Beaucoup, beaucoup trop, a été fait en à peine quelques heures. Paris avait annoncé 48 heures de réflexion pour bien calibrer sa riposte après l’expulsion par Alger de 12 fonctionnaires français, l’Elysée et le Quai d’Orsay ont dégainé avant le délai fixé. Le président Emmanuel Macron a rappelé son ambassadeur en Algérie et dans la foulée 12 agents du réseau consulaire algérien ont été priés de rentrer chez. On peut considérer que c’est 1 partout, balle au centre et que par conséquent les deux parties vont raisonnablement en rester là. En tout cas le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, l’espère…
Il l’a dit ce mercredi 16 avril, après la montée de fièvre de la veille. C’est lui qui avait retricoté les liens, avec un voyage très fructueux à Alger durant lequel beaucoup de sujets qui fâchent ont été défrichés. Les responsables des deux pays avaient calé des rendez-vous pour avancer sur les dossiers épineux et les visites des deux chefs d’Etat ont même été évoquées. Puis patatras. Le chef de la diplomatie française reprend sa cape de faiseur de Paix.
A ceux qui le traitent de mollasson (suivez notre regard, vers la Place Beauvau, chez Bruno Retailleau) Barrot dit que le dialogue est «la seule manière de résoudre durablement les tensions». Et il a raison, seuls les incendiaires complètement hors sol pensent que quelqu’un a quelque chose à gagner dans cette crise qui frappe les intérêts supérieurs des deux pays dont les relations sont vieilles de près de 2 siècles, avec toute la douleur qui les a émaillées.
«Il nous faudra un jour ou l’autre revenir à un dialogue franc, lucide et exigeant (…). Ceux qui vous disent le contraire sont des irresponsables», a martelé le ministre français des Affaires étrangères sur France Inter. Il soutient que Paris a fait la démonstration de sa capacité «à répliquer sans hésiter et avec fermeté» face à l’Algérie. Mais cette ligne ne peut pas être la panacée dans la durée. Il faudra bien en sortir, par le haut.
Le ministre est revenu sur l’arrestation et l’incarcération en France d’un agent consulaire algérien vendredi dernier. Il qualifie cette action de «décision judiciaire indépendante» et pointe la réaction «très brutale» et «disproportionnée» des autorités algériennes, qu’il accuse d’avoir «choisi l’escalade»…
«Nous avons intérêt à avoir une relation normale avec l’Algérie, à sortir des tensions pour que nous puissions expulser les Algériens en situation régulière, que nous puissions avoir un dialogue sur le renseignement, sur la lutte contre le terrorisme, que nous puissions aussi obtenir la libération de notre compatriote Boualem Sansal aujourd’hui détenu arbitrairement en Algérie», a-t-il ajouté.
«Il fallait donner sa chance au dialogue», a-t-il répété, en allusion à son déplacement à Alger le 6 avril 2025. Que reste-t-il de ses discussions avec son homologue Ahmed Attaf et le président Abdelmadjid Tebboune ? «Nous avons obtenu des engagements (…). Nous allons continuer d’exiger de l’Algérie qu’elle respecte ses obligations au terme des différents accords qui régissent la relation entre la France et l’Algérie», a déclaré Barrot…
On attend les prochains développements, qui fatalement arriveront. En souhaitant qu’ils ne soient pas l’oeuvre de l’incendiaire en Chef, le ministre français de l’Intérieur. Retailleau a soufflé sur les braises hier, sur CNews, la chaîne la plus à droite du paysage audiovisuel français. Il a déclaré ceci : il est “inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens (…). Je ne reconnais à aucun pays” le “droit de mépriser ou d’humilier la France (…). L’Algérie en réalité est au pied du mur. Elle a deux choix, soit le choix de l’escalade soit le choix du dialogue“.
Ce n’est pas avec de telles sorties que l’accalmie reviendra, et c’est exactement ce que cherche le Premier flic de France pour muscler son jeu dans la perspective de la joute électorale de 2027. Heureusement que ce qui lie la France et l’Algérie est beaucoup plus puissant et pérenne que les saillies d’un sénateur devenu ministre à 64 ans et qui maintenant rêve de s’asseoir sur le fauteuil d’Emmanuel Macron.
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