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France-Affaire Bétharram : Un ancien juge enfonce Bayrou, un témoignage accablant…

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Sale temps pour le Premier ministre, François Bayrou. Son triomphe, après 5 motions de censure vaincues, pourrait tourner court. Le notable de province – il est maire de Pau depuis 10 ans – est justement rattrapé par un vieux dossier sorti tout droit du terroir béarnais. Bayrou a affirmé mardi 11 février à l’Assemblée nationale qu’il n’avait «jamais été informé» des violences sexuelles présumées commises entre les années 1970 et 1990 à Notre-Dame-de-Bétharram, un établissement scolaire catholique aux abords de Lourdes. La ligne de défense du chef du gouvernement s’est fissurée. Attention danger, pour Bayrou comme pour celui qui l’a nommé, le président Emmanuel Macron.

Interrogé de nouveau hier mercredi Bayrou a campé sur ses positions : il ne savait rien, n’a rien entendu sur la centaine de plaintes pour violences, agressions sexuelles et viols. Il n’a «jamais été averti, à cette époque» de « faits qui ont donné lieu à des plaintes ou à des signalements», a-t-il soutenu mordicus dans un courrier avec accusé de réception adressé à Mediapart, lequel avait déballé l’affaire.

Patatras : Christian Mirande, ancien juge d’instruction au tribunal de Pau, qui instruisait les plaintes déposées par les victimes, fracasse les déclarations du Premier ministre. Il est d’avis qu’il est impossible que l’ancien ministre de l’Éducation nationale, dont la femme enseignait le catéchisme dans cet établissement, n’ait pas eu vent des agressions sexuelles. Plus embarrassant encore : le magistrat retraité affirme qu’il avait personnellement alerté Bayrou, à l’époque Président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques.

«C’était après l’ouverture de l’information judiciaire. François Bayrou était inquiet de cette situation, sachant que les médias locaux ne s’étaient pas privés de donner des informations et notamment une certaine multiplicité des victimes», déclare l’ancien juge d’instruction, en répétant qu’il a lui-même informé l’élu centriste…

«Dans le microcosme local, tout le monde en parlait. Il s’agissait alors officiellement de deux viols sur mineurs. Sa démarche ne m’avait pas paru anormale, puisque je me souviens qu’il m’avait parlé de son fils qui était élève, et qu’il était inquiet de savoir ce qui se passait à Notre-Dame-de-Bétharram», poursuit Christian Mirande. Il a ajouté que Bayrou avait beaucoup de mal à croire que le prêtre avait effectivement perpétré cette série de viols (il s’est suicidé après).

«Nous avions parlé du père Carricart. Je me souviens que François Bayrou n’arrivait pas à croire qu’il ait pu faire cela (…). Comme il n’arrivait pas à y croire, je lui avais confirmé que les faits étaient patents et qu’ils étaient établis (…). A-t-il oublié notre rencontre ou ment-il ? Seul lui peut le dire», lâche l’ancien magistrat. D’après lui le président du MoDem a peut-être «peur d’avoir couvert l’institution dans ses méfaits».

Officiellement Bayrou rejette en bloc toutes ces allégations et accusations, il a même annoncé une plainte pour diffamation quand il a été titillé par les parlementaires, surtout ceux de l’opposition. Mais le fait est que les confidences de cet ancien juge sont accablantes, politiquement et judiciairement. Le Premier ministre a intérêt à apporter très vite la preuve de son innocence…

 

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