Allemagne – Une deuxième année consécutive de récession : entre défis structurels et incertitudes politiques

L’Allemagne, première puissance économique d’Europe, s’apprête à enregistrer une deuxième année consécutive de récession. Selon une enquête menée par Bloomberg, le produit intérieur brut (PIB) allemand devrait reculer de 0,1 % en 2024, après une contraction de 0,3 % en 2023. Une prévision qui contraste avec les attentes initiales de stabilisation.

Pour l’année prochaine, les analystes ont revu à la baisse leurs projections, tablant sur une croissance de seulement 0,7 %, contre 0,8 % attendu auparavant. À moyen terme, le PIB allemand devrait progresser de 1,3 % en 2026, un chiffre modeste pour une économie de cette envergure.

Des éclaircies limitées dans un ciel économique sombre
Malgré les signaux négatifs, l’Allemagne a évité de justesse une récession technique grâce à une croissance inattendue de 0,2 % au troisième trimestre 2024, après un recul de 0,3 % au trimestre précédent.

Cependant, cette amélioration ponctuelle ne masque pas les défis structurels auxquels le pays fait face.

Les causes d’un déclin économique prolongé
Plusieurs facteurs pèsent sur l’économie allemande :

• Crise énergétique : La rupture des approvisionnements en gaz russe continue de perturber l’industrie, particulièrement les secteurs gourmands en énergie.
• Faible demande mondiale : Le ralentissement économique en Chine, un partenaire commercial clé, réduit les exportations allemandes.
• Secteur automobile fragilisé : Ce pilier de l’économie allemande est confronté à des défis liés à la transition écologique et à la concurrence internationale.
• Manque de main-d’œuvre qualifiée : Les pénuries de travailleurs compétents ralentissent la reprise dans plusieurs industries.

Une incertitude politique aggravée par des tensions internationales
La situation politique internationale ajoute une couche de complexité. La réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a ravivé les inquiétudes quant à de potentielles hausses des droits de douane sur les importations européennes. Joachim Nagel, président de la Bundesbank, a averti que ces mesures pourraient coûter jusqu’à 1 % du PIB allemand.

Sur le plan interne, l’effondrement de la coalition gouvernementale exacerbe les incertitudes et freine l’adoption de réformes nécessaires pour relancer la croissance.

Un écosystème entrepreneurial en difficulté
Les derniers chiffres montrent un recul de l’entrepreneuriat en Allemagne. Selon le bureau fédéral des statistiques, seulement 456 000 nouvelles entreprises ont été créées entre janvier et septembre 2024, soit une baisse de 0,9 % par rapport à l’année précédente.

Par ailleurs, les petites entreprises subissent une chute encore plus marquée, avec une diminution de 25,4 % des créations. Les conditions économiques moroses, combinées à des taux d’intérêt élevés, dissuadent de nouveaux entrants sur le marché.

Le nombre d’entreprises en faillite ne cesse d’augmenter. En octobre 2024, 1 530 faillites ont été enregistrées, soit le chiffre le plus élevé pour ce mois depuis 20 ans, selon l’Institut Leibniz.

Des perspectives de croissance revues à la baisse
Le Conseil des « Sages de l’économie » en Allemagne, organe consultatif composé de cinq experts, prévoit une contraction de 0,1 % du PIB en 2024 et une croissance limitée à 0,4 % en 2025.

Les politiques commerciales protectionnistes de Donald Trump pourraient encore aggraver cette situation, avec des répercussions sur l’ensemble de l’économie mondiale.