Le Québec fut “la Mecque” des migrants francophones, surtout les plus qualifiés ; et le gouvernement local faisait des pieds et des mains pour les capter, avec des dispositifs très attractifs. Tout ça c’est terminé, pour deux raisons :
D’abord parce que la province francophone et le gouvernement central ont serré la vis sur la migration, pour cause de montée du chômage des nationaux, de crise du logement et aussi de la xénophobie naissante. Ensuite parce que, phénomène nouveau, les immigrés francophones arrivés nouvellement fuient la province, et le départ est massif. D’après une étude récente l’Ontario et le Québec perdent jusqu’au tiers des nouveaux arrivants francophones.
“Des occasions manquées 2024”, a titré le Conference Board of Canada, un think tank spécialisé dans l’économie. La structure a pris le pouls de l’immigration cette année, le verdict est sans appel : Il y a du désamour dans l’air entre le Québec et ses talents étrangers. Cette étude, citée par “Daily Hive”, dit ceci : “Les immigrants quittent le pays en nombre record, en particulier les immigrants hautement qualifiés, ‘dont le Canada a urgemment besoin’.”
Le journal en ligne vancouvérois reprend les propos du président de l’Institut pour la citoyenneté canadienne, Daniel Bernhard ; dans l’avant-propos de l’étude il alerte sur cette hémorragie : “Les artisans qui construisent nos maisons, les infirmières qui prennent soin de nos proches, les camionneurs qui facilitent le commerce, les entrepreneurs qui stimulent l’innovation sont de plus en plus nombreux à plier bagage.”
Les indicateurs du Conference Board of Canada établissent que 34% des immigrants qualifiés désertent le pays dans les 5 ans qui suivent leur arrivée. Mais il y a pire, il y a les dernières données de l’immigration francophone. L’ONFR, un média ontarien francophone, indique que “le pays perd le tiers de ses immigrants de langue française et que la majorité d’entre eux sont au Québec et en Ontario”, les deux provinces les plus peuplées et les plus industrialisées du pays…
Les auteurs de l’enquête ajoutent que les 2 ans qui suivent leur débarquement au Canada sont les plus délicats pour les immigrants d’expression française, c’est là où l’exode est le plus massif.
Daniel Bernhard est d’avis que d’autres investigations s’imposent pour cerner les motifs de ces départs, mais pour ce qui est de l’Ontario il pointe une défaillance dans l’appui apporté aux francophones dans les milieux anglophones de la province. La même source a écrit dans le journal “Le Devoir” que les difficultés dans l’accès au logement et l’intégration sociale “pèsent aussi lourd dans la balance”.
Le quotidien souligne qu’Ottawa a officialisé en octobre dernier une hausse de ses objectifs en matière d’immigration francophone hors Québec sur le chiffre global des admissions de résidents permanents, pour les porter à 8,5% l’an prochain, 9,5% en 2026 et 10% en 2027. Mais le “Devoir” ajoute que le rapport insiste sur l’urgence de solutions de la part des autorités pour fixer les immigrés, sinon ces objectifs “pourraient être difficiles à atteindre”…
Un défi de plus pour le Québec, l’Ontario mais aussi pour le Premier ministre Justin Trudeau, lui qui a cédé aux coups de boutoir des conservateurs ; il a enterré son ambitieux programme d’accueil et d’insertion des migrants. Trudeau espérait que cette main plus ferme pour faire bonne figure devant le populisme rampant le mettrait en meilleure posture pour les prochaines élections, peine perdue, les sondages le donnent toujours perdant face à Pierre Poilievre…
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