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France : La menace de démissionner à cause de l’Algérie se retourne contre Retailleau, comme un boomerang

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Tous les coups sont permis, tous, surtout quand c’est la présidence des Républicains (LR, la droite) qui est en jeu et bien plus encore si affinités : le fauteuil du président Emmanuel Macron aux élections de 2027. Le fait est que, d’après tous les sondages, c’est le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui est le mieux outillé à droite pour la présidentielle. Ce n’était pas prévu, un accord tacite avec le président LR Laurent Wauquiez avait réparti les rôles : à Retailleau la gloire de la Place Beauvau (ça pulse quand même plus que le strapontin de chef de la majorité au Sénat !), et à Wauquiez l’arène électorale de 2027. Le “Pacte” n’a pas tenu.

C’est le ministre de l’Intérieur qui l’a rompu, ou plutôt sa popularité croissante. L’appétit est venu en mangeant. Retailleau a tellement bougé dans tous les sens, surtout dans sa croisade insensée contre l’Algérie et les Algériens, qu’il a fini par éclipser tout le personnel politique, jusqu’au président LR. Enhardi par ce succès auquel il n’était absolument pas préparé (à 64 ans c’est son tout premier maroquin ministériel) il s’est laissé aller à la menace de démissionner si le gouvernement recule dans son bras de fer avec l’Algérie. Erreur ! L’affaire lui est revenue comme un boomerang.

«En politique, il ne faut jamais dévoiler son jeu. Et là, Retailleau a fait tapis», a confié au Figaro, sous le sceau de l’anonymat, un élu LR. Wauquiez, qui ne savait plus à quelle branche se raccrocher pour ne pas être écrasé par le Premier flic de France, vient de trouver son missile. «Le seul levier, c’est la dénonciation des accords de 1968, le reste, c’est de l’agitation. Si le président de la République refuse de les dénoncer, rester au ministère de l’Intérieur n’a pas de sens», a décoché le président LR dans Le Parisien. Et Vlan! Retailleau est pris dans sa souricière.

L’annulation des Accords de 1968, pour laquelle milite activement le ministre de l’Intérieur, il n’en est pas question. En tout cas on en est très loin, pour la simple et bonne raison que la France y laisserait trop de plumes, elle qui en a déjà beaucoup perdu dans son combat politico-diplomatique contre Alger. Macron a conversé dernièrement avec Retailleau sur ces sujets….

Le chef de l’Etat français certes est étrangement timoré (ce que d’ailleurs lui reproche son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune), certes il est d’accord pour «hausser le ton» avec Alger afin que les grands dossiers avancent, mais il n’est certainement pas pour l’escalade radicale prônée par Retailleau. Et il l’a dit publiquement.

Cela n’a pas empêché le ministre de l’Intérieur de se cabrer, de se rebiffer, de faire le paon devant les médias. Mais il sait que rien à ce stade ne justifie que la France sabre tout ce qui le lie à l’Algérie depuis près de 2 siècles. Alors oui, Retailleau est coincé par son engagement public, par ce qu’il a promis aux radicaux de droite et à l’extrême droite. Le chouchou des sondages commence à tourner casaque…

Il a déclaré dans Le Figaro qu’il continuera à «se battre», il ne changera pas de «trajectoire» en dépit des attaques de son challenger à la présidence LR, qui «a lâché les coups (…). Ma démission arrangerait mes adversaires politiques. Ils me la réclament matin, midi et soir pour des petites considérations politiciennes en alimentant au passage le narratif du régime algérien. Mais vous imaginez bien que je ne leur ferai pas ce plaisir : ni à eux, ni à ce régime qui a fait de moi son adversaire principal», a asséné Retailleau.

Le combat pour le scrutin LR, programmé les 17 et 25 mai prochains, sera féroce, sanglant. Maintenant on le sait, le ministre de l’Intérieur ne reculera devant rien pour le gagner. La route du palais de l’Elysée est à ce prix, exactement comme l’avait fait Nicolas Sarkozy au même poste – ministre de l’Intérieur – en 2007…

 

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