Sur le plan diplomatique et politique c’est le froid glacial entre la France et l’Algérie ; les bruits, surtout du côté français, sont tellement mauvais que le président algérien Abdelmadjid Tebboune ne parle plus de la visite qu’il devait effectuer à Paris en juin dernier. Pourtant les liens économiques entre la France et l’Algérie n’ont jamais été aussi solides, un étrange paradoxe que nous avions souligné ici-même en février 2023. Le dernier bulletin de la Douane française le confirme…
Ce document intitulé «Lettre économique d’Algérie» indique que les échanges commerciaux entre les deux pays ont enregistré un net bond en avant, +24,7%, au premier trimestre 2023 pour se hisser à 2,7 milliards d’euros. La direction générale du trésor français donne une précieuse indication : la montée des échanges commerciaux entre les deux pays est surtout due à la hausse des importations françaises de biens algériens.
Cette progression est de 26%, quelque 1,7 milliard d’euros. Les importations françaises d’hydrocarbures pèsent lourd dans les échanges. Elles ont évolué de 33% pour se situer à 1,4 milliard d’euros. Comme on pouvait s’y attendre depuis que les robinets russes sont fermés le gaz naturel algérien est le produit phare, avec +52,7%, soit 893 millions d’euros.
Les importations françaises de pétrole brut ont aussi fortement évolué, +25,9%, soit l’équivalent de 439 millions d’euros. Les produits issus du raffinage du pétrole algérien sont également dans la même dynamique, +14%, soit 239 millions d’euros.
De l’autre côté les importations algériennes font aussi un grand bond avant. Cette montée est de l’ordre de 23% en comparaison avec le premier trimestre 2022. Les importations affichent 995 millions d’euros. Les produits industriels français occupent le premier rang, avec 43% du total des exportations vers l’Algérie. C’est une progression de 37% par rapport au premier trimestre 2022.
Les ventes d’équipements mécaniques français n’évoluent pas dans les mêmes proportions mais enregistrent tout de même +9,7%, quelque 192 millions d’euros contre 175 millions au premier trimestre 2022. Les exportations françaises de matériel de transport se portent bien également, 186 millions d’euros au premier trimestre 2023, soit +9,9% en comparaison avec le premier trimestre 2022.
Donc clairement les indicateurs de la balance commerciale sont à l’avantage de l’Algérie. «La forte progression des importations françaises depuis l’Algérie par rapport aux exportations françaises, a, mécaniquement, pour conséquence la dégradation du solde commercial français. Ainsi, le déficit commercial se creuse et passe de 556 millions d’euros au premier trimestre 2022, à 718 millions d’euros au premier trimestre 2023», précise le document.
Mais nous ce qu’on retient surtout c’est que les gros dossiers que le président Emmanuel Macron était venu négocier à Alger en août 2022 sont tous sur de bons rails, en dépit des bisbilles politiques et diplomatiques. Quand la Première ministre française, Elisabeth Borne, s’est rendue en Algérie quelques semaines après elle affirmait que le gaz n’était pas le sujet majeur de ce déplacement, sous-entendant que pour Paris ce n’était pas une urgence vu son impressionnant parc nucléaire. Les données de la Douane disent le contraire…
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