Depuis plusieurs semaines, un courant politique marqué par l’extrême droite et une partie de la droite dure en France milite activement pour une approche plus radicale à l’égard de l’Algérie, en s’inspirant de la récente décision de Donald Trump contre la Colombie. L’objectif ? Forcer Alger à accepter le retour de ses ressortissants en situation irrégulière expulsés de France.
Ce regain de tension a été attisé par l’expulsion ratée d’un influenceur algérien, connu sous le nom de Doualemn, renvoyé par Alger après son arrivée forcée en Algérie le 9 janvier dernier. Ce camouflet a ravivé les discours anti-algériens de plusieurs figures politiques françaises, dont Bruno Retailleau, Florian Philippot, Éric Dupont-Aignan et Sarah Knafo, qui prônent une ligne dure contre Alger, quitte à mettre en péril les relations bilatérales.
Le week-end dernier, la Colombie a refusé d’accueillir des migrants clandestins renvoyés par les États-Unis. En réponse, Donald Trump a immédiatement imposé des sanctions économiques, dont une hausse des droits de douane et la suspension des visas colombiens. Face à cette pression, le gouvernement colombien a cédé en moins de 24 heures.
Cette méthode brutale a inspiré certains responsables politiques français, qui voient dans cette tactique une opportunité d’”imposer” leur volonté à Alger.
Cependant, comparer l’Algérie à la Colombie est une erreur majeure. Contrairement à la Colombie, dont les liens avec les États-Unis reposent sur des accords commerciaux et militaires, l’Algérie et la France partagent une histoire profondément ancrée, marquée par la colonisation, l’indépendance et des décennies de coopération économique et diplomatique.
Par ailleurs, les “sanctions” évoquées par l’extrême droite ne seraient pas aussi efficaces que celles imposées à la Colombie :
Face à ces réalités, les mesures de rétorsion évoquées par Bruno Retailleau et l’extrême droite apparaissent largement inefficaces et pourraient nuire davantage aux intérêts français qu’algériens.
Malgré la pression exercée par l’extrême droite, Emmanuel Macron n’a pas encore réagi publiquement à ces appels à durcir la politique migratoire envers l’Algérie. Le président français sait que les relations avec Alger sont complexes et nécessitent du dialogue plutôt qu’un rapport de force stérile.
En réponse aux déclarations de Bruno Retailleau, plusieurs experts en relations internationales ont souligné que Paris ne dispose pas de leviers suffisants pour imposer un bras de fer à Alger, et que toute mesure précipitée risquerait de fragiliser les liens économiques entre les deux pays, avec 4,5 milliards d’euros d’exportations françaises vers l’Algérie en jeu.
Si certains rêvent d’un “effet Trump” en France, il semble peu probable que cette stratégie soit applicable sans conséquences majeures pour les intérêts économiques et diplomatiques français.
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