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France-Algérie : Dominique de Villepin dénonce la stratégie de Macron et Retailleau

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Alors qu’Alger et Paris ont officiellement annoncé, le dimanche 7 avril 2025, la fin d’une crise diplomatique inédite ayant duré huit mois, les critiques à l’égard de la gestion française de cette crise ne faiblissent pas. Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ex-ministre des Affaires étrangères, a pris la parole mercredi 9 avril à l’Assemblée nationale pour fustiger l’attitude du gouvernement français, en particulier celle du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.

L’ex-chef du gouvernement sous Jacques Chirac a dénoncé une stratégie dangereuse de surenchère identitaire et de confusion des rôles au sein de l’exécutif. « Il ne s’agit en aucun cas pour moi de personnaliser une critique, mais d’illustrer à travers la charge qui a été celle du ministre de l’Intérieur sur cette question de l’Algérie et des OQTF [Obligations de Quitter le Territoire Français] le risque d’engrenage et de surenchère sur les questions identitaires », a-t-il déclaré avec fermeté.

Dominique de Villepin estime que les propos et menaces de Bruno Retailleau n’étaient pas de son ressort, soulignant que les relations avec Alger relèvent du ministère des Affaires étrangères, « sous l’égide du président de la République ». « Quand il s’agit pour un homme politique non pas d’apporter des réponses, mais d’agiter des menaces, encore faut-il être sur son territoire, c’est-à-dire sur son portefeuille », a-t-il martelé.

L’ancien diplomate n’a pas épargné le président Emmanuel Macron, qu’il accuse d’avoir laissé Retailleau improviser une posture musclée, créant ainsi une dissonance entre les différents pôles du pouvoir. Une stratégie décrite comme un jeu de rôles « bon flic/mauvais flic » entre l’Élysée, le Quai d’Orsay et la Place Beauvau. Une méthode « à contre-emploi », selon Villepin, pour un dossier aussi sensible que les relations entre la France et l’Algérie.

Cette cacophonie gouvernementale a « compliqué les choses », a-t-il ajouté. « On ne peut pas imaginer que dans un gouvernement comme le gouvernement français, on joue la stratégie du good cop/bad cop. Ce n’est pas à la hauteur d’un enjeu aussi important que les relations avec un pays comme l’Algérie », a-t-il conclu, appelant à plus de cohérence et de hauteur dans la diplomatie française.

Si la page semble tournée sur le papier, cette séquence politique risque de laisser des traces durables dans la relation bilatérale franco-algérienne. De part et d’autre de la Méditerranée, les attentes sont nombreuses, mais la confiance, elle, reste fragile.

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