Economie

Faible taux d’adhésion des nouveaux chèques en Tunisie : un défi pour le système bancaire

Faible taux d’adhésion des nouveaux chèques en Tunisie : un défi pour le système bancaire

Le taux d’adhésion des Tunisiens à la nouvelle plateforme électronique des chèques “TouniChèque” reste faible, atteignant seulement 4,7 % des titulaires de comptes bancaires habilités à émettre des chèques, selon les dernières données mises à jour par la Banque Centrale de Tunisie (BCT).

Cette adoption timide soulève des interrogations sur l’avenir de cette réforme bancaire et sur les obstacles rencontrés par les usagers et les institutions financières.

Un taux d’adhésion encore très bas

D’après les chiffres communiqués en fin de semaine dernière, 135 179 comptes ont été activés sur la plateforme, alors que le nombre total de comptes bancaires associés à un chéquier en Tunisie est estimé à 2,9 millions, selon les dernières données de la Banque mondiale.

Cette proportion limitée suscite des préoccupations chez les experts du secteur financier, qui considèrent la digitalisation du chèque comme un levier fondamental pour moderniser les transactions et limiter les abus liés aux chèques impayés.

Un responsable de la BCT, cité par l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP), a admis que le rythme d’ouverture des comptes sur la plateforme était relativement lent, notamment au début du mois de Ramadan.

Toutefois, un autre indicateur attire l’attention : une augmentation significative du nombre de chèques bloqués a été enregistrée, reflétant un début d’application plus stricte des nouvelles règles de gestion des transactions par chèque.

Des difficultés d’adaptation et des défis techniques

L’un des principaux freins à l’adoption rapide de la plateforme semble être le manque de familiarité des usagers avec ce nouvel outil. Le même responsable du BCT a souligné que les demandes d’informations sur la plateforme progressent lentement, ce qui laisse supposer que de nombreux utilisateurs tentent encore de comprendre son fonctionnement et son impact sur leur gestion financière quotidienne.

Les débuts de la plateforme ont également été marqués par des difficultés techniques. Certains utilisateurs ont signalé des problèmes d’accès et des dysfonctionnements, ralentissant ainsi la transition vers ce nouveau mode de gestion des chèques.

Un effondrement du volume de chèques en circulation

Les données récentes de la BCT révèlent une baisse spectaculaire de 94 % dans l’utilisation des chèques depuis l’entrée en vigueur de la plateforme TouniChèque. Cette diminution drastique suggère une réticence des usagers à utiliser le chèque sous sa nouvelle forme digitalisée, ou encore une migration vers d’autres moyens de paiement.

Face à ces défis, le président du Conseil bancaire et financier, Najeh Ghandri, a récemment affirmé que des efforts considérables sont déployés pour accompagner les usagers. Lors d’une conférence de presse organisée le 3 février dernier par la BCT, il a annoncé la mise en place d’un centre d’appel dédié aux clients bancaires afin de répondre à leurs questions et de résoudre les problèmes liés à l’utilisation de la plateforme.

Les banques mobilisées pour accompagner la transition

Selon Najeh Ghandri, les banques tunisiennes ont pris des mesures pour garantir le bon fonctionnement de la plateforme et renforcer la sécurité des transactions. Des formations ont été dispensées aux employés des agences bancaires pour leur permettre d’accompagner les clients dans cette transition.

Par ailleurs, afin d’éviter toute exclusion financière, il a précisé que des solutions alternatives au chèque seront mises en place pour les clients qui ne peuvent plus en obtenir. Parmi ces alternatives figurent les cartes de crédit, le paiement différé et les solutions de paiement mobile, qui se développent de plus en plus en Tunisie.

Un tournant digital à concrétiser

Si la digitalisation des chèques est un pas en avant pour le secteur bancaire tunisien, son succès repose sur une adoption plus large par les usagers et sur une mise en œuvre fluide par les institutions financières. L’enjeu est double : sécuriser les transactions tout en garantissant aux entreprises et aux particuliers une transition efficace vers des moyens de paiement modernes.

À ce stade, le gouvernement et les banques doivent intensifier les efforts pour sensibiliser le grand public, améliorer l’ergonomie de la plateforme et offrir des garanties de stabilité et de fiabilité aux utilisateurs. La réussite de TouniChèque pourrait alors marquer une avancée décisive vers une économie tunisienne plus transparente et digitalisée.

 

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