Deux jours après son discours de politique générale, le Premier ministre Michel Barnier est revenu jeudi soir sur les grandes lignes de son programme lors de l’émission «L’Évènement» sur France 2.
Devant les préoccupations des Français sur des sujets comme l’immigration, les impôts et la sécurité, il a précisé les mesures à venir dans le cadre de son action gouvernementale.
60 milliards d’euros d’économies pour le budget 2025
À une semaine de la présentation du budget 2025, Michel Barnier a indiqué que le gouvernement entend réaliser 60 milliards d’euros d’économies. Cette somme sera obtenue par deux moyens : 40 milliards seront coupés dans les dépenses publiques et 20 milliards proviendront d’une hausse des recettes, notamment des augmentations d’impôts. Le Premier ministre a précisé que ces hausses toucheront « 300 entreprises » générant plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, pour une durée d’un an ou deux.
Barnier s’est défendu face aux critiques de ceux qui dénoncent un « choc fiscal » en affirmant que l’effort demandé sera « exceptionnel et temporaire ». Par ailleurs, il a évoqué des prélèvements sur les personnes les plus fortunées, visant à « récupérer 2 milliards d’euros » grâce à des ajustements du dispositif fiscal instauré sous le gouvernement de François Fillon et Nicolas Sarkozy.
Relations avec Emmanuel Macron et les Républicains
Le Premier ministre est également revenu sur sa relation avec le président Emmanuel Macron. Bien qu’ils viennent de familles politiques différentes, Barnier affirme qu’il ne s’agit pas d’une « cohabitation » mais plutôt d’un « socle législatif » regroupant des députés proches du président.
Il a salué l’acceptation de sa famille politique, Les Républicains, de rejoindre le gouvernement, renforçant ainsi la majorité, bien que minoritaire.
Positions fermes sur l’immigration et la sécurité
Michel Barnier a tenu à rappeler que c’est lui « qui fixe la ligne » sur l’immigration, tout en assurant qu’il y aura des mesures « rigoureuses » pour la maîtriser. S’il semble écarter pour le moment l’idée d’une nouvelle loi sur l’immigration, réclamée notamment par la cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen, il n’exclut pas la possibilité d’ajustements si cela s’avère nécessaire.
Interrogé sur sa relation avec Marine Le Pen, le Premier ministre a souligné qu’il ne « négocie pas » avec les partis d’extrême-droite ni d’extrême-gauche. Il a toutefois reconnu le rôle de l’opposition, tout en insistant sur le maintien des différences de fond avec le Rassemblement national.
Agriculture et fonction publique : une « pause » sur les normes et des réformes en vue
Barnier a annoncé une « pause sur les normes » pour soutenir les agriculteurs confrontés à des crises sanitaires et des mauvaises récoltes. Cette mesure vise à alléger les contraintes pesant sur le secteur agricole. Par ailleurs, le gouvernement envisage de « fusionner des services publics » et de « ne pas remplacer tous les fonctionnaires » partant à la retraite, notamment ceux qui ne sont pas en contact direct avec les citoyens, afin de réduire les dépenses publiques.
Réponses aux critiques internes
Michel Barnier a également répondu aux divergences au sein du gouvernement, notamment face à Gérald Darmanin, qui a qualifié « d’inacceptables » les hausses d’impôts envisagées dans le projet de loi de finances. Barnier a affirmé ne pas vouloir se lancer dans des « polémiques » et a invité ceux ayant des propositions alternatives à les exprimer lors des débats parlementaires.
Un programme budgétaire sous pression
Ce discours intervient alors que les tensions politiques et sociales sont à leur comble, en raison des mesures budgétaires annoncées. Michel Barnier tente ainsi de rassurer sur sa « légitimité » et la cohérence de son programme, tout en se préparant à affronter les oppositions qui pourraient faire chuter le gouvernement à tout moment.
Ce programme gouvernemental marque une rupture avec les politiques menées depuis 2017 et vise à répondre aux défis économiques et sociaux actuels, tout en réaffirmant une certaine fermeté sur les questions d’immigration et de sécurité.
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