La communauté musulmane de Jargeau observera le jeûne du mois de Ramadan sans son lieu de culte, réduit en cendres. Par qui ? Les fins limiers de la Police trouveront le ou les coupables… ou pas. Ce qui est certain c’est que le mois sacré, qui commence ce week-end, aura un goût très amer pour les musulmans de cette ville.
La salle de prière musulmane de Jargeau (dans le Loiret) a été incendiée dans la nuit de mardi à mercredi. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a déploré sur le réseau X «un drame pour les fidèles, particulièrement alors qu’ils s’apprêtent à entrer dans le mois du Ramadan». Bon, le ministre n’ira certainement pas jusqu’à partager le repas avec les jeûneurs, comme l’a fait son prédécesseur, Gérald Moussa Darmanin, l’an dernier à la Mosquée de Paris, mais il ne peut pas passer à côté d’un tel drame…
Il ne peut pas l’enjamber d’abord en sa qualité de garant de la sécurité publique pour tous les citoyens, de toutes origines, religions et obédiences confondues. La deuxième raison est que Retailleau a des convictions chrétiennes bien ancrées, dit-on, donc il est très bien placé pour comprendre le désarroi et la douleur des musulmans de Jargeau. On verra s’il met dans la traque des incendiaires la même ardeur que dans la chasse aux délinquants étrangers, surtout algériens.
Une enquête a été diligentée pour «destruction et dégradation par moyen dangereux pour les personnes», a confié la procureure de la République d’Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren. Les investigations «sont confiées à la brigade territoriale de Jargeau et à la brigade de recherches d’Orléans», précise la même source. La gendarmerie a mobilisé la cellule d’identification criminelle pour déterminer l’origine du sinistre. Sur les réseaux sociaux on voit le lieu de culte presque totalement consumé par les flammes.
«Ce lieu de culte a déjà été dégradé par des inscriptions racistes et antimusulmanes le 7 février dernier et reçu des menaces en 2023», s’est insurgé mercredi dernier le Conseil français du culte musulman (CFCM), en faisant part de son indignation outrée et de sa tristesse. Le très actif recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a «exprimé son entière solidarité» et a remercié la Mairie pour avoir proposé une solution provisoire afin que les musulmans de la ville puissent «se réunir et prier pendant le mois de Ramadan».
«Si l’origine criminelle venait à se confirmer, cet incendie serait un acte d’une gravité sans précédent. Il obligerait des mesures fortes pour garantir la liberté de culte et la sécurité des fidèles contre cette haine aveugle qui va à l’encontre des valeurs de notre société et de notre République», avertit-il.
Nous n’irons pas jusqu’à verser dans des conjectures, mais il est évident que le climat national délétère sur fond de théories fantasmagoriques sur les étrangers, les migrants, les musulmans de France, les Algériens n’aident pas à cimenter le vivre ensemble. Au-delà du caractère purement crapuleux et judiciaire de cette affaire on ne pourra pas faire l’économie d’une profonde réflexion sur cette déperdition des valeurs républicaines qui faisaient la Grandeur de la France…
Si l’introspection et le débat public apaisé (pas le pseudo débat proposé par François Bayrou sur les “bons” et les “mauvais”Français) ne sont pas là c’est la haine et le racisme primaires qui les remplaceront, et en face la réponse sera la violence, une violence aveugle qui déjà ronge petit à petit le socle de l’unité nationale. Donc attention, une mosquée qui brûle, comme du reste une synagogue ou une église, ce n’est jamais une affaire à prendre à la légère. Retailleau, à bon entendeur.
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