On ne compte plus les déboires du Nigéria, au point que le géant africain (pays le plus peuplé du continent) a perdu sa place de 1e économie d’Afrique et 1er producteur de pétrole. Le pays de Bola Ahmed Tinubu paye cher des réformes poussives, une corruption endémique, une mauvaise gestion à tous les étages, etc. Un des problèmes chroniques est la pénurie interne de carburant, alors que le pays en produit des quantités astronomiques. La méga raffinerie de l’homme le plus riche du continent, le Nigérian Aliko Dangote, était censée régler tous les problèmes et même ceux d’autres pays africains. Pour ça le businessman a investi quelque 20 milliards de dollars. Les autorités nigérianes s’étaient engagées à lui fournir de grosses quantités de brut pour alimenter son site. Promesse non tenue pour l’instant. Dangote est obligé de l’acheter en Algérie.
Pendant que le Nigéria patine Alger monte en puissance, avec des capacités de production en nette hausse et une belle dynamique dans l’exploration pétro-gazière. En 2024 l’Algérie était au troisième rang des plus gros producteurs de pétrole en Afrique, avec 907.000 barils par jour, derrière la Libye (2ᵉ) avec 1,11 million de barils et le Nigéria (1ᵉʳ) avec 1,41 million de barils par jour, d’après l’agence spécialisée Attaqa. Mais voilà, aujourd’hui c’est vers l’Algérie que le numéro 1 se tourne.
En plus d’avoir de gros volumes à disposition les Algériens ont un pétrole de qualité très prisé à l’international. La raffinerie de Dangote, nichée près de Lagos, vient de passer commande d’une énorme quantité de pétrole algérien, dit un rapport du cabinet spécialisé Argus, repris hier lundi 3 mars par le site nigérian «21st century Chronicle». Et le Nigéria n’est pas le seul, Alger compte aussi parmi ses clients la 5e puissance économique mondiale, l’Inde, depuis que les importations en provenance de Russie ont chuté. Le Nigeria, même avec son 1,5 million de barils/jour (quota fixé par l’OPEP) ne s’en sort pas.
La raffinerie de Dangote, d’une capacité de raffinage de 650 000 barils/ jour, a opté pour le pétrole algérien, «un mélange saharien léger et doux», de «haute qualité», précise la même source. Le milliardaire nigérian a commandé 1 million de barils de pétrole algérien et la cargaison devrait être réceptionnée entre le 15 et le 20 mars. C’est avec cette marchandise que Dangote fera tourner son énorme machine pour atteindre la pleine capacité.
A noter que c’est la toute première fois que la raffinerie du Nigérian achète algérien, «un brut léger de haute qualité connu pour sa faible teneur en soufre et ses rendements de raffinage de qualité supérieure», dit le cabinet. Le même document souligne aussi la densité API (unité de mesure de la densité du pétrole) de 45,3 et une teneur en soufre d’à peine 0,1%. «Le brut Sahara Blend est très recherché et traditionnellement exporté vers l’Europe», cette fois il fera le bonheur du Nigéria et d’autres pays africains.
On peut aussi parler des tarifs du Sahara Blend, imbattables, rappelle Argus. Les prix du mélange saharien, livrable en mars prochain, ont baissé de 1 dollar le baril du fait du repli de la demande de certaines raffineries européennes, en cours de maintenance. Le rapport dit que le cycle commercial de chargement de mars 2025 pour le Sahara Blend «a mis du temps à démarrer en raison de la faible demande en Europe due à la maintenance saisonnière des raffineries et à l’abondance de l’offre de brut léger».
On a appris, avec la même source, que la cargaison de pétrole algérien a été acquise via la société de négoce Glencore la semaine dernière. Le prix n’a pas été indiqué, vu que les deux parties n’ont pas officialisé la transaction. «Aucun des pétroliers qui ont chargé en Algérie en février n’a signalé l’Afrique comme destination, ce qui suggère que cette cargaison sera chargée en mars», précise le même rapport.
A part l’Algérie la raffinerie Dangote planche sur des accords d’approvisionnement à long terme avec les USA et le Brésil. Le milliardaire nigérian a les moyens de ses ambitions…
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