Les décisions économiques et diplomatiques du président américain Donald Trump continuent de provoquer des remous à l’international.
En Allemagne, les appels à boycotter les produits américains se multiplient, portés par une partie croissante des consommateurs en réaction à la politique commerciale agressive des États-Unis vis-à-vis de leurs partenaires, notamment européens.
Des campagnes citoyennes se développent sur les réseaux sociaux et les forums, appelant à privilégier des marques européennes. Sur les étals de plusieurs enseignes, des militants ont symboliquement retourné les produits américains pour exprimer leur rejet. Dans le viseur : Nike remplacé par Adidas, Amazon concurrencé par Zalando, Tesla supplanté par Volkswagen.
Une dynamique européenne alimentée par les réseaux
L’initiative ne se limite plus aux cercles militants isolés. Des forums comme BuyFromEU, qui rassemble plus de 189 000 membres, et le site GoEuropean.org participent activement à la diffusion de cette campagne de consommation patriotique européenne. Objectif : soutenir l’économie locale sans nuire à l’emploi, notamment dans les cas où des entreprises américaines produisent en Europe, comme c’est le cas de Gillette en Allemagne.
Le mouvement fait écho à des initiatives similaires observées au Canada, au Danemark, en France et en Suède, où des consommateurs ont déjà engagé des actions de boycott en réponse aux mesures tarifaires de Trump, notamment sa proposition d’annexer symboliquement le Canada comme « 51e État » et son insistance à acheter le Groenland.
Une rupture consommée malgré les avertissements officiels
Le gouvernement allemand, par la voix de son porte-parole Steffen Hebestreit, a rejeté les appels à la rupture commerciale, insistant sur la nécessité de préserver une coopération économique étroite avec Washington. « Une nation exportatrice comme l’Allemagne n’a pas intérêt à créer davantage de barrières », a-t-il déclaré.
Du côté des milieux économiques, Dirk Jandura, président du syndicat du commerce de gros et des services à l’international, s’est également opposé à toute politique de représailles. Pour lui, le dialogue économique doit primer sur la logique de confrontation commerciale.
Les États-Unis, toujours premier partenaire de Berlin
Malgré la grogne populaire, les États-Unis sont devenus en 2024 le premier partenaire commercial de l’Allemagne, dépassant la Chine pour la première fois depuis 2015.
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Le volume des échanges a atteint 252,8 milliards d’euros (soit 273 milliards de dollars).
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Les exportations allemandes vers les États-Unis ont représenté 161 milliards d’euros (173,9 milliards de dollars).
Ces chiffres illustrent la complexité de toute tentative de découplage, dans un contexte de chaînes de valeur mondiales interconnectées.
Une réaction politique des consommateurs
Les politiques commerciales de Trump seraient à l’origine de ce rejet croissant des produits américains. En effet, la mondialisation de la production rend ces boycotts ambigus, car ils peuvent affecter aussi l’économie européenne via les chaînes d’approvisionnement .
Du côté des consommateurs engagés, le ton est plus direct. « Je ne suis pas contre les marques américaines, mais je ne veux pas cautionner la politique de Trump avec mes achats », déclare un activiste allemand. « L’Europe a ses propres marques de qualité, il est temps de les soutenir. »
Un sondage réalisé par l’institut YouGov révèle que plus de 50 % des Allemands n’achèteraient plus de produits américains en cas de conflit commercial. 48 % des sondés justifient cette intention de boycott par des motivations politiques assumées.
Ainsi, entre réaction politique, volonté de souveraineté économique et tensions géopolitiques, la consommation devient un acte citoyen en Allemagne.
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