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France-Législatives : Bardella “a déjà son gouvernement en tête”…vous ne serez pas déçus du voyage!

France-Législatives : Bardella “a déjà son gouvernement en tête”…vous ne serez pas déçus du voyage!

On y est… Enfin presque, à en croire tous les sondages et à en croire le discours très volontariste dans les rangs du Rassemblement national (RN), porté par sa cheffe de file Marine Le Pen. Elle a déclaré sur France 2 (cette télévision publique qu’elle accuse de diaboliser le RN et qu’elle s’est jurée de privatiser) ce mercredi 26 juin que le “futur” Premier ministre Jordan Bardella “a déjà son gouvernement en tête“. Mme Le Pen ne sera pas dans cette équipe si le RN triomphe aux législatives (elle ne veut pas mettre la main dans le cambouis), elle ne sera pas non plus présidente de l’Assemblée nationale : “je serai la présidente du groupe majoritaire des députés“. Le rôle qu’elle joue maintenant mais en plus grand cette fois, en attendant le fauteuil de cheffe de l’Etat en 2027.

Après 3 finales ratées l’heure des Le Pen a sonné…

Des plans sur la comète ? De moins en moins, vu l’appétit des Français pour l’extrême droite. Ils les ont tous essayés, pourquoi pas cette fois Le Pen, Bardella et compagnie. Essayer pour voir si ça brûle, si les lendemains chanteront, si l’ivresse des cimes y sera, etc. Le papa de Marine Le Pen, Jean-Marie, par qui tout cela a commencé avec le Front national, a été écrasé au second tour de la présidentielle de 2002. Mais à l’époque le Front républicain, le fameux “cordon sanitaire” antiraciste, opérait encore. La “magie” a moins fonctionné en 2017 et en 2022 quand la fille de Le Pen a affronté Macron au deuxième tour de la présidentielle. Deux finales ratées mais…

Mais l’extrême droite a pris rendez-vous, forte de ses 89 élus aux législatives de 2022. Ce pourrait bien être son tour ce 30 juin, avec confirmation le 7 juillet prochain. Le président Macron a renversé la table pour une clarification, pour que chacun se positionne clairement face au spectre de l’extrême droite. La seule chose qu’il a obtenue c’est l’implosion de la droite, pour le reste ce qui saute aux yeux c’est l’impopularité du chef de l’Etat. Son camp n’est que troisième dans les sondages, loin derrière le Nouveau Front Populaire (la gauche) et encore plus loin derrière le RN.

Tout ça pour ça. Et le pire c’est que Macron enfonce sa majorité à chaque fois qu’il parle, donc il écrit, mais le résultat n’est gère meilleur. Les poids lourds du gouvernement (le Premier ministre Gabriel Attal, le ministre de l’Economie Bruno le Maire et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin) et l’ancien Premier ministre Edouard Philippe ont prié le président d’observer un silence total, il refuse, comme s’il voulait accélérer le chaos pour que les Français tombent dans les bras de l’extrême droite.

Cohabiter avec Bardella pour l’user jusqu’à l’os, comme Chirac et Jospin

Il est maintenant certain que la majorité absolue dont Macron rêvait – un rêve fou dans cette conjoncture – il ne l’aura jamais, le RN et la gauche l’en empêcheront. Alors il lui reste l’autre rêve : Aller dans la cohabitation avec l’extrême droite et mettre à profit les 3 ans de mandat qui restent pour cramer complètement Bardella, coincé entre la situation financière du pays et  les pièges du président. Comme l’avait fait François Mitterrand (gauche) à son Premier ministre Jacques Chirac (droite) en 1986 et comme l’a fait le président Chirac à Lionel Jospin (gauche) en 1997.

Macron y croit d’autant plus que le RN aura un écueil de taille : la majorité absolue, avec au moins 289 députés au Parlement. Bardella ne les aura pas, selon les sondages. C’est ce qui a manqué au président de la République, l’obligeant à pactiser par moments avec la gauche et parfois avec la droite pour faire voter ses textes. Mais ça le RN ne pourra pas, à part les dissidents des Républicains amenés par leur président déchu Eric Ciotti personne ne fricotera avec l’extrême droite au Parlement…

Mais si Bardella décide d’y aller quand même avec une majorité relative il lui restera les passages en force à l’Assemblée nationale, avec le bâton du 49,3, qui a fait très mal à l’opposition et dont le RN se plaignait. Si le Premier ministre en usait et en abusait pour gouverner ce serait son deuxième reniement, après avoir dit qu’il “refusera d’être nommé” si le RN ne décroche pas une majorité absolue et martelé qu'”un Premier ministre de cohabitation avec une majorité relative ne pourrait pas changer les choses“.

Demandez le programme

Ce ne serait pas les derniers reniements, il y a ceux nichés dans le programme. Chez “Jordan Bardella, il y a de moins en moins de programme et de plus en plus de conditions” pour prendre le Premier ministère, a claqué Attal sur Franceinfo le 18 juin. “Ça commence à ressembler à un refus d’obstacle“, a-t-il ajouté. Effectivement dans la feuille de route du “futur” Premier ministre il n’y a rien de nouveau. On y retrouve les vieux poncifs de Jean-Marie Le Pen – sécurité et immigration – plus une vague proposition sur l’amélioration du pouvoir d’achat, sans aucune indication chiffrée…

A sa décharge le RN n’a pas sous les yeux tous les indicateurs macro-économiques du pays et il faudra attendre au moins l’audit. Le même audit qui pourrait justifier les reculades de Bardella sur ses promesses électorales au motif que les finances publiques ne le permettent pas. Quant aux engagements sur l’immigration (suppression du droit du sol, “préférence nationale“, interdiction de certains postes aux binationaux, etc.) ils sont tous anti-constitutionnels et d’ailleurs le Conseil constitutionnel a enterré des pans entiers de la Loi immigration pour ces raisons là. Le président des Sages, Laurent Fabius, a rappelé les lignes rouges en janvier 2024.

Pour réviser le texte fondamental et tenir les promesses faites aux électeurs ce sera la croix et la bannière, mais ça le RN se garde de le dire à ceux qui voteront pour lui ce 30 juin. Quand on désosse le programme de l’extrême droite il n’y a presque aucune proposition qui tient la route, et ce n’est pas moi qui le dis ce sont les économistes et les experts en droit. Mais est-ce que les Français sont disposés à entendre cette voix ? Leur envie irrépressible de tester le jeune et beau Bardella pourrait être plus forte dimanche prochain.

 

 

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