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France-Le RN tel qu’il est, entre louvoiements et reniements : Le dernier de Mme Le Pen

France-Le RN tel qu’il est, entre louvoiements et reniements : Le dernier de Mme Le Pen

Le Rassemblement national (RN) se dépatouille comme il peut avec l’interdiction de postes très sensibles aux binationaux. Le soufflet n’est pas retombé depuis que l’affaire a été jetée sur la place publique par l’extrême droite, dans le cadre de la campagne pour les législatives. La cheffe de file du RN, Marine Le Pen, était montée au front pour tenter d’éteindre l’incendie provoqué par Roger Chudeau sur la binationalité d’une grande figure de la macronie et du modèle d’intégration français, l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem. Mme Le Pen reprend son bâton de pèlerin ce mardi 2 juillet, consciente du caractère explosif de ce dossier alors que Jordan Bardella va à la pêche aux voix du centre pour décrocher une majorité absolue au Parlement dimanche prochain.

Elle avait rétropédalé le 28 juin, elle récidive

La patronne des députés RN avait rétropédalé le 28 juin dernier en indiquant que ce tour de vis sur les binationaux ne concernait pas les ministres et que le programme du parti ne contenait pas une telle mesure. Elle en a remis une louche ce mardi sur France inter. Elle soutient que la liste des fonctions concernées est “dérisoire“, à peine une “trentaine de postes (…) extrêmement sensibles“…

Rappelons que jeudi dernier le vice-président du RN, Sébastien Chenu, avait avancé tout autre chose sur RMC-BFMTV : “une liste des emplois, il y en a peut-être 50, qui sont des emplois extrêmement sensibles de direction de services de renseignement, etc.” Ce mardi Marine Le Pen parle d’un dossier “tout à fait microscopique (…). La loi a vocation à évoluer et à être remise sur la table à chaque fois que le France se retrouve en conflit géopolitique avec un pays“.

Aujourd’hui, nous sommes en conflit latent avec la Russie, il est évident qu’on ne va pas mettre à la tête de la commission de la sûreté nucléaire, par principe de précaution, un Franco-Russe“, a-t-elle ajouté…

Pourquoi Bardella n’assume pas publiquement ?

Une loi qui n’est pas gravée sur le marbre, appelée à être remodelée au gré des soubresauts géopolitiques, une liste d’emplois interdits aux binationaux qui se réduit comme une peau de chagrin à mesure que la protestation et l’indignation enflent en face… Le moins qu’on puisse dire est qu’en termes d’assurances sur le sérieux des propositions du RN on a vu mieux. Valser sur des dossiers de cette importance c’est à tout le moins problématique pour un parti qui aspire à gouverner la 2e économie de la zone euro et 7e puissance économique mondiale.

La deuxième remarque est que ce n’est pas Bardella, par qui tout ce débat sur les binationaux est arrivé, qui apporte ces précisions aux allures de reniement, c’est Mme Le Pen qui s’y colle. Y aurait-il des divergences profondes sur les interdictions qui frapperont les binationaux ? Y aurait-il des revirements que Bardella refuserait d’assumer publiquement ? Ce qui est certain c’est qu’à travers ces sorties la cheffe de file du RN imprime dans les têtes que c’est elle la vraie patronne du parti et pas son jeune président…

C’est une manière aussi de répondre aux sondages qui disent que Bardella est le mieux placé pour la présidentielle de 2027, alors qu’il n’a même pas encore fait le job de Premier ministre que lui a assigné Mme Le Pen tout en se réservant le fauteuil de présidente de la République. Mais on n’y est pas encore, d’ici là il faudra déminer le terrain et sauter une pléthore d’obstacles. A commencer par cette affaire de binationalité dont se servent la gauche et le camp présidentiel pour pointer le danger national drainé par la victoire de l’extrême droite aux législatives.

Attal et la gauche se frottent les mains

Le message que vous faites passer, c’est que quand on est binational, on est demi-national, on serait en fait pas des vrais Français et on ne serait pas digne de confiance pour occuper des postes à responsabilité“, a asséné le Premier ministre Gabriel Attal lors de son débat télévisé avec Bardella…

Dans une tribune publiée mardi dernier par le journal Le Monde Mohamed Bouabdallah, diplomate de carrière et binational, déclare vivre “comme une grande souffrance le fait que la loyauté des binationaux puisse être ainsi questionnée (…). Nous sommes des milliers de binationaux (…) à occuper des postes de premier plan dans l’appareil d’État, y compris sur des postes dits ‘sensibles’ (…). Le RN s’inscrit dans la droite ligne du régime raciste de Vichy (…) En 2024, ce ne sont plus les juifs (leur tour viendra), mais les arabes et les musulmans“.

Rappelons qu’en janvier dernier le RN avait formulé une proposition de loi sur l’interdiction de certains postes dans les administrations et entreprises publiques aux Français détenteurs d’une autre nationalité. “3,3 millions de Français pourraient demain se voir interdire l’accès à un emploi“, d’après les estimations de la CFDT. Pour le RN ce sujet est loin d’être anecdotique, quoi qu’en dise Mme Le Pen pour tenter de dégonfler la polémique et conjurer cet affichage désastreux.

 

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