Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne s’intensifient, Bruxelles a annoncé ce lundi 7 avril 2025 qu’elle entamerait, dès la semaine prochaine, l’imposition de droits de douane réciproques sur une liste ciblée de produits américains. Cette décision intervient en réponse aux nouvelles taxes douanières décrétées par Washington, qui s’élèvent à 25 % sur l’acier, l’aluminium et les automobiles en provenance d’Europe, et 20 % sur la majorité des autres marchandises.
Toutefois, l’Union européenne se montre prudente. Le commissaire européen au commerce, Maroš Šefčovič, a précisé que le montant total des contre-mesures européennes ne devrait pas atteindre les 26 milliards d’euros (soit environ 28,5 milliards de dollars), une réduction décidée après consultation avec les États membres. L’objectif est de maintenir la porte ouverte aux négociations.
Le ministre polonais des Finances, Andrzej Domanski, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l’UE, a adressé une invitation aux ministres des Finances pour un sommet prévu vendredi à Varsovie. À l’ordre du jour : les répercussions économiques de la guerre douanière sur la croissance et la stabilité monétaire de la zone.
Domanski a alerté sur le risque de perturbation des chaînes d’approvisionnement et la montée des prix à la consommation, en appelant à un renforcement de l’intégration des marchés européens. Il a souligné que le bon fonctionnement du marché unique devait devenir une priorité stratégique pour faire face aux nouvelles barrières américaines.
« Cela aura des conséquences sociales négatives, notamment une hausse des prix pour les consommateurs », a-t-il averti.
Du côté de Washington, la ligne reste dure. Le conseiller commercial de la Maison-Blanche, Peter Navarro, a déclaré à CNBC que le véritable obstacle au commerce transatlantique n’était pas tant les droits de douane que les barrières non tarifaires. Il a cité en exemple la taxe sur la valeur ajoutée de 19 % appliquée dans de nombreux pays européens, ainsi que des normes sanitaires « trop restrictives » sur l’importation de produits agricoles américains comme la viande ou le maïs.
Navarro a salué la proposition européenne d’un accord “zéro contre zéro” sur les droits de douane pour les produits industriels, mais a exigé que Bruxelles prenne également des engagements fermes sur l’abandon de certaines réglementations et taxes internes.
« Le jour où l’Union européenne acceptera de supprimer sa TVA ou d’ouvrir son marché aux produits agricoles américains conformément aux décisions de l’OMC, alors nous pourrons parler de réciprocité réelle », a-t-il lancé.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a exprimé la volonté de privilégier la voie du dialogue. « L’Europe reste ouverte à une solution par la négociation. Nous souhaitons éviter une guerre commerciale destructrice », a-t-elle affirmé lors d’un point presse à Bruxelles.
Mais sur les marchés, la nervosité est palpable. Les bourses asiatiques ont déjà connu une chute historique dès l’annonce des mesures américaines, et la pression s’intensifie sur les marchés européens.
Bruxelles se retrouve aujourd’hui dans une position délicate : affirmer sa fermeté tout en évitant une spirale protectionniste, dans un contexte mondial déjà marqué par les incertitudes géopolitiques et économiques.
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