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France : Retailleau ne se contentera pas de bouder le repas du Ramadan à la mosquée de Paris, il ira plus loin ce 26 mars

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A chaque jour son coup d’éclat pour bien montrer à l’électorat de la droite et de l’extrême droite qu’il n’y aura aucun compromis et encore moins de compromission avec l’islam, radical ou pas. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a ouvert le bal en refusant d’honorer le traditionnel “iftar des ambassadeurs” (il l’a fait aussi pour frapper l’Algérie) organisé par la Grande Mosquée de Paris. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui a toujours l’oeil rivé sur son collègue à l’Intérieur, a embrayé hier mardi 18 mars en menaçant de démissionner si le gouvernement recule sur l’interdiction du port du voile dans le sport. Retailleau refait parler de lui…

Pour marquer les 10 ans des attaques terroristes de 2015 à Paris et les 120 ans de la loi de la séparation de l’Église et de l’État – laquelle a gravé le principe de laïcité -, le collectif Agir ensemble organise mercredi prochain un meeting sur le thème «Pour la République… La France contre l’islamisme». Le ministre de l’Intérieur sera la guest-star au Dôme de Paris. Mais il ne sera pas seul, il y aura à ses côtés le ministre d’Etat en charge des Outre-mer, le socialiste Manuel Valls, rapportent Le Parisien et Le Figaro.

L’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, la chercheuse au CNRS Florence Bergeaud-Blackler (spécialiste du marché halal en Europe et de la mouvance des «Frères musulmans»), le philosophe Raphaël Enthoven et d’autres grands noms devraient également faire le déplacement. Cette réunion publique devrait mobiliser quelque 4000 personnes.

Des «personnalités de premier plan engagées dans le combat pour les valeurs de liberté et de démocratie» sont annoncées par le site de l’événement. Le collectif ambitionne de les fédérer pour «refonder le pacte républicain et faire ensemble de la lutte contre l’islamisme la priorité de notre action commune»…

Personne ne peut raisonnablement s’opposer au combat contre l’islam radical, la cause est entendue, sauf pour les illuminés qui de toute façon s’arc-bouteront à leur funeste projet de société quelle que soit la rationalité en face. Mais c’est ce qui n’est pas dit par toutes ces “personnalités” qui pose problème, c’est leur motivation profonde qui interroge. Quand Retailleau a boudé le repas de la rupture du jeûne à la Mosquée de Paris ses collaborateurs ont argué, d’après Franceinfo, que le ministre a été rebuté par l’aspect religieux de cette manifestation, jugée contraire à la sacro-sainte laïcité.

Deux remarques s’imposent : d’abord “l’iftar” est plus festif et convivial qu’autre chose, c’est l’esprit même de ce repas collectif. Ensuite le même ministre – un catholique pratiquant – qui a glissé cet argumentaire très douteux à ses proches a participé à la Messe servie par le Pape François à Ajaccio, en Corse, en décembre dernier. Le moins qu’on puisse dire est que pour Retailleau la laïcité est à géométrie variable.

Il sera difficile de convaincre les musulmans de France que le ministre des Cultes n’a pas un problème avec ce qu’ils sont, ce qu’ils représentent, ce en quoi ils croient sans forcément le manifester de manière ostentatoire. A côté de ça il y a les motivations politiques et électorales de Retailleau, dans cette France qui se passionne – beaucoup trop – pour les barbes, le voile, ce qu’il y a dans l’assiette des musulmans, etc.

Le ministre de l’Intérieur, le plus populaire dans le gouvernement, ne cache plus sa volonté de se débarrasser du chef de file de la droite, Laurent Wauquiez, pour porter les couleurs des Républicains à la présidentielle de 2027. Il ne faut pas se leurrer, ce rendez-vous électoral dicte tous les faits et gestes de Retailleau, même sa venue au Dôme de Paris…

Pour Manuel Valls c’est différent. Lui aussi a été un ministre de l’Intérieur très rugueux (de 2012 à 2014) mais dans sa ville d’Evry, dont il a été Maire de 2001 à 2012, il a très bien traité la communauté musulmane. Aucune vague durant toutes ces années. L’ancien Premier ministre de François Hollande (Parti socialiste) a sans doute des ambitions politiques, comme tout le personnel politique du reste, mais ce ne sont certainement pas les mêmes que Retailleau.

 

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