L’état de grâce tourne court, moins de 3 mois après son retour à la Maison-Blanche. Il faut dire aussi que le nouveau maître des USA a cramé trop vite les cartes qu’il avait en main, et ça a commencé dès le jour de son investiture. Il s’est pris pour le maître absolu des Etats-Unis d’Amérique et donc du monde. Il a fait fi de toute orthodoxie économique, comme si c’était une science inexacte qu’il fallait réécrire de bout en bout, avec des expérimentations hasardeuses et dangereuses. Le président Donald Trump est allé très loin, trop loin. On vous disait en janvier qu’il découvrira très vite qu’il n’est pas le Maître du monde, on y est…
Le bateau présidentiel prend l’eau, ses passagers paniquent, s’affolent parce que contrairement à leur commandant ils ont des élections à mi-mandat (fin 2026). Au train où vont les choses ils sont certains de les perdre. Le Parti républicain file droit vers une Bérézina et pourrait perdre la main sur le Congrès et le Sénat. L’ancien président Barack Obama et la candidate malheureuse à la présidentielle Kamala Harris ont déjà commencé à chauffer les démocrates. Mais le plus problématique pour Trump est la défiance qui monte dans son propre camp.
On a entendu l’étonnante sortie du milliardaire Elon Musk, qui après tous les coups portés par Washington à l’Union européenne – sur les droits de douane -, propose un Accord de libre-échange. Il est vrai que le réformateur en Chef de Trump a laissé beaucoup de plumes dans ses combats. Et c’est un début, qu’il attende de voir à l’oeuvre l’arsenal des Européens, plus des surtaxes sur les flux financiers technologiques et numériques…
Pendant que les places boursières américaines et mondiales touchaient les bas fonds Trump s’est retranché dans son petit paradis côtier pour jouer au golf. Cette image donne l’impression que le républicain improvise, qu’il ne maitrise pas la barre et encore moins les conséquences de ses actes. Et çà ça ne passe pas, les clameurs de protestation commencent à monter. Le milliardaire Bill Ackman interpelle son ami le président et lui demande de rebrousser chemin.
L’homme, qui a gagné gros avec son fonds spéculatif Pershing Square Capital Management, a signé hier dimanche 6 avril un long texte sur les réseaux sociaux.
Certes il suit le président quand il s’agit de «corriger un système mondial de droits de douane qui a désavantagé» les USA, mais il s’oppose à la forme, qu’il qualifie de «guerre nucléaire économique». Il demande à Trump de siffler un arrêt d’au moins 90 jours pour regagner la confiance des principaux pays ciblés. «Le monde des affaires est un jeu de confiance. Le président est en train de perdre la confiance des chefs d’entreprise du monde entier. Les conséquences pour notre pays (…) seront extrêmement négatives. Ce n’est pas pour cela que nous avons voté», a plaidé le businessman, tout en rappelant qu’il a voté pour le républicain.
Trump a tenté de soigner le moral de ses concitoyens en leur lançant que “le résultat final sera historique“, le sénateur Ted Cruz n’y croit plus, l’élu du Texas au Congrès redoute un «bain de sang» électoral. Dans son podcast, rapporté par Courrier International, il agite le spectre d’une récession qui pourrait engloutir les espoirs des électeurs républicains. Cruz n’est pas le seul, une sénatrice du Maine, Susan Collins, a fait défection en votant pour une résolution démocrate afin de contrer la politique de la Maison-Blanche.
«L’économie du Maine est intégrée à celle du Canada, notre principal partenaire commercial. Les droits de douane imposés au Canada seraient préjudiciables à de nombreuses familles du Maine et à nos économies locales», avait plaidé l’élue sur CNN mercredi dernier. Son vote et ceux de 3 autres sénateurs républicains ont fait basculer cette résolution alors que Trump disposait de la majorité dans cette Chambre.
Certes ce vote est plus symbolique qu’autre chose, il n’a pas d’incidence politique vu que le président est encore assis sur une majorité à la Chambre des Représentants, mais l’alerte est suffisamment puissante pour la Maison-Blanche. Un sérieux coup de semonce qui s’ajoute à la déroute du candidat à la Cour suprême du Wisconsin soutenu par Trump et Musk, à coups de dizaines de millions de dollars. Attention…
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