Ce dimanche 20 avril 2025, des milliers de Marocains ont convergé vers le port de Tanger Med pour protester contre le passage dans les eaux nationales d’un cargo américain affilié à la compagnie Maersk, soupçonné de transporter des équipements militaires destinés à Israël, en pleine guerre contre Gaza.
La manifestation, qui s’est tenue dans une atmosphère tendue mais pacifique, a vu la participation de citoyens venus de toutes les régions du pays, brandissant des drapeaux palestiniens et réclamant la fin du commerce militaire entre les ports marocains et Israël.
Selon le correspondant d’Al Jazeera à Tanger, Mokhtar Al-Ablaoui, les protestataires ont exigé que Maersk suspende tout transfert d’armement ou de pièces détachées pouvant être utilisées dans le conflit en cours. Le groupe danois est accusé par plusieurs organisations internationales d’avoir convoyé des composants destinés aux avions de chasse F-35 utilisés par Israël.
Un port stratégique au cœur d’une polémique
Le port Tanger Med, classé comme le plus grand hub portuaire de la Méditerranée avec plus de 10,5 millions de conteneurs traités chaque année, se trouve au centre de cette controverse.
Les autorités portuaires locales ont indiqué qu’elles ne font que faciliter la manutention des marchandises transitant dans le respect des conventions internationales, soulignant le rôle régional et mondial croissant du complexe logistique marocain.
Maersk dément, mais la pression monte
De son côté, Maersk a fermement nié toute implication directe dans un transfert d’armes vers Israël. Dans un communiqué relayé par la chaîne Al Jazeera, le groupe maritime précise que les deux navires en question transportent bien des pièces destinées aux F-35, mais vers des pays partenaires du programme industriel de ces avions, sans lien avec une livraison à Tsahal.
L’entreprise qualifie les accusations de « conclusions hâtives et trompeuses », affirmant respecter les règles du commerce maritime et éviter les zones de conflit, y compris Gaza.
Un climat régional sous haute tension
Cette manifestation survient dans un contexte de vives tensions populaires au Maroc, où de nombreuses voix dénoncent la normalisation diplomatique entre Rabat et Tel-Aviv, relancée en 2020. Les manifestants ont une nouvelle fois appelé à la rupture des accords de coopération avec Israël, qu’ils considèrent incompatibles avec les valeurs humanitaires et la solidarité historique du peuple marocain avec la cause palestinienne.
Depuis le début de l’offensive israélienne sur Gaza, le 7 octobre 2023, plus de 168 000 Palestiniens ont été tués ou blessés, selon les dernières estimations. Le nombre de disparus dépasse les 11 000, dans ce que plusieurs ONG qualifient de catastrophe humanitaire d’une ampleur sans précédent.
Alors que la guerre se poursuit, les pressions citoyennes au Maghreb — et particulièrement au Maroc — semblent gagner en intensité, plaçant les grandes entreprises logistiques comme Maersk et les autorités locales face à des injonctions éthiques de plus en plus pressantes.
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