L’économie informelle en Tunisie représente un défi majeur pour le commerce électronique formel, créant une concurrence déloyale qui affecte les entreprises enregistrées.
Ce phénomène est particulièrement pertinent dans le contexte actuel où le commerce électronique est en pleine expansion, mais fait face à des obstacles significatifs.
Contexte de l’économie informelle
L’économie informelle en Tunisie englobe une large gamme d’activités non régulées, notamment le commerce transfrontalier et les petites entreprises non enregistrées.
Selon des études, cette économie informelle représente environ 40% de l’économie tunisienne, ce qui a des implications profondes sur les recettes fiscales de l’État et sur la compétitivité des entreprises formelles. La prolifération de ces activités informelles, souvent perçues comme une échappatoire face au chômage et à la précarité, a également des conséquences sur les normes de travail et la qualité des produits.
Performance du commerce électronique
En 2023, le commerce électronique en Tunisie continue de montrer une dynamique de croissance significative. Selon les données récentes, le chiffre d’affaires du commerce électronique a atteint environ 538,8 millions de dinars au premier semestre 2023, marquant une augmentation de 41,6% par rapport à la même période en 2022.
Quant au nombre total de transactions en ligne, il a également connu une hausse, atteignant 7,5 millions d’opérations, soit une augmentation de 35,2% par rapport à l’année précédente.
Des observateurs notent que cette croissance est soutenue par une pénétration accrue d’Internet, avec près de79 % de la population tunisienne connectée, et un intérêt croissant pour les achats en ligne, favorisé par l’utilisation des smartphones et des réseaux sociaux.
Principaux canaux du commerce électronique
En 2023, les principaux canaux de commerce électronique en Tunisie se caractérisent par une diversité d’options qui reflètent les comportements d’achat des consommateurs et l’évolution du marché. Voici un aperçu des canaux les plus utilisés :
- Marketplaces
Les marketplaces jouent un rôle central dans le commerce électronique tunisien. Ces plateformes permettent à des vendeurs tiers de proposer leurs produits, offrant ainsi une large gamme d’options aux consommateurs. Elles facilitent également la mise en relation entre acheteurs et vendeurs, tout en offrant des services de paiement sécurisés.
- Réseaux sociaux
Une part significative des transactions en ligne se fait via les réseaux sociaux, notamment. Près de 90% des ventes en ligne en Tunisie s’effectuent sur ces plateformes, où les utilisateurs achètent directement auprès de vendeurs qui n’ont pas nécessairement de site web formel. Ce canal est particulièrement populaire pour les petites entreprises et les artisans.
- Sites marchands
Bien que moins utilisés que les marketplaces et les réseaux sociaux, les sites marchands formels représentent une part importante du commerce électronique. En 2023, environ 1 100 boutiques en ligne utilisant des solutions de paiement électronique ont été recensées, offrant des produits variés et des options de livraison.
- Paiement à la livraison
Le mode de paiement à la livraison reste très prisé en Tunisie, représentant une part importante des transactions. Environ 75% des achats en ligne sont réglés à la livraison, ce qui reflète une préférence pour la sécurité et la confiance dans le processus d’achat.
- Applications mobiles
Avec l’augmentation de l’utilisation des smartphones, les applications mobiles de commerce électronique gagnent en popularité. Elles offrent une expérience utilisateur améliorée et des fonctionnalités spécifiques, comme des notifications de promotions et des options de paiement simplifiées.
Impact sur le commerce électronique formel
Le commerce électronique formel en Tunisie, bien qu’il ait bénéficié d’une législation précoce, souffre d’un cadre réglementaire souvent jugé incomplet et mal appliqué. Les entreprises formelles doivent faire face à des charges fiscales et à des réglementations strictes, tandis que leurs concurrents informels échappent à ces obligations, leur permettant de proposer des prix plus bas. Cela crée une situation où les entreprises formelles, qui investissent dans la qualité et la conformité, se retrouvent désavantagées sur le marché.
Les acteurs de l’économie informelle peuvent offrir des produits à des prix plus compétitifs en raison de l’absence de coûts liés aux taxes et aux réglementations. Cela attire une clientèle soucieuse de son pouvoir d’achat, en particulier dans un contexte économique difficile. Par exemple, le commerce transfrontalier, souvent associé à des pratiques de contrebande, a prospéré en raison de la demande pour des produits moins chers, aggravant la concurrence déloyale.
La concurrence déloyale posée par l’économie informelle en Tunisie constitue un obstacle majeur au développement du commerce électronique formel. Pour que le secteur formel puisse prospérer, il est essentiel d’adopter une approche équilibrée qui reconnaisse les réalités de l’économie informelle tout en promouvant une régulation efficace et équitable. La transition vers une économie plus structurée nécessitera des efforts concertés de la part des acteurs publics et privés pour créer un environnement commercial plus juste et durable.
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