Le Conseil constitutionnel dégage la voie vers l’inéligibilité immédiate de Marine Le Pen, la mieux placée – selon les sondages – pour rafler l’élection présidentielle de 2027. Les 9 Sages ont été consultés, ils ont rendu leur copie ce vendredi 28 mars : La loi est certifiée conforme à la Constitution. Donc si la championne de l’extrême droite est condamnée ce lundi 31 mars dans l’affaire des assistants parlementaires elle sera automatiquement déclarée inéligible pour un paquet d’années…
A noter que le Conseil s’est borné à répondre à la question posée, laquelle évoquait le cas des élus locaux, et c’est sur cette affaire que la loi est conforme à la Constitution, pas spécifiquement sur le cas Le Pen. Mais évidemment tout le monde ne pense qu’à la situation plus que délicate de la cheffe de file du Rassemblement national (RN), qu’on a même soupçonnée d’avoir évité de faire tomber le gouvernement de François Bayrou pour qu’en retour ce dernier pèse d’une façon ou d’une autre sur le cours de la Justice. Alors que des déboires Bayrou n’en manque pas.
Il faut dire que Mme Le Pen risque très gros dans cette affaire de détournement de fonds publics européens : 10 ans de prison, 10 ans d’inéligibilité et une amende de 1 million d’euros. Alors son camp nourrissait l’espoir que la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qui a été posée aux Sages la semaine dernière soulage le RN dans la perspective du scrutin de 2027, que Nenni. La favorite des sondages devra sauter le barrage du Tribunal correctionnel de Paris ce lundi, si elle se loupe ce sera la fin des haricots, même si théoriquement les recours en cas de condamnation pourraient s’étirer et lever l’obstacle vers 2027.
En tout cas en l’état la liberté de l’électeur à choisir son candidat à la présidentielle ne l’emporte par sur la décision de justice. Force reste à la loi, la légitimité politique passe après. En soi c’est une terrible nouvelle pour l’extrême droite, qui a tout fait pour faire plier le droit français. La lecture du verdict de Marine le Pen (ainsi que ses 25 coprévenus et son parti) commencera ce lundi à 10 heures au Tribunal correctionnel de Paris et devrait s’étaler sur des heures. Les juges en charge de son dossier ont déjà arrêté leur décision, après 4 mois de délibérations.
Les magistrats ont pris le temps de bien blinder leur ligne de défense, car que ce soit une relaxe, une condamnation à minima ou une condamnation lourde la sentence fera jaser. Elle sera interprétée comme une forfaiture juridique par les opposants du RN – la gauche surtout – si Mme Le Pen s’en sort, par un coup d’Etat constitutionnel par ses partisans si elle est empêchée de se présenter à la présidentielle…
«Demain, potentiellement, ce sont des millions et des millions de Français qui de fait se verraient privés de leur candidate à la présidentielle», avait asséné Mme Le Pen durant son dernier interrogatoire. Elle a chauffé à blanc ses électeurs, le Tribunal de Paris et tout le pays.
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