Immobilier

Chantiers aux Jardins de Carthage : Quand l’espace public devient une extension du site de construction

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Une urbanisation rapide, mais à quel prix ?

Les Jardins de Carthage, quartier prisé et en pleine expansion, voient se multiplier les projets immobiliers de standing.

Mais si ces constructions promettent un cadre moderne et attractif, elles s’accompagnent également d’un problème récurrent : l’occupation des trottoirs et de la voie publique par des matériaux de construction.

Entre sécurité des piétons, non-respect des normes et absence de contrôle strict, la situation suscite de vives interrogations.

Des trottoirs transformés en entrepôts

Un simple passage dans le quartier permet de constater l’ampleur du phénomène. Blocs de béton, briques empilées, sable et autres équipements de construction envahissent les trottoirs, forçant les piétons à marcher sur la chaussée. Une réalité préoccupante, notamment pour les personnes âgées, les enfants et les personnes à mobilité réduite, qui se retrouvent face à un danger constant.

Selon les règles d’urbanisme, toute occupation de l’espace public pour des travaux doit être encadrée par une autorisation spécifique. Or, sur ces chantiers, la signalisation est souvent inexistante et aucune mesure de protection des piétons n’est visible. Le non-respect de ces normes peut entraîner des sanctions, mais celles-ci semblent rarement appliquées.

Sécurité des passants : un risque sous-estimé

L’un des enjeux les plus préoccupants de cette occupation anarchique de l’espace public est le danger qu’elle représente pour les passants. Les trottoirs sont non seulement impraticables, mais deviennent aussi des zones à haut risque où les chutes et accidents peuvent survenir à tout moment.

Les normes de sécurité imposent aux promoteurs de mettre en place des barrières de protection et des itinéraires piétons alternatifs lorsque l’espace public est occupé temporairement. Pourtant, dans les Jardins de Carthage, ces mesures semblent largement ignorées. Les piétons, contraints de circuler sur la chaussée, s’exposent à un risque accru d’accident, notamment dans une zone où la circulation automobile est dense.

Les travailleurs eux-mêmes ne sont pas à l’abri. Sans protection suffisante autour du site, des chutes d’objets ou des matériaux mal empilés peuvent provoquer des incidents graves. Une simple négligence dans l’organisation du chantier peut être lourde de conséquences, tant pour les ouvriers que pour les riverains.

Comment expliquer qu’un tel laisser-faire puisse perdurer dans un quartier aussi stratégique, situé à quelques kilomètres de Carthage, le centre actuel du pouvoir en Tunisie ?

Si des dépassements sont tolérés ici, comment peut-on alors blâmer les chantiers situés à l’intérieur du pays, où les contrôles sont encore plus rares ?

L’exemple des Jardins de Carthage illustre un problème plus large de gouvernance et de contrôle du secteur immobilier, qui nécessite une prise de conscience urgente.

Une réglementation ignorée ?

La législation tunisienne impose aux promoteurs de respecter des normes strictes en matière de sécurité et d’occupation des voies publiques. L’article 172 du Code de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire stipule que toute occupation temporaire de la voie publique doit être soumise à autorisation et faire l’objet de mesures de protection adéquates.

Or, dans le cas des Jardins de Carthage, les chantiers semblent se soustraire à ces obligations. Les contrôles sporadiques des autorités locales ne suffisent pas à garantir le respect des réglementations en vigueur. Pourtant, la loi prévoit que les contrevenants encourent des sanctions, pouvant aller de lourdes amendes à l’arrêt temporaire des travaux.

Qui doit intervenir ?

La situation soulève une question centrale : pourquoi les autorités laissent-elles faire ?

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette inertie :

  • Un manque de moyens de contrôle : les services municipaux et d’urbanisme ne disposent pas toujours des ressources suffisantes pour surveiller efficacement chaque chantier. Quoi qu’ il s’agit de la route principale du quartier …

  • Un laxisme administratif : des infractions sont relevées mais rarement suivies d’actions concrètes.

  • Une tolérance envers les promoteurs : le secteur de l’immobilier étant un moteur économique, les autorités peuvent hésiter à imposer des contraintes trop strictes. Mais pas qu risque de la sécurité des citoyens …

L’appel au ministère de l’Équipement

Face à cette situation préoccupante, il est impératif que le ministère de l’Équipement et de l’Habitat renforce les contrôles sur les chantiers des Jardins de Carthage. Il en va non seulement de la sécurité des habitants, mais aussi du respect des réglementations en matière d’urbanisme et l’image de l’Etat de droit.

Un plan d’action incluant des sanctions systématiques, des visites de contrôle plus fréquentes et des campagnes de sensibilisation auprès des promoteurs pourrait permettre de rétablir une cohabitation harmonieuse entre les chantiers et les riverains. Car si le développement urbain est nécessaire, il ne doit pas se faire au détriment de la sécurité et du bien-être des citoyens.

 

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