L’Allemagne fait face à une crise économique profonde et des tensions sociales grandissantes alors que les syndicats et les secteurs industriels demandent des actions décisives du gouvernement pour soutenir la croissance et la compétitivité. La pression s’intensifie, portée par les appels à une réforme économique globale et les grèves dans les secteurs des métaux et de l’électronique.
Des grèves pour des hausses de salaires
La situation sociale se tend avec les grèves menées par IG Metall, le plus grand syndicat d’Allemagne. Celui-ci revendique une hausse salariale de 7 % pour près de 3,9 millions de travailleurs dans les industries métallurgique et électronique, avec un contrat d’une durée d’un an. En réponse, les employeurs ont proposé une augmentation de seulement 1,7 %, applicable dès juillet 2025 et sur une période de 27 mois, ce qui alimente la confrontation.
Ce lundi 4 novembre 2024, des grèves ont touché des sites industriels majeurs, notamment l’usine Linde à Aschaffenburg et MAN à Augsbourg, tandis que des manifestations ont également eu lieu dans des entreprises de Saxe comme Koenig & Bauer et OMR Drives.
Cette mobilisation croissante met sous pression le secteur industriel et risque de nuire davantage à l’économie allemande déjà fragilisée.
L’industrie appelle à des réformes économiques
Parallèlement aux mouvements sociaux, la Fédération de l’industrie allemande (BDI) intensifie son plaidoyer pour des réformes structurelles afin de contrer le ralentissement économique. Tanja Gönner, directrice générale de la BDI, a appelé à un changement de cap économique urgent en déclarant : « Le moment est venu de réorienter les politiques économiques en faveur de l’industrie en Allemagne ». Ce message fait écho à la demande d’un soutien ciblé pour pallier la crise actuelle.
Au sein du gouvernement, les débats sur la politique économique s’intensifient. Le ministre des Finances, Christian Lindner, a proposé une révision radicale des politiques pour répondre aux besoins du secteur. En réaction, le Parti démocrate libre, dont il est membre, a demandé une réunion de haut niveau avec les fédérations économiques pour discuter des stratégies de croissance et de compétitivité.
Un besoin de solutions pour la compétitivité et l’énergie
Le secteur industriel insiste également sur la nécessité d’une feuille de route énergétique stable. Tanja Gönner recommande un allègement des coûts énergétiques et une refonte du marché de l’électricité pour garantir la sécurité d’approvisionnement. Des propositions, telles que le cofinancement des réseaux d’énergie et la création d’un marché de l’électricité plus adapté aux besoins industriels, sont au cœur des discussions.
Une vision à long terme pour éviter la désindustrialisation
Les acteurs industriels allemands appellent le gouvernement à mettre en place une stratégie de développement à long terme, allant au-delà des cycles politiques et des échéances électorales. Cette vision implique une réduction de la bureaucratie, une refonte du système fiscal pour encourager l’investissement, et des réformes des infrastructures. Gönner souligne également l’importance d’accélérer les procédures d’approbation pour les projets industriels, ce qui pourrait contribuer à attirer des investissements et à maintenir la compétitivité.
Un climat d’investissement en déclin
Les préoccupations du secteur industriel sont renforcées par une étude récente de la Chambre de commerce et d’industrie allemande, qui révèle que 33 % des entreprises industrielles et 40 % des autres entreprises envisagent de réduire leurs investissements en Allemagne.
La situation économique se détériore pour de nombreuses entreprises, avec seulement 19 % des entreprises industrielles décrivant leur situation actuelle comme « bonne », tandis que 35 % considèrent leur situation comme « mauvaise ».
Un défi pour le gouvernement de Scholz
Ces mouvements sociaux et demandes de réformes placent le gouvernement d’Olaf Scholz dans une position délicate. Avec une industrie en quête de solutions et des travailleurs en grève, l’Allemagne se trouve à un tournant décisif.
Les décisions que prendra le gouvernement dans les prochains mois seront cruciales pour stabiliser l’économie et répondre aux attentes des acteurs industriels et des syndicats.
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