Le manque de pluie et le spectre de la sécheresse menacent le plan du ministère de l’Agriculture d’étendre la culture des céréales pour la saison en cours, alors que le pays enregistre une baisse significative des précipitations, dépassant 60% des taux enregistrés pour la même période des années précédentes.
Au cours du mois en cours, la Tunisie a enregistré des températures élevées, tandis que les pluies se font rares pendant des semaines coïncidant avec la saison des semis des céréales. Les agriculteurs et les autorités craignent une mauvaise saison céréalière, compte tenu du déficit alimentaire croissant du pays, qui avoisine les 3 milliards de dinars, en raison de la hausse des importations de blé.
Risque de faible récolte
Les données officielles du ministère de l’Agriculture révèlent que le stock d’eau dans les barrages est d’environ 32%, contre plus de 50 % au cours de la même période l’année dernière. Les agriculteurs expriment de réelles craintes d’une saison qui érodera les efforts d’environ un demi-million d’agriculteurs qui luttent pour assurer la subsistance des Tunisiens.
En revanche, des observateurs critiquent l’approche des autorités qui ont adopté des solutions faciles, notamment la réduction des superficies irriguées et l’augmentation des prix de l’eau allouée à l’irrigation et son rationnement. Des « solutions » qui vont à contrecourant et qui remettent en cause tous les efforts d’amélioration du rendement de la filière céréalière, en plus de l’exclusion des petits agriculteurs du cycle de production.
Notons que la valeur des importations alimentaires a augmenté de 37,5%, à plus de 8 milliards de dinars, représentant 10,7% des importations totales, tandis que la valeur des importations de céréales s’est élevée à 4,1 milliards de dinars, enregistrant une augmentation de 34,3% par rapport à novembre. Au total, la part des importations de céréales représentait 51,1 pour cent des importations alimentaires totales.
Autosuffisance alimentaire : un vœu pieux
Le ministère de l’Agriculture indique qu’il envisage d’atteindre l’autosuffisance en blé dur, à partir de 2023, en produisant 12 millions de tonnes, et ce, à travers la stimulation de la production, l’augmentation de la rentabilité de la filière et l’accroissement des prix des céréales lors de l’achat auprès des producteurs locaux…
Cependant, les récoltes agricoles de la saison dernière n’ont pas dépassé 7 millions de quintaux, constituées essentiellement de blé dur, selon l’Office des céréales.
Dans une récente déclaration médiatique, Mohamed Rjaibia, membre du bureau exécutif de l’Union Tunisienne de l’agriculture et de la pêche, a critiqué l’absence de politiques publiques pour lutter contre le réchauffement climatique et l’accélération des changements climatiques, estimant que les agriculteurs comptent sur leurs propres moyens pour continuer à produire.
Rjaibia a estimé que les agriculteurs luttent contre le manque de pluie en continuant à investir dans la culture des céréales, malgré le coût élevé de la production, sans aucune protection contre le changement climatique.
Le secteur est resté presque le seul à être actif et à atteindre des chiffres positifs avec un taux de croissance de plus de 3%, malgré les difficultés, les problèmes structurels et la marginalisation des agriculteurs.
En Tunisie, le secteur céréalier est considéré comme un secteur stratégique, car il représente 13 % de la valeur ajoutée agricole, 42 % de la superficie des terres agricoles arables et 27% du total des terres agricoles exploitées.
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