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Alger prend les devants : il scie l’une des dernières branches de l’aide française, Paris y perd beaucoup

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La députée européenne Sarah Knafo, sans doute enhardie par son compagnon Eric Zemmour, ne cesse de seriner – ils ne sont pas les seuls – les 842 millions d’euros que la France aurait versés à l’Algérie au titre de l’aide au développement. C’est faux, évidemment. La chose est attestée par des journalistes français et par le ministère de l’Économie. L’Etat algérien avait porté plainte contre l’eurodéputée d’extrême droite, mais comme la Justice française avait débouté Alger Mme Knafo a récidivé publiquement. Elle ne pourra plus en faire son fonds de commerce électoral, Alger vient de scier une des dernières branches qui le reliait à Paris…

Les autorités algériennes ont décidé de prohiber toute aide française aux écoles privées algériennes, rapporte TSA, qui tient ça de “sources informées“. D’après ces dernières les autorités ont demandé aux écoles privées de ne plus toucher les fonds français, même si soutien était très loin des montants complètement fantasmés avancés par la droite et l’extrême droite françaises. Elles insistaient pour que le gouvernement de François Bayrou sanctionne les rebuffades algériennes en gelant l’aide au développement, Alger a pris les devants.

Dans le cadre de l’essor de l’enseignement de la langue française, Paris octroie des aides à des établissements scolaires un peu partout dans le monde, les écoles privées algériennes en faisaient partie, c’est terminé. Début février dernier, l’ambassade de France à Alger avait fait savoir que dans l’enveloppe de l’aide publique au développement dévolue à l’Algérie (132 millions d’euros en 2022, rien à voir avec les 842 millions clamés), 121 millions d’euros étaient affectés aux ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur pour des bourses dédiées aux étudiants algériens en France…

Des étudiants dont beaucoup sont cooptés par la France pour garnir ses entreprises, ses hôpitaux, etc. Cette aide était peut-être plus désintéressée au départ, les choses ont changé au fil du temps. Personne ne peut nier le fait que les Français le font aussi pour satisfaire les besoins de leur marché en compétences et talents, notamment les ingénieurs. Même le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a eu sa part, 8,5 millions d’euros pour assurer les dépenses de fonctionnement des bourses scientifiques et des programmes du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France et de l’Institut français d’Algérie.

Jusqu’en octobre 2023, certaines écoles privées algériennes proposaient le programme français et préparaient leurs élèves pour les examens de fin de cycle, notamment le bac français, que les candidats algériens pouvaient passer via le CNED, organisme d’enseignement à distance. Ces dispositifs ont été supprimés depuis la rentrée 2023-2024 dans les écoles privées algériennes. Désormais c’est le programme national pour tout le monde, celui que le ministère de l’Éducation nationale a élaboré et qui est enseigné dans les établissements publics…

«Il s’agit de programmes étrangers enseignés dans des écoles algériennes. Est-il possible d’enseigner le programme algérien dans des écoles à l’étranger sans passer par des accords ? Non. Les écoles privées sont de droit algérien et doivent donc enseigner de manière exclusive le programme algérien comme le dit la loi», avait expliqué le ministre de la Communication de l’époque, Mohamed Lagab.

Avant ce tournant l’Algérie avait ajouté l’anglais dans le programme de l’enseignement primaire. Jusqu’ici seul le français était dispensé comme langue étrangère dans ce cycle. Mme Knafo, Marine Le Pen et compagnie parlent d’une Algérie qui a mué ces dernières années et les changements s’accélèrent. C’est un pays qui quotidiennement s’affranchit des tourments de son passé, après 130 ans de colonisation, pour forger son destin de pays non-aligné

 L’extrême droite française a plusieurs trains de retard, l’Algérie dont elle parle n’existe plus.

 

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