter le chaos survenu lundi dernier via un post publié sur sa page officielle.
En effet, étrangement, Machrou Tounes a publié le même jour un communiqué saluant le succès de la 3ème édition du forum économique tuniso-libyen.
Il paraît que Mohsen Marzouk ait voulu profiter de la couverture médiatique massive sur le scandale de Makhlouf pour se mettre sur le devant de la scène en solo.
Marzouk a condamné l’agression et le banditisme perpétrés par les députés d’Al Karama. Il a ainsi indiqué que l’immunité parlementaire est devenue un prétexte favorable à la violation de la loi ajoutant qu’il fallait arrêter Seif Eddine Makhlouf.
« Quant au chef du gouvernement, soit il prend les mesures nécessaires en tant que ministre de l’intérieur par intérim, soit il part immédiatement » a-t-il précisé.
C’est par cette construction de l’autorité dans le langage politique que nous constatons la volonté de Marzouk de mettre en place un éthos politique et se positionner comme stabilisateur politique!
De l’avis des analystes, le locuteur scripteur aurait tenté d’exploiter l’événement à son profit via une visée stratégique et ce pour une meilleure visibilité médiatique
Un jour après le scandale de l’aéroport, l’Alliance Nationale Tunisienne (connue aussi sous le nom de la Coalition Tunisienne Nationale) a dénoncé l’agression flagrante exercée par Seif Eddine Makhlouf et certains députés affiliés à la Coalition Al Karama contre les forces sécuritaires et les agents de la Douane à l’aéroport Tunis-Carthage.
D’après le communiqué du parti, l’Alliance a précisé que toutes les parties doivent assumer leurs responsabilités, peu importe leurs statuts.
Soutenant toute initiative nationale pouvant réviser la mesure S17, l’Alliance Nationale Tunisienne a appelé respectivement le président de la République, le chef du gouvernement ainsi que le ministère public à appliquer la loi.
A l’instar de Machrou Tounes, aucune position officielle n’a été constatée par le Mouvement Echaâb.
Le parti a préféré garder le silence et ne pas commenter l’incident. Un jour après, le secrétaire général du Mouvement Echaâb Zouhair Maghzaoui s’est exprimé sur les agissements de Makhlouf sur les ondes de la radio nationale.
Maghzaoui a condamné le banditisme des députés d’Al Karama qualifiant leurs actes d’une tentative malheureuse pour influencer l’opinion publique.
Le responsable a également appelé à un traitement « plus professionnel » avec la mesure S17 notant, dans la même optique, que cette procédure doit être revue pour éviter tout problème de ce type à l’avenir.
Maghzaoui a ajouté, dans la même optique, que l’entrée de certains terroristes et la sortie des milliers de jeunes pour rejoindre les groupes takfiristes à l’étranger confirme la nécessité de réviser le système sécuritaire pour protéger la Tunisie.
Pour sa part, le Mouvement Ennahdha n’a réagi que 72 heures après.
Au lendemain de la tenue de la réunion de son bureau exécutif, le Mouvement islamiste s’est exprimé dans un communiqué publié hier sur sa page officielle, du chaos survenu à l’aéroport appelant, dans le même contexte, les représentants parlementaires à exercer leur rôle dans le cadre des dispositions réglementaires sans bloquer le service public.
De l’autre côté, Ennahdha a appelé le gouvernement à réviser la mesure S17 ainsi que les autres mesures frontalières pour qu’elles soient conformes avec la Constitution.
Bien qu’ils soient marqués par une légère différence et ne soient pas datés du même jour, les communiqués mentionnés ont des piliers communicationnels et langagiers communs et ce notamment au niveau des pratiques discursives utilisées. Une lecture générale de ces communiqués nous permet de témoigner l’occurrence très fréquente des verbes « condamner » et « dénoncer » qui présupposent le refus et l’accusation des actes commentés.
Via une orchestration du désaccord, les partis ont usé abondamment d’attaques sévères contre les agissements scandaleux des représentants parlementaires affiliés à la Coalition Al Karama. Il convient de noter à ce niveau qu’il s’agit d’une orchestration politique de la polyphonie.
Laissez un commentaire