À chaque jour sa “Trumperie”. Le président américain vient de servir un show de haut vol avec son homologue français, Emmanuel Macron, sur l’Ukraine (in fine il a mystifié Macron, qui est reparti sans garantie de sécurité palpable pour Kiev). Donald Trump est passé à un autre dossier chaud : Gaza. Plus précisément la déportation définitive des Gazaouis pour que les Israéliens dorment tranquilles. La Maison Blanche avait rétropédalé dernièrement face à la bronca des pays arabes, la vidéo que vient de pondre Trump, par la magie de l’Intelligence artificielle (IA), relance le débat et alimente les conjectures…
«Riviera du Moyen-Orient» : la Maison Blanche insiste
Tollé, levée de boucliers, indignation outrée, protestation véhémente…, c’est tout ce qu’aime Trump. C’est une des raisons pour lesquelles il aime se frotter à Macron, un autre adepte de la castagne. Le président américain savait que sa vidéo intitulée «Trump Gaza» ferait sensation, ça n’a pas loupé. Ce film, mis en ligne hier mardi 25 février dans la soirée sur le réseau social de Trump, montre ce que serait l’enclave israélienne si les USA le récupéraient et l’administraient.
La «Riviera du Moyen-Orient» n’est pas sortie de la tête du locataire de la Maison Blanche. La vidéo, qui dure à peine 35 secondes, a été publiée par le président américain sur son compte “Truth Social“. “L’oeuvre” du républicain commence ainsi : «Gaza 2025 : quelle est la prochaine étape ?», un titre qui s’affiche sur le cliché d’un petit agenouillé dans les ruines.
Et que dire de ce déluge d’images saisissantes montrant l’enclave palestinienne sous un autre jour, avec sa station balnéaire pour milliardaires, une pléthore de gratte-ciel et hôtels hauts de gamme bâtis sur les vestiges de plus de 15 mois de combats et bombardements. Un nouveau Dubaï ou la future île de Sazan, une merveille albanaise sur laquelle travaille la fille de Trump, Ivanka. Pour couronner ce “paradis” à Gaza une statue dorée monumentale de Trump serait plantée entre deux palmiers.
Ce n’est pas tout, on voit aussi dans ce film le nouvel acolyte du président américain, Elon Musk, en train de déguster un tacos sur la plage ou de balancer des billets à des enfants qui scandent «Donald Trump nous a libérés». Le républicain qui s’affiche aussi avec des stripteaseurs en boîte de nuit ou sur un transat avec le Premier ministre israélien, son “ami” Benyamin Netanyahu.
Nous avons choisi deux commentaires parmi une avalanche de réactions suite à cette vidéo générée par l’IA : «Il traite la géopolitique comme un pack d’extension de SimCity. Rappelons-nous la réalité : il n’est ni un pacificateur, ni un stratège, juste un propriétaire frauduleux qui vend des chimères et laisse le chaos derrière lui», s’indigne un internaute cité par “Paris Match”…
«Je ne sais même pas par où commencer ou finir. C’est un cauchemar dystopique de génération d’IA. Dans tous les sens du terme», s’insurge un autre. Jusqu’ici les leaders occidentaux et arabes se murent dans le silence, l’effet de sidération sans doute. Trump voulait choquer, effrayer, pétrifier, c’est fait. Une guerre de communication assumée par la Maison Blanche et à laquelle Washington a assigné des objectifs très stratégiques…
Al-Sissi devra prendre les rênes de Gaza et il n’a pas intérêt à se louper
La première cible de ce film ce sont les dirigeants arabes, à une semaine de leur réunion en Egypte, justement en réaction à la proposition fracassante de Trump sur les Gazaouis. On vous disait que les chancelleries arabes, surtout celles du Golfe, ont mis trop de temps pour s’emparer de ce dossier, Washington leur rappelle leur mollesse, leur indolence et instille le fait accompli dans les esprits.
Netanyahu est très tenté de foncer sur ce qui reste de Gaza et de tirer dans le tas pour forcer tous les civils à reprendre le chemin de l’exil. Israël a multiplié les subterfuges pour justifier ces horreurs, le projet ne pose aucun problème à Tsahal, surtout après que Trump lui a livré les bombes lourdes bloquées par Joe Biden et des armements de plusieurs milliards de dollars. Mais voilà, que faire de ces millions de Gazaouis que les voisins refusent catégoriquement d’accueillir ?
C’est le premier frein pour les occupants israéliens. Le deuxième c’est l’opposition – timorée mais tout de même – du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS). Il a convoqué la cavalerie à Riyad le 21 février 2025 pour signifier à la Maison Blanche que son projet à Gaza ne passerait pas. Il se murmure maintenant que la gestion des Gazaouis, en plus de la reconstruction, sera confiée au président égyptien, un allié de premier plan des USA et de l’Etat hébreu…
Il sera difficile de sortir de ce schéma. Mais attention, le Caire n’a pas intérêt à se louper, il devra veiller – Netanyahu y veillera – à ce que les combattants du Hamas disparaissent du paysage et ne troublent plus le sommeil des Israéliens. Un sale boulot, j’en conviens. Si Abdel Fattah al-Sissi se rate Washington reprendra la main. C’est aussi le message porté par la vidéo de Trump…
Et il faut le prendre au sérieux. Rappelons son film sur ce qu’il ferait de Biden pour se venger s’il revenait à la Maison Blanche. L’ex-président américain est peut-être à l’abri mais on voit ce que Trump fait aux juges et procureurs qui l’ont traqué, traîné devant les tribunaux et condamné. Donc attention. Je le dis à MBS et à la Ligue arabe, ils devront affronter le président américain, sans relâche, sur le terrain et pas derrière des communiqués de presse insipides.
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