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France-Affaire Uber : Le rapport parlementaire est tombé, pour Macron il y a danger…

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Décidément les mandats d’Emmanuel Macron ne seront jamais un long fleuve tranquille. Je ne vous parle pas des Gilets jaunes, de la bronca autour de la réforme des retraites ou dernièrement des violences sans précédent suite à l’affaire Nahel, je vous parle d’un dossier qui potentiellement peut le mener devant la justice quand il quittera le palais de l’Élysée (il est intouchable avec l’immunité présidentielle). Et ces choses pourrissent la vie des retraités de la politique, l’ancien président Nicolas Sarkozy en sait quelque chose et il n’est pas le seul. Pour Macron ce pourrait très bien être l’affaire Uber…

En juillet 2022 on vous parlait de cette affaire de favoritisme et de conflit d’intérêt quand Macron était ministre de l’Économie (entre août 2014 et août 2016), le dossier vient tout juste de connaitre un développement inquiétant pour le président de la République. La Commission d’enquête parlementaire a pondu son rapport final sur les «Uber Files». Ce document, mis sur la place publique ce mardi 18 juillet, pointe des rapports «opaques» et «privilégiés» entre Macron et la plateforme américaine.

«La confidentialité et l’intensité des contacts entre Uber, M. Emmanuel Macron et son cabinet témoignent d’une relation opaque mais privilégiée», et même après son installation à l’Élysée, indique le rapport.

Le chef de l’État, ministre de l’Économie à l’époque des faits, avait scellé un «deal secret» avec l’entreprise américaine pour qu’elle ne déploie pas son application controversée Uber Pop ; en retour on lui facilite l’accès à une licence de voiture de transport avec chauffeur (les fameux VTC), ajoute la même source…

«C’est au mépris de toute légalité, et grâce à un lobbying agressif auprès des décideurs publics, que l’entreprise américaine est parvenue à concurrencer de manière déloyale» les taxis, souligne le rapport dans son introduction.

A noter que parmi les membres de la commission d’enquête 12 députés ont agréé le rapport final – tous les élus de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), du groupe Liot ou du RN (Rassemblement national) –, mais les 10 députés de Renaissance et leurs alliés – le camp de Macron – ainsi que l’unique élu LR (Les Républicains) ont préféré s’abstenir. Je dis bien s’abstenir et pas voter contre, ce qui démontre que les conclusions du rapport sont accablantes.

La commission d’enquête, montée il y a six mois, a convoqué 120 personnes, dont deux anciens Premiers ministres, Bernard Cazeneuve et Manuel Valls, ainsi que d’anciens responsables d’Uber pour faire toute la lumière sur les actes posés par la société américaine en France entre 2014 et 2017.

Rappelons que tout est parti de la déflagration des «Uber Files», 124 000 documents internes fuités réceptionnés par Mark McGann, qui faisait du lobbying pour Uber, des documents transmis au journal britannique The Guardian. D’après des données reprises par la rapporteure Danielle Simonnet (LFI), Uber a eu par ailleurs «34 échanges avec les services du président de la République entre 2018 et 2022»…

Le président de la commission d’enquête, Benjamin Haddad (Renaissance), a bien senti le danger pour la majorité présidentielle. Il s’en est pris vertement pris aux conclusions de ce rapport et a accusé Danielle Simonnet de politiser le dossier. «Il n’y a eu ni compromission, ni “deal” secret, ni conflit d’intérêts, ni contreparties, contrairement à ce que tente de démontrer vainement notre rapporteure», déclare-t-il dans son avant-propos.

On n’a pas fini d’entendre parler des «Uber Files». L’opposition de gauche, surtout la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas digéré la victoire à l’usure de Macron sur la réforme des retraites, fourbit certainement ses armes pour exploiter au maximum les conclusions de ce rapport. Et Macron ne pourra pas compter sur l’ex-président François Hollande pour le défendre…

 

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