La situation économique en Europe suscite de plus en plus de préoccupations, et la récession est devenue un sujet de discussion majeur. Depuis l’apparition de signes d’inflation, l’économie européenne est confrontée au spectre de la récession.
Les débats entre économistes, banquiers, gouvernements, chefs d’entreprise et investisseurs ont été animés, cherchant à savoir si une récession frapperait réellement l’Europe et quand cela se produirait. Cependant, selon le dernier rapport d’Eurostat, l’organe statistique de l’Union européenne, publié le 8 juin 2023, la récession est déjà là, contredisant ainsi un rapport précédent qui était plus optimiste.
Récession, le débat
Pour comprendre la situation actuelle de l’économie européenne en 2023, il est essentiel de définir ce qu’est une récession. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), il s’agit d’une période de recul temporaire de l’activité économique d’un pays, caractérisée par une diminution du produit intérieur brut (PIB) pendant au moins deux trimestres consécutifs.
Néanmoins, il est important de ne pas confondre récession et décroissance. La décroissance remet en question le modèle économique basé sur une croissance infinie et appelle à plus de durabilité et d’équilibre, ce qui peut entraîner une récession, mais pas nécessairement.
Dans son rapport d’avril 2022, Eurostat signalait une croissance de 0,1% dans la zone euro au premier trimestre 2023 et une croissance de 0,3% pour l’ensemble de l’Europe, avec une augmentation de 1,3% du PIB européen par rapport au premier trimestre 2022. Toutefois, ces résultats provisoires ont été corrigés récemment. En réalité, le PIB de l’Union européenne a augmenté de 0,1%, mais celui de la zone euro a reculé de 0,1%. Cela signifie que la zone euro connaît deux trimestres consécutifs de contraction du PIB, ce qui confirme officiellement l’entrée en récession.
Scénarios optimistes
Cependant, certains observateurs remettent en question les discours pessimistes et les alertes lancées. Selon eux, déclarer une récession pour tout un continent en se basant uniquement sur la croissance du PIB est exagéré. Les économistes estiment qu’une récession ne se manifeste pas seulement par la courbe de croissance du PIB, mais également par d’autres indicateurs.
Le premier critère est la croissance du PIB, où la valeur totale des biens et services produits dans un pays doit connaître une baisse soutenue pendant au moins deux trimestres consécutifs. Le deuxième critère est la baisse de la production industrielle, qui reflète généralement une diminution de la demande des consommateurs et des investissements des entreprises.
Le troisième critère est la réduction des revenus des ménages et la baisse de la consommation qui en découle. Enfin, le quatrième critère est la santé du marché de l’emploi, avec des taux de chômage élevés et des opportunités d’emploi limitées en période de récession.
En ce qui concerne le premier critère, le PIB de l’Union européenne était de 15 815 milliards d’euros en 2022, soit une croissance de 12,8 % par rapport à 2019 avant la crise sanitaire. Cependant, la croissance a ralenti et est devenue négative dans la zone euro au dernier trimestre de 2022 et au premier trimestre de 2023. Malgré ces reculs, les prévisions de croissance de la Banque centrale européenne restent modestes, avec une croissance prévue de 0,8 % dans la zone euro et de 0,9 % dans l’Union européenne.
Certains pays, tels que la Grèce, la Pologne, le Luxembourg, la Croatie et le Portugal, ont enregistré une croissance plus forte, tandis que d’autres, comme l’Irlande et la Lituanie, ont connu une contraction économique. L’Allemagne, qui était autrefois le moteur de l’économie européenne, doit revoir son modèle économique en raison de sa dépendance excessive au gaz russe. Bien que certains indicateurs économiques suggèrent une récession en Allemagne, il subsiste un débat quant à savoir s’il s’agit réellement d’une récession technique.
Le critère numéro 2 pour évaluer la situation économique de l’Union européenne est la baisse de la production industrielle. L’industrie européenne a été fortement impactée par la pandémie, la guerre en Ukraine, la crise énergétique et l’inflation, ce qui a réduit ses marges. Entre décembre 2021 et décembre 2022, le prix moyen de l’énergie a augmenté de plus de 48,6%.
Les prix dans l’industrie ont également augmenté de manière significative, avec une hausse moyenne de 24,6% dans la zone euro et de plus de 25,2% dans l’Union européenne. Cela a entraîné des augmentations de prix de 15,6% pour les biens de consommation, 13,8% pour les biens intermédiaires et 7,7% pour les biens durables.
Les industries se concentrent principalement dans le Nord de l’Europe et dans l’Est, où la production manufacturière représente une part importante du PIB. Cependant, même dans ces régions, l’industrie a du mal à se remettre des conséquences de la pandémie. Dans d’autres pays européens, la situation n’est pas meilleure, avec un tissu industriel devenu fragile. La part de l’industrie dans l’activité économique européenne est passée de 18% en 2000 à seulement 15%, largement dominée par les services. Certains secteurs, tels que la papeterie, les métaux et la chimie, ont enregistré des reculs importants, respectivement de 6%, 7% et 14%.
La construction a également reculé en moyenne de 2,4% dans la zone euro, avec des disparités entre les pays membres. Par exemple, la Slovaquie a enregistré une baisse de 10,3%, tandis que la Slovénie a affiché une progression de plus de 28%. Dans le secteur automobile, qui compte de grandes entreprises telles que Volkswagen, Daimler, Stellantis et BMW, les perspectives ne sont pas favorables pour le premier trimestre de 2023.
Les incertitudes réglementaires concernant les moteurs diesel, les pénuries de composants et l’explosion des prix de l’énergie ont affecté le marché. Bien que les immatriculations de voitures neuves aient augmenté de 17,5% au début de l’année par rapport au deuxième trimestre de 2022, les chiffres restent loin de ceux de 2018, et la concurrence internationale, notamment des États-Unis et de la Chine, menace les constructeurs européens.
A suivre.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires