La situation économique en Europe suscite de plus en plus de préoccupations, et la récession est devenue un sujet de discussion majeur.
Les débats entre économistes, banquiers, gouvernements, chefs d’entreprise et investisseurs ont été animés, cherchant à savoir si une récession frapperait réellement l’Europe et quand cela se produirait.
Critères d’évaluation
Les économistes estiment qu’une récession ne se manifeste pas seulement par la courbe de croissance du PIB, mais également par d’autres indicateurs.
Le premier critère est la croissance du PIB sachant qu’au niveau de l’Union européenne il était de 15 815 milliards d’euros en 2022, soit une croissance de 12,8% par rapport à 2019 avant la crise sanitaire. Cependant, la croissance a ralenti et est devenue négative dans la zone euro au dernier trimestre de 2022 et au premier trimestre de 2023.
Le critère numéro 2 pour évaluer la situation économique de l’Union européenne est la baisse de la production industrielle. L’industrie européenne a été fortement impactée par la pandémie, la guerre en Ukraine, la crise énergétique et l’inflation, ce qui a réduit ses marges. Entre décembre 2021 et décembre 2022, le prix moyen de l’énergie a augmenté de plus de 48,6%.
Le critère numéro 3 est la réduction des revenus des ménages et la baisse de la consommation. En période de récession, les revenus des ménages ont tendance à diminuer, ce qui entraîne une baisse de la consommation, contribuant ainsi à la diminution de la production et des revenus. La consommation a reculé en début d’année, avec des baisses de 0,3% dans la zone euro et dans l’Union européenne, après des baisses de 1% et 0,9% respectivement au dernier trimestre de 2022.
Dernier critère, le numéro 4 : la chute de l’emploi. Est-ce que la chute tant attendue se produit ? 2022 a été marqué par un taux de chômage historiquement bas. Et en ce début d’année, l’emploi progresse encore plus de 1,6% sur les 12 derniers mois, et comparé aux chiffres de 2019, Eurostat compte plus de 6 millions de travailleurs européens en plus qu’avant la crise.
Comment l’union européenne, peut-elle être déclarée en récession alors que le chômage n’a jamais été aussi bas ?
L’Union européenne est toujours la troisième puissance économique mondiale, mais la croissance a commencé à ralentir dès l’hiver dernier et stagne dangereusement depuis. Pour le moment, le recul n’est pas très important, et l’économie devrait s’en remettre. Elle a déjà prouvé sa résilience après les divers chocs qu’elle vient d’encaisser. Voilà pourquoi il ne suffit pas de déclarer une récession. Cependant, la production industrielle, particulièrement dans la construction, l’automobile ou la chimie, décline. La consommation, les revenus des ménages, les investissements des entreprises suivent un mouvement similaire. Même le marché de l’immobilier se retourne.
En ce qui concerne la santé de l’emploi, il y a deux courants d’explication. D’abord, les analystes les plus optimistes saluent une telle performance et expliquent le phénomène par le soutien du secteur tertiaire, moins impacté par l’actualité que l’industrie, et par la hausse des investissements étrangers extra-européens, créant de l’emploi malgré la crise. On estime aussi que de nombreux employeurs européens ont bénéficié des mesures de soutien et ont évité une crise.
Et la Tunisie ?
L’impact d’une éventuelle récession dans l’Union européenne sur la Tunisie dépendra de l’évolution économique de la région. Si les scénarios de récession se concrétisent, la Tunisie pourrait faire face à des défis économiques majeurs. Les exportations tunisiennes vers l’UE pourraient diminuer, entraînant une réduction des revenus et des emplois dans des secteurs clés tels que l’industrie manufacturière et l’agroalimentaire.
De plus, les investissements étrangers directs en Tunisie pourraient diminuer, ce qui affecterait le développement économique et la création d’emplois. Le secteur du tourisme tunisien serait également touché, avec une baisse du nombre de touristes européens visitant le pays et des recettes touristiques en baisse.
D’un autre côté, si les scénarios de récession ne se matérialisent pas et que l’Union européenne connaît une croissance économique solide, cela aurait des effets positifs pour la Tunisie. Les exportations tunisiennes vers l’UE pourraient augmenter, stimulant la croissance économique du pays.
Les investissements étrangers directs pourraient également se renforcer, créant des emplois et soutenant le développement économique. Le secteur du tourisme bénéficierait également d’une demande accrue de touristes européens, ce qui soutiendrait les recettes touristiques et l’emploi.
Il est donc crucial pour la Tunisie de surveiller de près l’évolution économique de l’UE et d’adopter des politiques économiques flexibles pour faire face à différents scénarios. La diversification de l’économie tunisienne, la promotion de la résilience et la recherche de nouveaux partenaires commerciaux au-delà de l’UE peuvent également contribuer à atténuer les risques potentiels et à saisir les opportunités de croissance économique, quel que soit le contexte régional.
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