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France : Les millions d’euros de Kadhafi débusqués par la Justice, nouveau procès à haut risque pour Sarkozy

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Le défunt Guide libyen Mouammar Kadhafi et ses proches l’avaient dit et répété, l’ancien président français Nicolas Sarkozy l’a toujours nié énergiquement, mais la justice l’a prouvé. De l’argent libyen, beaucoup d’argent, a atterri à Paris. “Nous avons aujourd’hui au dossier la preuve qu’un montant total de six millions d’euros sont partis des fonds publics libyens et sont arrivés en France par le canal des intermédiaires“, a asséné ce lundi 6 janvier sur BFMTV-RMC le Procureur du Parquet national financier (PNF), Jean-François Bohnert…

 “Tout ce que j’avance est documenté par le dossier“, a ajouté le magistrat, alors que ce lundi s’ouvre le procès de l’affaire du financement présumé de la campagne présidentielle de Sarkozy en 2007 avec de l’argent libyen. L’ancien président risque très gros, lui dont la peine de prison dans “l’affaire des écoutes” a été confirmée par la Cour de cassation (il a décidé de saisir la Cour européenne de justice pour faire condamner la France).

Le travail des juges d’instruction dans le dossier libyena duré près de 10 ans” et a permis de retracer des “flux financiers“, a affirmé M. Bohnert. Il a ajouté que ces fonds se sont évaporés par la suite, “car ils sont arrivés la plupart du temps en espèces, ou en tout cas ont fait l’objet de transferts via des zones offshore“…

C’est en traçant cet argent que l’accusation a débusqué un présumé “pacte de corruption” à l’automne 2005 à Tripoli, sous la fameuse tente de Mouammar Kadhafi, celle-là qu’il avait plantée au coeur de Paris en décembre 2007. L’événement avait provoqué une agitation monstre pour sécuriser les lieux, avec interdiction de la circulation dans les environs durant 5 jours. Ce qui avait fortement irrité les riverains. Mais ils n’étaient pas les seuls, on se souvient du coup de sang de la secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, Rama Yade.

La générosité du défunt Guide libyen est légendaire et presque tous les visiteurs quittaient sa tente avec un gros cadeau (comprenez une mallette bourrée de billets). Demandez aux leaders et dignitaires africains qui défilaient sur les lieux. Le magistrat français insiste sur un “pacte de corruption“, entre “d’un côté un candidat à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, des proches de Nicolas Sarkozy, et de l’autre côté des autorités libyennes à la tête desquelles se trouve encore le colonel Khadafi“.

C’est dans cette triangulation que le pacte de corruption va avoir lieu en ce sens que de l’argent va être promis par les autorités libyennes vers Nicolas Sarkozy et ses proches pour soutenir et financer la campagne électorale“, répète M. Bohnert.

L’accusation n’a pas été en mesure d’établir le montant total exact de la subvention présumée et les avocats de Sarkozy se sont longtemps appuyés sur ça pour déclarer que le dossier judiciaire n’est pas solide, qu’il ne contient aucun élément de preuve. Sauf qu’après 10 ans d’investigations un “faisceau d’indices” a amené les juges d’instruction à la conclusion qu’il y a bien eu un appui financier.

Les magistrats se sont surtout basés sur les confidences de 7 anciens dignitaires libyens, sur les voyages discrets en Libye du premier cercle du sulfureux chef de l’Etat (Claude Guéant, Secrétaire général de la présidence française et Brice Hortefeux, plusieurs fois ministre), sur des virements douteux ou les carnets de l’ex-ministre libyen du Pétrole Choukri Ghanem, mort par noyade dans le Danube en 2012.

Ce que le régime libyen aurait reçu en échange de ce financement : Une réhabilitation internationale après que le pouvoir a été accusé de financer le terrorisme et une réception haute en couleurs de Kadhafi à Paris dès que Sarkozy fut élu président. A noter qu’une telle visite n’était pas arrivée depuis 30 ans…

Ce n’est pas tout, on a parlé aussi de méga contrats pour Paris et un soutien judiciaire à Abdallah Senoussi, directeur des renseignements libyens, qui écopa par contumace de la prison à perpétuité en France pour son implication dans l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989, dans lequel 170 personnes périrent dont 54 Français. Les contrats Sarkozy ne les a jamais vus (l’Allemagne si), ce qui, disent les mauvaises langues, aurait en grande partie motivé son action pour déboulonner le régime libyen, avec une fin tragique pour Kadhafi en 2011.

 

 

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