La France n’a reculé devant rien pour défendre sa spécificité culturelle devant quelque 2 milliards de personnes qui avaient les yeux rivés sur l’écran pour suivre la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Paris a pris des libertés, toutes les libertés, avec sa vision très singulière de l’universalisme, même au prix de fâcheries avec l’église française (et elle a protesté pour ses symboles foulés au pied par le digne héritier de Serge Gainsbourg, Philippe Katerine) et avec les croyants de tous bords dans le monde entier. Bon, l’Humanité s’en remettra. Mais la grand-messe des Sports c’est aussi la célébration des Droits humains, au “pays des Droits de l’Homme”. La Palestine aussi, au même titre que tous les autres Etats de la planète, est l’invitée de la France. Il faut croire que les libertés et les droits sont universels sauf pour les Palestiniens.
Pendant que le monde faisait la fête et communiait autour des valeurs du Sport la Palestine, encore et toujours, est ostracisée. Dans une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux on a vu un échange surréaliste entre un jeune agent de la Police française et un homme qui arborait dans la rue le drapeau palestinien. “Monsieur vous n’exhibez pas le drapeau [palestinien]. Vous n’exhibez pas le drapeau le drapeau. D’accord ?“
“J’en ai le droit“, ose son interlocuteur.
“Mais moi je vous dis que vous n’avez pas le droit“, répond l’agent.
“Y a plein de drapeaux” lui rétorque l’homme, manifestement un ressortissant étranger, donc un invité officiel de la France.
“D’accord, d’accord, mais pas celui-ci“, assène l’agent.
“Non…“, proteste son interlocuteur
“Nous on a des ordres… Monsieur nous… Hé nous on a des ordres Monsieur“, martèle le policier.
“Y a une équipe palestinienne Monsieur“, commente une femme qui suivait l’échange.
“Il y a une délégation olympique palestinienne” argue l’homme au drapeau, droit dans ses bottes.
“Vous n’avez pas le droit. Vous n’avez pas le droit d’exhiber le drapeau. On a des ordres je les applique, d’accord ?“, répète inlassablement l’agent français, comme un automate.
“C’est illégal Monsieur“, glisse l’homme au drapeau.
“C’est un ordre“, insiste le policier.
“Illégal“, rétorque l’autre.
“On me l’ordonne je l’applique, d’accord ?“, réplique l’agent
“Qu’est-ce que ça vous dérange qu’il porte un drapeau ? Qu’est-ce que ça dérange“, interroge un autre passant.
Question reprise par un autre passant…
Bref, un dialogue de sourds, exactement le même entre Israël et la Palestine depuis 75 ans, comme l’Etat hébreu et le Hezbollah libanais. Et entre ces belligérants la France navigue comme elle peut, entre des eaux troubles, avec pour seule boussole la schizophrénie. Chaque jour avec son lot d’indignations, parfois suite aux carnages signés par l’armée israélienne dans des camps de réfugiés à Gaza, puis condamnation le lendemain après qu’un missile attribué au Hezbollah a fait 12 morts – des enfants – sur le plateau occupé du Golan. Paris en est là : il tangue, il valse…
Mais il y a une chose sur laquelle la France ne valse pas : la Palestine n’a pas officiellement droit de cité. Quand est-ce qu’elle l’aura ? Nul ne le sait. Ce qu’on sait c’est que la dernière fois qu’un député français a osé brandir le drapeau palestinien au Parlement il a été exclu durant 15 jours. Bon, depuis les choses ont un peu changé et le camp du président Emmanuel Macron ne dicte plus sa loi.
La présidente de l’Assemblée nationale a certes manoeuvré – certains diraient magouillé – pour être réélue mais les Macronistes ne sont plus majoritaires au Bureau du Parlement, désormais c’est la gauche. Et justement c’est le bureau qui fixe les sanctions pour les élus qui sortent des clous. Que fera-t-il quand un député déballera de nouveau l’étendard palestinien en pleine séance parlementaire ? Nous verrons bien à la rentrée. Ce qui est certain c’est que ça ne finira pas comme ce policier et le drapeau palestinien arboré dans la rue.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires