Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’a pas l’intention de se calmer après ses revers – il faut bien les appeler ainsi – sur le dossier algérien. Il avait prôné “le rapport de force“, jusqu’à la victoire, sa victoire, il a perdu in fine : c’est la voie de la raison, celle de la diplomatie, qui a pris le dessus. En tout cas pour l’instant. Sur cette affaire Retailleau n’a pas déposé les armes, il attend Alger au tournant. Mais il sait aussi qu’il lui sera très difficile de rebondir vu la complexité des sujets sur la table et le temps que ça prendra. Et du temps le ministre n’en a pas, il a 2 élections sur le feu : la présidence des Républicains – la droite – en mai prochain et la présidence de la République. Alors il faut vite trouver une autre marotte électorale, ce sera les conditions pour obtenir la nationalité française.
L’annonce n’a surpris personne, le porte-voix de tous les combats qui impliquent les étrangers ne surprend plus personne. Et ça montera crescendo, les immigrés ou ceux qui aspirent à l’être ont intérêt à s’accrocher, ça va tanguer. Retailleau a déclaré ceci ce jeudi 10 avril, depuis le ministère de l’Intérieur, à la célèbre Place Beauvau : “Euh… J’enverrai très prochainement aux préfets une circulaire pour durcir les conditions de la naturalisation…
Nous avons durci dans la Loi immigration un certain nombre de conditions d’accueil sur le droit de séjour, pour rehausser par exemple le niveau de français, parce qu’on sait parfaitement que c’est le vecteur de l’intégration. Pour rehausser aussi… Pour faire passer un examen civique. Et bien la naturalisation qui est autre chose… Le droit de séjour est une faveur qu’on accorde à un étranger régulier sur le sol français, donc on y met des conditions, évidemment.
Lorsque on veut réaliser cette promesse d’intégrer pleinement un étranger dans notre communauté nationale, il faut là aussi remplir un certain nombre de conditions. Ou ces conditions sont remplies ou elles ne sont pas. Le Code civil d’ailleurs parle toujours d’assimilation, l’article 24 du Code civil en matière de naturalisation. Donc vous voyez bien que l’exigence qu’on a vis-à-vis de ce qui s’apprête à entrer pleinement dans la communauté nationale républicaine doit être rehaussée“.
Le challenger du ministre de l’Intérieur pour le poste de chef de file de la droite, Laurent Wauquiez, a sorti une proposition surréaliste sur l’enfermement des étrangers sous OQTF à Saint-Pierre et Miquelon, à près de 4500 kilomètres de la métropole. Autant dire un retour aux bagnes, comme le tristement célèbre bagne de Cayenne. La proposition a fait un tollé, jusqu’à l’extrême droite. Wauquiez a sorti ça pour se donner une chance de contrer l’ascension du ministre le plus populaire du gouvernement. Raté.
Retailleau lui se bornera au durcissement de la naturalisation, un dossier plus consensuel on dira. Mais il faut comprendre l’irritation et le désarroi de Wauquiez. Il est le chef du parti et devait le rester pour briguer la présidence de la République en 2027, en vertu d’un accord tacite qui laisse le ministère de l’Intérieur à l’ex-patron de la majorité au Sénat. Sauf que Retailleau veut tout à présent, l’appétit est venu en mangeant…
Hélas les “saillies” sur les étrangers et les migrants sont dans l’air du temps, en Europe comme aux USA. A côté de la radicalité du président Donald Trump Retailleau est un enfant de coeur. Alors oui il a encore beaucoup de marge et poussera encore plus. On verra jusqu’où il ira et surtout si la gauche française se dressera franchement et résolument sur la route du ministre.
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