L’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), fondé en 1951, est l’un des lobbies les plus puissants et les plus influents à Washington. Son objectif principal est de maintenir un soutien indéfectible des États-Unis à Israël, que ce soit sur le plan financier, diplomatique ou militaire.
Loin d’être un acteur silencieux, l’AIPAC utilise des moyens de pression sophistiqués pour influencer les décisions des membres du Congrès américain, ainsi que la politique étrangère des États-Unis. À travers cet article, nous plongeons dans le fonctionnement de l’AIPAC, ses méthodes d’influence, ses résultats concrets et les critiques auxquelles il est confronté.
L’AIPAC se décrit comme une organisation non partisane dont le rôle est de promouvoir les relations américano-israéliennes et de garantir qu’Israël conserve un allié stratégique fort aux États-Unis. Concrètement, cela se traduit par un soutien à l’aide militaire américaine, la coopération diplomatique et la défense des intérêts sécuritaires d’Israël au sein des institutions américaines.
L’influence de l’AIPAC est manifeste dans la manière dont les 3,8 milliards de dollars d’aide annuelle destinés à Israël sont votés presque sans contestation. Israël est d’ailleurs le plus grand bénéficiaire d’aide étrangère américaine, et cette somme, destinée principalement à l’acquisition de matériel militaire, contribue à maintenir Israël à la pointe des technologies de défense.
Les principaux objectifs de l’AIPAC sont clairs :
Garantir l’aide militaire : L’une des missions principales de l’AIPAC est de s’assurer que le Congrès continue d’allouer à Israël l’aide militaire annuelle de 3,8 milliards de dollars, telle que définie dans l’accord signé en 2016 sous l’administration Obama, couvrant une période de dix ans.
Protéger Israël des menaces extérieures : Que ce soit par l’adoption de lois pour sanctionner des pays comme l’Iran ou en soutenant des résolutions favorables à Israël, l’AIPAC milite pour isoler politiquement et économiquement les ennemis d’Israël sur la scène internationale.
Influencer les politiques américaines : En influençant les législateurs américains, l’AIPAC s’assure que les politiques des États-Unis, notamment au Moyen-Orient, restent favorables à Israël. Il soutient des lois comme le Jerusalem Embassy Act, qui a conduit au déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem en 2018.
L’AIPAC n’a pas son pareil pour influencer les décisions à Washington. Il utilise un vaste réseau de donateurs influents, des conférences annuelles de grande envergure et un corps de militants bien formés pour atteindre ses objectifs.
Conférences et événements : L’AIPAC organise une conférence annuelle qui attire plus de 18 000 participants, dont des membres du Congrès, des sénateurs et des hauts fonctionnaires. C’est l’occasion pour l’AIPAC de définir les priorités pro-israéliennes et de montrer la force de son réseau d’influence.
Donations et influence électorale : Même si l’AIPAC ne finance pas directement les campagnes politiques, ses membres influencent de nombreux financements électoraux par l’intermédiaire de comités d’action politique (PAC). En 2020, les membres affiliés à l’AIPAC ont dépensé plus de 12 millions de dollars en dons directs pour soutenir des candidats pro-israéliens.
Mobilisation à l’échelle nationale : L’AIPAC dispose de dizaines de bureaux locaux à travers les États-Unis, ce qui lui permet de mobiliser des militants qui rencontrent leurs représentants élus pour faire pression sur eux et s’assurer qu’ils soutiennent des politiques favorables à Israël.
Lobbying direct : L’AIPAC dépense chaque année des millions de dollars en activités de lobbying à Washington. En 2021, l’organisation a officiellement dépensé 3,3 millions de dollars en lobbying direct. Mais cela ne prend pas en compte l’influence indirecte qu’elle exerce à travers ses membres.
L’AIPAC est souvent au centre de plusieurs actions législatives pro-israéliennes. Voici quelques exemples récents de son influence :
Accord sur la vente d’armes à Israël : En mai 2021, alors qu’Israël faisait face à des tensions croissantes avec Gaza, l’AIPAC a activement fait pression pour s’assurer que les 735 millions de dollars de ventes d’armes à Israël soient approuvés par le Congrès, malgré une opposition croissante à cause de l’escalade des violences.
Sanctions contre l’Iran : L’AIPAC a joué un rôle clé dans la pression pour adopter des sanctions économiques sévères contre l’Iran. Par exemple, en 2010, il a contribué à l’adoption du Comprehensive Iran Sanctions, Accountability, and Divestment Act, qui a paralysé l’économie iranienne en raison de son programme nucléaire.
Opposition à l’accord nucléaire iranien : En 2015, l’AIPAC s’est farouchement opposé à l’accord nucléaire entre les grandes puissances et l’Iran. Bien que cet accord ait été signé, l’AIPAC a fait pression sur des membres clés du Congrès pour s’assurer que des sanctions supplémentaires restent en vigueur.
Reconnaissance de Jérusalem : L’une des plus grandes victoires de l’AIPAC a été de faire pression pour la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. En 2018, sous l’administration Trump, cette reconnaissance est devenue une réalité avec le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem.
Howard Kohr – Directeur exécutif de l’AIPAC depuis 1996, Howard Kohr a joué un rôle clé dans le développement de l’influence de l’AIPAC. Avant d’occuper ce poste, il a travaillé au sein d’organisations comme la Ligue antidiffamation (ADL). Sous sa direction, l’AIPAC est devenue un acteur incontournable dans la politique américaine, particulièrement en matière de défense des intérêts israéliens.
Morton Klein – Président de l’Organisation sioniste d’Amérique (ZOA), Morton Klein est l’un des principaux défenseurs des politiques pro-israéliennes aux États-Unis. Il a activement soutenu les efforts de l’AIPAC et a influencé le débat sur la politique américaine vis-à-vis d’Israël.
David Victor – Ancien président de l’AIPAC, David Victor est un homme d’affaires et philanthrope américain. Il a joué un rôle clé dans la stratégie de l’organisation pour renforcer l’alliance américano-israélienne et a contribué à mobiliser le soutien des donateurs influents de l’AIPAC.
Haim Saban – Magnat des médias d’origine israélienne, Haim Saban est surtout connu pour sa franchise sur ses opinions pro-israéliennes. Fondateur de la société de production Saban Entertainment, il est l’un des principaux donateurs de l’AIPAC et a activement financé des initiatives visant à renforcer les liens entre Israël et les États-Unis. En plus de son rôle dans les médias, il a participé à de nombreuses initiatives politiques et philanthropiques liées à Israël.
Sheldon Adelson – Jusqu’à son décès en 2021, Sheldon Adelson était un magnat des casinos et l’un des plus importants donateurs républicains. Particulièrement engagé dans les causes pro-israéliennes, il a fait des dons considérables à l’AIPAC et à d’autres organisations œuvrant pour l’influence d’Israël dans le monde. Il était également le propriétaire du quotidien israélien Israel Hayom, qui défend des positions proches du gouvernement israélien.
Chuck Schumer – Sénateur démocrate de New York et chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer est un fervent défenseur des relations israélo-américaines. Juif américain, il a souvent exprimé publiquement son soutien à Israël et a assisté à plusieurs événements organisés par l’AIPAC. Son influence politique est précieuse pour l’organisation, en particulier pour obtenir un soutien bipartite au Congrès.
Lindsey Graham – Sénateur républicain de Caroline du Sud, Lindsey Graham est l’un des défenseurs les plus ardents d’Israël au Sénat. Il a souvent soutenu des projets de loi en faveur du financement de la défense israélienne et a collaboré étroitement avec l’AIPAC pour promouvoir une politique étrangère favorable à Israël.
Nancy Pelosi – Ancienne présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi a souvent exprimé son soutien à l’AIPAC et aux initiatives pro-israéliennes, malgré les critiques venant de l’aile progressiste du Parti démocrate. Pelosi a été un pont important pour l’AIPAC dans les cercles démocrates, assurant un soutien bipartite aux intérêts israéliens.
Ces personnalités, par leurs actions, leurs dons et leur influence, ont permis à l’AIPAC de devenir l’une des organisations de lobbying les plus puissantes aux États-Unis.
L’influence de l’AIPAC a non seulement des implications pour la politique américaine au Moyen-Orient, mais aussi pour l’économie. Le soutien militaire constant à Israël contribue à renforcer l’industrie de la défense américaine, tout en maintenant Israël comme premier acheteur de matériel militaire américain. En contrepartie, l’AIPAC assure que les intérêts israéliens soient défendus au Congrès et à la Maison-Blanche.
Malgré sa puissance, l’AIPAC est souvent critiqué pour son influence excessive sur la politique étrangère américaine. Beaucoup voient en lui un lobby qui fausse les débats démocratiques en exerçant une pression disproportionnée. Certains estiment que l’AIPAC pousse les États-Unis à soutenir Israël de manière inconditionnelle, même lorsque cela va à l’encontre des intérêts américains à long terme au Moyen-Orient. Les partisans des droits des Palestiniens accusent également l’AIPAC d’empêcher toute solution équilibrée au conflit israélo-palestinien.
Ainsi, l’AIPAC, avec ses moyens financiers considérables, ses conférences influentes et son réseau national de militants, est l’un des lobbies les plus puissants et les plus influents aux États-Unis.
Bien que ses efforts aient permis de maintenir une relation solide entre les États-Unis et Israël, il reste au centre de controverses sur l’influence des intérêts étrangers sur la politique américaine. L’impact de l’AIPAC continuera d’être ressenti non seulement aux États-Unis mais aussi dans la région du Moyen-Orient pour les années à venir.
Laissez un commentaire