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Après le Sahara occidental le Rif “marocain” : l’Algérie signe une première, avec l’appui de l’Afrique du Sud…

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Le dossier du Sahara occidental fait partie des lourds contentieux entre le Maroc et l’Algérie, cette dernière soutenant les indépendantistes sahraouis ; l’affaire est tellement explosive qu’il a fait voler en éclats le frêle rapprochement diplomatique entre Paris et Alger suite à la décision du président français de trancher en faveur de la souveraineté marocaine totale sur le Sahara occidental. Le litige remonte à 1975, date à laquelle l’Espagne a quitté ce territoire pour céder la place au Maroc. Un autre gros dossier pourrait générer des éruptions tout aussi dévastatrices : le Rif marocain…

Justement un mouvement exige l’indépendance de cette région. Tout comme le Front Polisario pour le Sahara occidental le Parti national rifain (PNR) soutient que l’administration de cette région par les autorités marocaines est illégale. Comme pour le Sahara les partenaires étrangers du Maroc et de l’Algérie devront se ranger d’un côté ou de l’autre… du Rif. Alger a dégainé le premier en abritant le 23 novembre 2024 «La journée du Rif».

Et il y avait du beau monde dans la capitale algérienne pour assister à la «première manifestation en dehors de l’Europe» : un ministre délégué du gouvernement sud-africain et des émissaires du Mozambique et du Front Polisario. La «journée du Rif» était initiée par le PNR, un mouvement qui a vu le jour en 2023 et qui milite pour la reconnaissance de la République du Rif.

Un des membres de la formation, Youva El Ghedioui, a insisté pour que les bons mots soient posés sur l’agitation dans cette région du Nord du Maroc. «Il ne s’agit pas d’un mouvement séparatiste parce que, historiquement, le Rif n’a jamais fait partie du Maroc. Notre objectif est de restaurer la République du Rif, la première qu’a connu le continent africain», a-t-il asséné. C’est cela qui explique, selon lui, la thématique de cette journée : la République du Rif et le recouvrement de l’indépendance.

Les fondateurs du mouvement veulent mettre en relief «la légitimité historique et juridique» des exigences des Rifains pour remettre la main sur ce qui leur a été arraché, a ajouté El Ghedioui, cité par TSA (Tout sur l’Algérie). «Les enfants du Rif ne sont pas des séparatistes, car le Rif n’a jamais fait partie de cette entité organique appelée le Maroc, une entité étrangère implantée dans le corps de l’Afrique pour servir les intérêts des puissances coloniales», a martelé le membre du PNR…

Il rappelle à qui veut l’entendre que les accords qui installèrent le protectorat français en 1912 avaient aussi officialisé la cession par les Alaouites du sultanat de Marrakech en échange de leur maintien au pouvoir. Par ailleurs il soutient que la République du Rif est le premier Etat d’Afrique du Nord à avoir acté son indépendance, en 1921, sous la houlette de Abdelkrim El Khettabi. La République a tenu 5 ans, jusqu’en 1926, date à laquelle El Khettabi a été terrassé par les unités françaises et espagnoles, épaulées par la famille alaouite, encore au pouvoir au Maroc un siècle après.

Abderrahmane Soualah, du parti algérien de l’Union des forces démocratiques et sociales (UFDS), rappelle que la bataille d’Al Anoual, en 1921, demeure le revers le plus cinglant infligé par les Rifains à une armée coloniale, avec 24 000 militaires espagnols tués dans le même élan.

«La République du Rif était un symbole de dignité et avait la pleine souveraineté sur son territoire. Mais ce rêve n’a pas duré longtemps parce que la République a été la cible de complots internationaux et de l’alliance de forces colonialistes internes et étrangères», a déploré Youva El Ghedioui. 

Ce dernier a exprimé à l’Algérie sa gratitude pour l’accueil de cet événement qui fera date ; il a ajouté qu’il est tout à fait logique que «la Mecque des révolutionnaires», qui a été la première à reconnaître la République sahraouie, soit également la première à reconnaître la légitimité du combat des Rifains.

Le militant a confié qu’il n’a pas mis les pieds dans le Rif depuis 10 ans. «Si j’y vais, ce serait mon dernier voyage», a-t-il dit, en déclarant qu’une pléthore de défenseurs de la cause rifaine dorment dans les prisons du royaume. Il a affirmé que «le combat pacifique continue pour libérer le Rif». El Ghedioui demande à tous les Africains de considérer «le Sahara occidental et le Rif comme les deux dernières colonies d’Afrique (…). La question du Rif est une partie du combat de l’Afrique contre le colonialisme», a-t-il lâché.

Le ministre délégué de l’Afrique du Sud et le représentant du Mozambique ont abondé dans le même sens, tout en rappelant un message fort qui fut directement adressé au roi du Maroc : «Le meilleur pays africain est celui qui ne colonise pas les autres pays africains»…

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