L’Allemagne a mis en place une nouvelle loi sur la citoyenneté. Non seulement ce nouveau dispositif permet aux étrangers de s’épargner les souffrances des procédures pour obtenir la nationalité allemande mais en plus ils ne sont plus obligés de renoncer à leur nationalité d’origine. Bon, de ce point de vue les Allemands ont des trains de retard sur la France, sauf que cette dernière pourrait basculer dès le 7 juillet prochain – date du second tour des législatives – dans une régression sans précédent si l’extrême droite triomphe. Alors qu’en Allemagne la poussée de la formation xénophobe, l’AfD, a été contenue ; elle a fait une percée historique aux élections européennes mais reste la deuxième force politique du pays.
Ce vendredi 28 juin la nouvelle loi sur la citoyenneté installe ses quartiers en Allemagne. Il est question de réformer les règles pour obtenir un passeport allemand, mais la mesure la plus retentissante c’est la possibilité pour les ressortissants étrangers d’avoir la double nationalité. Jusqu’ici en Allemagne la double nationalité n’était permise que pour les ressortissants d’États membres de l’Union européenne et quelques pays triés sur le volet, une discrimination flagrante à laquelle Berlin a mis un terme.
Désormais tous les enfants qui ont vu le jour en Allemagne ont les mêmes droits, parents étrangers hors Union européenne ou pas tout le monde a droit à la nationalité allemande tout en gardant la nationalité de ses parents, dit la nouvelle loi. La seule condition est que l’un des parents réside légalement en Allemagne depuis plus de 5 ans – exit les 8 années sur le sol allemand – et soit détenteur d’un titre de séjour en règle.
L’Allemagne n’est pas le paradis pour les étrangers, les enquêtes internationales rapportent même des pratiques indignes de son rang, mais au moins la première puissance économique européenne progresse, évolue, se soigne, va dans le bon sens. Alors que la deuxième économie de la zone euro, la France, est en passe de s’embarquer vers l’inconnu, avec des reculs historiques sur les droits des binationaux, des étudiants étrangers, des travailleurs étrangers, etc.
La ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, citée par le site Schengen News, a déclaré ceci : «tous les étrangers vivant en Allemagne qui partagent les mêmes valeurs et remplissent toutes les conditions peuvent désormais obtenir la citoyenneté allemande plus rapidement». Par contre les étrangers pris dans les filets pour des attitudes antisémites, racistes ou autre comportement que la loi et la morale réprouvent ont du souci à se faire, les autorités sifflent la fin de la permissivité, désormais c’est tolérance zéro.
La nouvelle loi sur la citoyenneté réduit drastiquement la durée de résidence requise pour avoir droit à la naturalisation, désormais ce sera 5 ans au lieu de 8, mais à condition que le demandeur file droit et coche toutes les cases. Pour les étrangers qui ont épousé des citoyens allemands le délai d’attente pour déposer un dossier de naturalisation tombe à 4 ans…
Toutefois si le ressortissant étranger brille dans son parcours d’intégration, notamment à travers des exploits scolaires, professionnels, linguistiques ou dans le bénévolat, il peut demander la nationalité allemande au bout de 3 ans de résidence dans le pays. Mais attention, le postulant à la nationalité doit aussi se prendre en charge financièrement et s’exprimer très bien en allemand.
Bon, toutes ces largesses ne relèvent pas de la philanthropie, c’est avant tout une question de survie pour la nation allemande. Le pays est frappé par une pénurie de main-d’œuvre à un niveau alarmant, et la seule manière de l’enrayer est de desserrer le carcan autour des normes d’immigration. C’est à cette condition que l’Allemagne captera les flux de travailleurs étrangers qualifiés, lesquels du reste font l’objet d’une compétition mondiale…
L’an dernier quelque 200 100 étrangers ont reçu un passeport allemand, a dit l’Office fédéral de la statistique dans un rapport publié le 28 mai dernier. Ce chiffre est en hausse de 19% (+31 000 personnes) en comparaison avec 2022. C’est une vraie révolution culturelle pour les Allemands, dictée par leur déclin démographique et la tendance n’est pas près de s’inverser. Pour l’Italie, le Japon et la France aussi, sauf que la cheffe du gouvernement italien (extrême droite) s’est rendue à la raison et pactise ouvertement avec des pays étrangers pour gonfler le flux des travailleurs.
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