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France : Darmanin rattrapé par ses origines algériennes au moment du départ, ce qu’il a dit est très fort, trop pour certains…

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Lors de la passation de pouvoir tout le monde était concentré sur le nouveau ministre de l’Intérieur et ses effets de manche aux allures d’escroquerie intellectuelle. “Remettre de l’ordre dans le pays“, “l’ordre, “l’ordre“… Bruno Retailleau l’a martelé un nombre incalculable de fois, manifestement il était le seul à ne pas se rendre compte que l’assistance commençait à saturer. Cela s’explique peut-être par le fait qu’il n’avait pas préparé de note, il voulait démontrer ses talents de tribun. Difficile de se rendre compte dans cette situation qu’on repasse le même disque. On lui rappellera juste que l’ancien ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, sans doute le locataire de Beauvau le plus célèbre de l’histoire de la 5e République, était encore plus volontaire, avec sa promesses de “nettoyer au karcher” toutes les cités du pays, il est parti en les laissant telles quelles.

Comme tous leurs prédécesseurs ils ont mis les œillères, ils échouent tous

Avant Sarkozy il y a eu Charles Pasqua, Jean-Pierre Chevènement (l’inventeur de l’expression “sauvageons“), Jean-Louis Debré, etc. Tous ont peu ou prou pris les mêmes engagements, on connait la suite. Personne n’a envie d’ouvrir les yeux sur cette réalité : On ne peut pas s’obstiner à offrir aux quartiers le béton, le bitume et le bâton comme unique horizon et attendre de ces jeunes Français, qui ont les mêmes droits et devoirs que les autres, qu’ils acceptent docilement leur funeste sort. Evidemment ça n’explique pas tout dans cette déferlante de la violence, de la drogue, de la délinquance – petite et grande -, mais la mort lente des cités est la principale raison de la colère.

L’ex-ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a beaucoup fait pour combattre tous les fléaux de la société. C’est sans doute celui qui a expulsé le plus d’étrangers délinquants, le plus de radicaux religieux (dont des imams), il a parfois même expulsé des personnes qui n’avaient rien à faire dans leur pays d’origine parce que n’ayant commis aucun crime ou délit en France. Donc le remplaçant de Darmanin ne peut pas lui faire le procès du laxisme ou de l’indolence. Mais au moment de partir ce ne sont pas ses exploits qui travaillaient l’ex-ministre, ce sont ses origines algériennes.

Je m’appelle Gérald Jean Moussa Darmanin. Mon père, à la maternité de Valenciennes voulait écrire Moussa Darmanin, du nom de mon grand-père, tirailleur algérien, qui avait servi la France“, a clamé hier lundi 23 septembre l’ex-locataire de la place Beauvau au moment de passer le flambeau à Rot…

Après tant d’années de fonction élective, (…) il est assez évident, si nous sommes honnêtes, que si je m’étais appelé Moussa Darmanin, je n’aurais pas été élu maire et député et, sans doute, n’aurais-je pas été ministre de l’Intérieur du premier coup, comme ma jeunesse m’a porté à ces responsabilités fortes (…). Ça n’aurait rien retiré de mon éducation, rien de mon mérite, rien de mon amour de la France, mais il faut regarder les choses en face“, a asséné Darmanin.

Ça c’est la vérité profonde d’un homme face à son passé, face à son destin, face au regard de l’autre qui rappelle que l’étranger, même français, ne sera jamais tout à fait comme le citoyen à part entière. L’ex-ministre ne le vit peut-être pas au quotidien mais des centaines de milliers de personnes, des millions le vivent. Alors évidemment une vérité crue de cette nature, avec cette puissance qui impose l’introspection, ne peut pas plaire à tout le monde, elle dérange…

Darmanin a mis un grand coup de pied dans la fourmilière

Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, est monté au front. Il a demandé à l’ex-ministre de l’Intérieur d'”expliciter ses propos” tenus plus tôt dans la journée lors de sa passation de pouvoir. Bardella l’a taclé en ces termes : “Cette déclaration est une injure à la France qui lui a tout donné et qui donne leur chance à tous ceux qui la respectent“…

Il serait intéressant que Gérald Darmanin explicite ses propos (…). Qui considère-t-il comme raciste: les habitants de Tourcoing, les membres de l’institution policière, les Français en général?“, a ajouté le président du RN et eurodéputé. Mais il n’est pas le seul à avoir été interpellé par la sortie de l’ex-ministre, d’autres ténors de la droite et de la gauche l’ont également commentée.

C’est émouvant un ministre de l’Intérieur qui reconnaît que le racisme aurait pu priver la France de son talent de ‘réprimeur’ en chef des luttes sociales et écologiques, et de ‘négateur’ du racisme systémique“, a ironisé la députée de la France insoumise Sophia Chikirou sur son compte X.

Darmanin, il faut l’écouter, avant de partir se fait mousser avec son prénom et sans le vouloir rend un bel hommage à Rachida Dati qui elle reste et le mérite bien“, a posté l’ancien député RN Gilbert Collard sur X.

Ce n’est pas la première fois que Darmanin s’arrête sur ses origines maghrébines, en 2019 il avait déclaré publiquement ceci : “En cette journée de commémoration des soldats d’Afrique au service de la France lors du Second conflit mondial, j’ai une pensée pour mon grand-père l’adjudant-chef Moussa Ouakid, tirailleur algérien“. Mais y revenir avec cette force, au ministère de l’Intérieur au moment de passer le témoin à Retailleau, qui n’a jamais caché son accointance avec l’idéologie d’extrême droite, c’est une toute autre dimension.

Durant le Ramadan Darmanin s’était rendu à la Mosquée de Paris pour partager le repas de la rupture du jeûne. Pour l’ex-ministre de l’Intérieur c’était aussi certainement une manière de humer un peu l’histoire de ses aïeux. Son successeur n’ira certainement pas jusque-là pour donner des gages de fraternité aux Français venus d’ailleurs, Retailleau fera exactement le contraire… et il échouera comme tous ceux qui ont pris le problème par le mauvais bout. Enfin, si le gouvernement survit assez longtemps pour que le ministre ait le temps de dégainer.

 

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