La question de l’indépendance de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) et le flottement dirigé du dinar tunisien sont au centre des préoccupations économiques et politiques actuelles.
Les récentes décisions et les déclarations qui incluent un amendement autorisant le financement direct du budget par la BCT, soulèvent des interrogations quant à l’avenir de la politique monétaire du pays. Ce tournant marque une étape décisive dans la gestion économique tunisienne, posant des questions sur les implications à long terme pour la stabilité financière.
L’indépendance de la BCT remise en question
L’indépendance de la BCT, fondée sur la loi organique n° 2016-35, a été mise en place pour garantir une autonomie nécessaire à la préservation de la stabilité des prix.
Cette loi interdit explicitement le financement direct de l’État, une mesure conçue, théoriquement, pour éviter les dérives inflationnistes. Toutefois, avec l’adoption récente d’un amendement permettant à la BCT de prêter jusqu’à 7 milliards de dinars au gouvernement, cette indépendance est sérieusement remise en question. Certains économistes posent des questions quant aux conséquences potentielles d’une telle décision, qui pourrait impacter le niveau de l’investissement et la valeur du dinar.
Le dinar face à une dévaluation persistante
Le dinar tunisien a connu une dépréciation alarmante, ayant perdu plus de 100% de sa valeur par rapport au dollar depuis 2010. Cette situation est exacerbée par un déficit commercial chronique et une gestion budgétaire souvent jugée expansionniste.
Les mesures proposées par le gouvernement pour financer le déficit budgétaire 2024, notamment le recours à un prêt sans intérêt de la BCT, pourraient offrir un répit temporaire mais pourraient également poser des défis au niveau de la gestion des tensions inflationnistes. Des analystes financiers soulignent que la dévaluation qu’a connu le dinar affecte directement le pouvoir d’achat des citoyens, rendant les biens importés de plus en plus inaccessibles.
Flottement dirigée du dinar : Des scénarios divergents
L’orientation future de la politique monétaire tunisienne se divise entre deux scénarios : maintenir le régime du flottement dirigé de la monnaie nationale dirigée ou abandonner ce système au profit d’un contrôle étatique renforcé. La première option permettrait une certaine flexibilité pour s’ajuster aux conditions du marché tout en préservant un cadre prévisible pour les investisseurs.
En revanche, un retour à un contrôle direct sur le taux de change pourrait offrir une stabilité apparente, mais au prix d’une rigidité accrue et d’un risque accru de déséquilibres économiques. Les implications de ces choix sont profondes et nécessitent une réflexion sérieuse sur les conséquences à long terme pour l’économie tunisienne.
Les implications d’un contrôle accru sur le dinar
Un contrôle accru sur le dinar pourrait initialement stabiliser sa valeur, mais cela nécessiterait des réserves de change substantielles pour défendre le taux fixé. De plus, un système de priorisation pour l’allocation des devises pourrait émerger, créant ainsi des marchés parallèles et nuisant à la compétitivité des exportateurs.
Les experts s’accordent à dire que cette approche pourrait mener à une détérioration progressive des fondamentaux économiques du pays. La nécessité d’une gestion prudente des réserves en devises et d’une transparence accrue dans les dépenses publiques est plus pressante que jamais.
Les choix qui se dessinent concernant l’indépendance de la BCT et la gestion du dinar sont révélateurs des défis économiques auxquelles fait face la Tunisie. La voie choisie aura des répercussions durables sur l’économie nationale et sur le bien-être des citoyens. L’équilibre entre les besoins immédiats du gouvernement et les impératifs d’une politique monétaire autonome sera déterminant pour l’avenir économique du pays.
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