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Attention danger en mer Rouge : Pour punir l’Occident le Soudan autorise une base navale russe

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C’est comme ça en Afrique : Quand on se détourne de l’Occident c’est pour tomber dans les bras de la Russie, un camp contre un autre, une dépendance qui en remplace une autre sans que cela change fondamentalement le destin des Africains. Les pays du Sahel (Mali, Niger et Burkina Faso) ont sauté à pieds joints dans ce doux rêve, jusqu’à la preuve du contraire ça n’a pas fait le bonheur des populations, bien au contraire. Le Soudan va s’embarquer sur la même voie, même si Khartoum n’aura pas à virer des troupes françaises ou américaines stationnées sur son sol. Les autorités soudanaises sont à deux doigts de sceller un pacte militaire avec Moscou pour installer une base navale en Mer rouge. L’annonce a été faite le 25 mai dernier par le lieutenant-général Yassir al-Atta, membre du Conseil souverain de transition piloté par l’armée soudanaise.

Alors pourquoi cette accélération vers la Russie ? En fait le Soudan veut punir les pays occidentaux, qu’il accuse de n’avoir rien fait pour stopper les flux d’armes qui vont vers les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), lesquels affrontent l’armée régulière depuis avril 2023. Cette guerre civile fait des milliers de victimes, dans l’indifférence générale, la communauté internationale étant happée par les conflits en Ukraine et au Proche-Orient.

«La Russie a proposé une coopération militaire par le biais d’un centre de soutien logistique naval et non d’une base militaire complète, en échange de livraisons urgentes d’armes et de munitions», a déclaré le lieutenant-général Yassir al-Atta dans un entretien avec la télévision saoudienne Alhadath TV. «Nous avons accepté cette proposition, mais avons suggéré d’étendre la coopération à des aspects économiques tels que des entreprises agricoles, des partenariats miniers et le développement de ports. La Russie a accepté ce champ d’application élargi», a-t-il ajouté.

Le Commandant en chef adjoint de l’armée soudanaise a déclaré par ailleurs qu’une délégation militaire soudanaise ira prochainement à Moscou, suivra une délégation ministérielle conduite par le vice-président du Conseil souverain, Malik Agar. C’est lui qui réglera les derniers détails avant de signer une kyrielle d’accords militaires et économiques, parmi lesquels le centre de soutien logistique naval russe en mer Rouge.

«Il n’y a rien de mal à cela. Il n’est pas honteux d’accorder une base militaire à un pays avec lequel nous avons établi des partenariats économiques», a argué la même source, qui souligne que le Soudan est «ouvert à des accords similaires avec d’autres pays, notamment les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et l’Egypte».

«Aujourd’hui, le pouvoir réside dans l’influence financière, tandis que les valeurs et l’éthique sont devenues des marchandises. Nous devons faire preuve d’audace pour atteindre nos objectifs militaires et économiques dans l’intérêt de notre pays et de notre peuple», a martelé le numéro deux de l’armée soudanaise.

Rappelons que le projet de base navale russe au Soudan date de 2017. Le président russe, Vladimir Poutine et son homologue soudanais, Omar el-Béchir, avaient paraphé un accord qui donnait à Moscou un bail de 25 ans pour établir une base navale à Port-Soudan, le plus important du pays. Cette installation devait abriter jusqu’à 300 hommes et 4 navires de guerre. Mais le projet a été gelé après la chute d’El-Béchir en 2019, destitué par l’armée…

Place à une période de transition démocratique durant laquelle Khartoum a bifurqué vers l’Occident, les USA lui ont accordé un appui économique très conséquent. Le coup d’Etat orchestré par le général Abdel Fattah Al-Burhan en octobre 2021 a fait voler en éclats ce partenariat. Khartoum a repris la route de Moscou.

En 2023 un nouveau pacte a été scellé entre les deux pays, lors d’un déplacement du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à Khartoum. Il était question d’installer une base navale à Port-Soudan. Deux mois après la guerre civile a éclaté, sur fond de rivalité entre les deux généraux à la tête du pays. Le projet de base navale est tombé à l’eau, Al-Burhan vient de le remettre sur la table…

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