L’homme suspecté d’avoir poignardé à mort un fidèle dans la mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard en France, s’est rendu de lui-même aux autorités italiennes. Olivier H., inconnu des services de police et de justice, a été interpellé dans un commissariat de Pistoia, près de Florence, dimanche soir vers 23 heures, a indiqué le procureur d’Alès, Abdelkrim Grini.
“Face à l’efficacité des moyens mis en place, l’auteur n’a eu pour seule issue que de se rendre, et c’est la meilleure chose qu’il pouvait faire”, a déclaré le procureur. Plus de 70 enquêteurs avaient été mobilisés pour sa localisation et son arrestation, mobilisant d’importants moyens dans une course contre la montre.
Les faits remontent à vendredi matin, vers 8h30. Olivier H., vêtu d’une doudoune et portant un sac de sport, pénètre dans la mosquée de La Grand-Combe où il croise Aboubakar, un jeune homme de 24 ans, d’origine malienne, décrit par la communauté comme “serviable”, “sympathique” et “extrêmement poli”.
Dans la salle de prière, le suspect poignarde Aboubakar à plus de quarante reprises, principalement au niveau du torse et de l’abdomen. Il filme ensuite la scène avec son téléphone portable, proférant des propos confus et haineux tels que “Ton Allah de merde” et affirmant “je l’ai fait“. Le procureur a précisé que l’auteur semblait mû par un “stratagème élaboré dans l’intention de tuer un fidèle musulman“.
La nature des propos tenus et la brutalité de l’agression orientent l’enquête vers un mobile antimusulman, même si d’autres pistes restent envisagées à ce stade. Le procureur souligne également l’aspect obsessionnel et macabre du comportement du suspect, qui aurait exprimé son désir de commettre d’autres meurtres pour être reconnu comme “tueur en série”.
“Il y a une fascination de la violence”, a commenté Bruno Retailleau sur BFMTV, évoquant à la fois des propos relevant de l’hostilité envers les musulmans et d’une logique de violence extrême.
Le meurtre d’Aboubakar, titulaire d’un CAP de maçonnerie obtenu dans un lycée professionnel privé, a profondément ému la population locale. Une marche blanche a réuni de nombreux habitants du Gard ce dimanche, rendant hommage à la victime. À Paris, plusieurs centaines de personnes se sont également rassemblées en fin de journée pour dénoncer l’islamophobie et exprimer leur solidarité.
Le président Emmanuel Macron a réagi en adressant “le soutien de la nation” aux proches d’Aboubakar et en réaffirmant que “la liberté de culte est intangible” et que “le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France“.
Cet acte d’une extrême violence intervient dans un contexte particulièrement tendu. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la banalisation de l’islamophobie dans les médias et les déclarations irresponsables de certains responsables politiques.
Beaucoup alertaient sur le risque de voir cette haine se traduire par une recrudescence des violences contre les musulmans en France, appelant à une prise de conscience urgente pour préserver la cohésion sociale et le respect des libertés fondamentales.
Laissez un commentaire