Mulhouse, le 12 avril 2022. Déplacement d'Emmanuel Macron, président de la république, candidat à un second mandat, après le premier tour, dans la région Grand Est. Echanges avec des soignants.
Premier ministre de gauche ou pas, gouvernement ou pas, le Nouveau Front Populaire (NFP) n’a pas l’intention de temporiser, elle annonce la couleur au président Emmanuel Macron, qui lui a ouvert un boulevard en convoquant des législatives anticipées : Ce sera la guerre entre le palais de l’Elysée et le Parlement. Et ça commence par le détricotage des réformes phares de Macron, à commencer par la très emblématique réforme des retraites, laquelle a enfiévré le pays avec pas moins de 14 manifestations nationales pour s’y opposer. La France insoumise (LFI) va déposer dès ce mardi 23 juillet une proposition de loi pour l’abroger.
L’annonce a été faite par la très combative présidente des députés LFI, Mathilde Panot, sur France inter. “Aujourd’hui (mardi), nous déposons une proposition de loi pour abroger la réforme de la retraite à 64 ans“, a-t-elle déclaré, pas peu fière d’ouvrir les hostilités avec le gouvernement sortant dont beaucoup de ministres, à commencer par le premier, Gabriel Attal, ont été élus députés et seront donc aux premières loges pour observer le déchiquetage d’une Loi phare…
Et il y a des chances que la gauche triomphe vu que le Rassemblement national (RN) a fait savoir, par la bouche du député Laurent Jacobelli, qu’il votera le texte du NFP. “C’était dans notre programme“, rappelle l’élu d’extrême droite. Effectivement Jordan Bardella s’était engagé à sabrer la réforme s’il accède à Matignon, il a loupé la dernière marche mais les 143 députés RN et alliés peuvent peser fortement sur la balance, même s’il faut pour cela pactiser avec les “affreux gauchistes”.
Cette alliance de circonstance prouve encore une fois que les rancoeurs nées du Front républicain pour empêcher le RN d’accéder aux postes clés au Parlement n’empêcheront pas l’extrême droite d’exister. Marine Le Pen, la patronne des députés et Bardella prendront tout ce qu’ils peuvent prendre en attendant des lendemains meilleurs (les élections de 2027, voire avant en cas de deuxième dissolution, ce qui n’est jamais exclu).
Pour le NFP abattre en plein vol une réforme aussi emblématique que celle des retraites serait un gage de crédibilité. En effet ce dossier, la hausse du SMIG et une nouvelle imposition pour les ultrariches sont les 3 points saillants du programme de la gauche et que le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a rappelé dès le soir du second tour des législatives, corroboré par le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
La gauche a pris de l’épaisseur avec 12 membres élus sur les 22 qui composent le Bureau politique du Parlement. Certes la présidente Yaël Braun-Pivet a réussi à s’accrocher aux branches des Macronistes et de la droite pour être réélue mais elle est cernée par ses opposants. Ce sont ces derniers qui dicteront leur loi et imposeront les priorités de l’Assemblée nationale. Quand on vous disait que ce sera un enfer pour le camp présidentiel…
D’ici là l’exécutif sortant s’offre un court répit vu que le Parlement a suspendu ses travaux, donc la proposition de loi sur les retraites ne sera pas débattue avant la rentrée, au meilleur des cas. Entre temps le NFP rue sur les brancards pour que le chef de l’Etat l’invite à former un gouvernement. Mais encore faut-il que la gauche accorde ses violons autour du nom du Premier ministre, et ce n’est pas gagné. Attention aux germes de la division qui avaient fait exploser la NUPES juste après les législatives de 2022.
Si le NFP parvient à entrer à Matignon avant la rentrée il n’attendra pas, il déposera immédiatement le projet de loi pour abroger la réforme des retraites. Macron sera encore plus motivé pour manoeuvrer afin d’imposer un gouvernement du centre, avec la droite, histoire d’empêcher la gauche de renverser la table. Mais les Républicains ont dit et redit qu’il n’est pas question de former un gouvernement avec la Macronie, tout au plus un “Pacte législatif d’urgence“. Sous quelle forme, pour quel projet, quel dessein politique ? On verra bien…
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