Economie

Analyse de la hausse récente de la circulation fiduciaire en Tunisie

Analyse de la hausse récente de la circulation fiduciaire en Tunisie

Selon les données quotidiennes de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), le montant des billets et monnaies en circulation (BMC) a dépassé, pour la première fois, la barre des 22 milliards de dinars le 21 juin 2024.

Cette hausse représente une augmentation de 2,7 milliards de dinars par rapport à la même période de l’année précédente.

Facteurs conjoncturels et structurels

L’accélération récente de la circulation fiduciaire peut s’expliquer en partie par des facteurs saisonniers. Les célébrations du Ramadan, de l’Aïd al-Fitr et de l’Aïd al-Idha sont traditionnellement associées à une demande accrue de liquidités. Ces périodes festives stimulent les dépenses des ménages et intensifient les transactions commerciales, tant dans le secteur formel qu’informel de l’économie.

Cependant, la tendance à la hausse des BMC s’inscrit dans une dynamique plus large observée depuis le deuxième semestre de 2023, où le seuil des 20 milliards de dinars avait déjà été franchi. Cette évolution suggère des changements structurés dans les habitudes de paiement et potentiellement dans la structure même de l’économie tunisienne dus à l’expansion de l’informalité.

Implications macroéconomiques

L’augmentation rapide de la circulation fiduciaire soulève plusieurs préoccupations macroéconomiques. Un excès de liquidités dans l’économie peut alimenter les pressions inflationnistes. En stimulant la demande au-delà des capacités de production de l’économie, cette surabondance de monnaie risque d’entraîner une hausse généralisée des prix, érodant ainsi le pouvoir d’achat des ménages tunisiens.

Par ailleurs, cette situation a eu un impact sur les taux d’intérêt. Pour contenir les risques inflationnistes, la BCT pourrait être contrainte de maintenir le Taux du Marché Monétaire (TMM) à un niveau élevé, actuellement à 8%, pour les prochains mois. Cette politique de taux élevés pèse sur les coûts d’emprunt pour les ménages et les entreprises, freinant effectivement l’investissement et la consommation.

De plus, un excès de liquidités peut créer des déséquilibres dans l’allocation des ressources, alimentant notamment des bulles spéculatives sur certains actifs, notamment dans le secteur immobilier.

Défis pour la politique monétaire

Face à cette situation, la Banque Centrale de Tunisie se trouve confrontée à un défi de taille. Elle doit naviguer entre la nécessité de contenir les pressions inflationnistes et celle de soutenir la croissance économique. La décision du 21 juin de maintenir le TMM à 8% témoigne de cette approche prudente.

Plusieurs outils de politique monétaire pourraient être envisagés pour gérer cette situation, notamment une révision des réserves obligatoires imposées aux banques pour contrôler leur capacité de création monétaire et des mesures incitatives qui visent à favoriser les paiements électroniques et à réduire la dépendance à l’égard du cash.

L’augmentation significative de la circulation fiduciaire en Tunisie représente un défi complexe pour les autorités monétaires. Elle reflète à la fois les dynamiques saisonnières et les tendances structurelles les plus profondes de l’économie tunisienne. Une gestion prudente et équilibrée de la politique monétaire sera cruciale dans les mois à venir pour maintenir la stabilité des prix tout en soutenant la reprise économique.

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