Le géant aéronautique Boeing a annoncé la suspension des discussions avec le syndicat des machinistes (IAM), marquant une nouvelle escalade dans un conflit social qui paralyse une partie de ses usines.
Les négociations, entamées pour mettre fin à une grève débutée le 13 septembre, se sont effondrées après un troisième tour infructueux. L’accusation d’exigences “déraisonnables” formulées par le syndicat a conduit à l’arrêt des discussions.
Lors de cette dernière série de négociations, Boeing affirme avoir présenté des propositions améliorées, incluant une revalorisation des salaires et des pensions de retraite. Cependant, le syndicat IAM, représentant 33 000 membres dans la région de Seattle, a rejeté l’offre, demandant des augmentations salariales bien au-delà des 30% proposés par l’entreprise, contre les 40% qu’ils réclament.
Stephanie Pope, responsable de l’aviation commerciale chez Boeing, a exprimé dans une communication interne son regret face à la situation, indiquant que « poursuivre les négociations n’aurait pas de sens à ce stade ». Boeing accuse le syndicat de formuler des exigences « non négociables », ce qui complique toute possibilité d’avancer vers une solution commune.
Les deux principales usines de Boeing, situées à Renton (qui produit le 737) et à Everett (où sont fabriqués le 777 et des programmes militaires), sont complètement à l’arrêt. La grève a été votée par 96% des membres de l’IAM-District 751, après avoir rejeté une première offre en septembre. Cette paralysie représente une menace sérieuse pour Boeing, déjà fragilisé par des problèmes de qualité sur sa chaîne de production.
La suspension des négociations pourrait prolonger ce débrayage, qui pèse sur les finances de Boeing. Pour préserver sa trésorerie, l’entreprise a mis en place des mesures de chômage technique, touchant des dizaines de milliers d’employés. La grève, conjuguée aux autres difficultés du groupe, a entraîné la mise sous surveillance négative des notes financières de Boeing par l’agence Standard and Poor’s, une dégradation qui pourrait faire entrer Boeing dans la catégorie des emprunteurs à risque.
Le syndicat IAM, pour sa part, reste ferme sur ses revendications et critique Boeing pour son manque de flexibilité, notamment en matière de progression de carrière et de contributions aux fonds de pension. Dans un communiqué posté sur son site, le syndicat déclare : « Nous faisons front collectivement, unis et prêts à relever le défi face à l’une des entreprises les plus puissantes du monde. »
IAM prévoit de sonder ses membres sur les priorités pour les futures négociations et se dit prêt à reprendre les discussions, avec ou sans médiateur.
Depuis le début de la grève, l’économie de Boeing s’est contractée de 1,5%, selon des estimations officielles. En raison de cette grève prolongée, le constructeur envisage une augmentation de capital d’au moins 10 milliards de dollars afin de soutenir ses opérations. Les débrayages pèsent également sur la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise, avec un impact sur les livraisons des avions les plus vendus, comme le 737 MAX.
Parallèlement, la hausse des coûts militaires liée à la production du 777 et la nécessité d’importantes dépenses en carburant ont également mis à mal les finances de Boeing. Par exemple, l’entreprise aurait dépensé des centaines de millions de shekels pour sécuriser l’approvisionnement en carburant dans ses usines, dans un effort pour limiter les impacts du conflit social.
En plus de la grève, Boeing subit une pression accrue pour stabiliser ses finances. La société a vu toutes les grandes agences de notation — Moody’s, Standard & Poor’s, Fitch — abaisser sa note de crédit, ce qui rend plus coûteux l’accès aux marchés financiers pour financer ses projets, y compris ses efforts pour moderniser sa flotte.
Malgré ces défis, Boeing espère trouver une solution rapide au conflit pour éviter une récession prolongée. Mais la route s’annonce longue, alors que les perspectives de croissance de l’entreprise pour 2024 et 2025 sont révisées à la baisse.
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