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France : Sciences-Po Strasbourg gèle ses liens avec une université israélienne pro-guerre, le ministre n’est pas content

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Sciences-Po Strasbourg, comme l’ont fait beaucoup d’institutions et pays dans le monde, a décidé de geler ses liens avec Israël, en réaction aux exactions massives et indiscriminées commises par Tsahal à Gaza et au Liban. L’école d’élite française a suspendu son partenariat avec l’université Reichman, près de Tel-Aviv. En France ce genre d’action est rarissime du fait des relations historiques avec l’Etat hébreu. Mais dernièrement le président Emmanuel Macron a fait deux sorties publiques pour demander qu’on cesse d’armer Israël et pour dénoncer la “barbarie” de Tsahal. Cela a sans doute donné des ailes à Sciences-Po Strasbourg.

En tout cas il y en a qui n’est pas content du tout : le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. “C’est une décision qui est affligeante, qui me désole profondément“, a-t-il rétorqué ce jeudi 31 octobre sur BMFTV/RMC, en réponse à la décision de l’Institut d’études politiques de Strasbourg. Ce dernier argue les “positions bellicistes” de cette université israélienne sur la guerre à Gaza. Et elle n’est pas la seule, à chaque fois que Macron a tenté la voix de la raison il a été reçu par une volée de bois vert de la part de Benjamin Netanyahu.

L’université, c’est le lieu du débat, de la tolérance, c’est le temple de l’esprit critique (…). Ce n’est pas cette université qui aujourd’hui bombarde au Liban ou à Gaza. Je rappelle que c’est d’ailleurs dans les universités israéliennes que l’on trouve les plus fervents partisans de la paix et de la solution à deux Etats“, martèle le chef de la diplomatie française.

Je déplore cette décision adoptée à des fins de prise de position politique par le conseil d’administration d’un établissement public et en désaccord avec la direction de l’établissement“, a embrayé le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Patrick Hetzel, dans un texte posté sur X hier mercredi.

A noter qu’en France c’est surtout dans les instituts d’études politiques que le mouvement étudiant pro-palestinien prospère, avec des manifestations récurrentes qui virent parfois à l’occupation de bâtiments. Hetzel, fidèle à la ligne de son parti (Les Républicains, à droite), avait saisi début octobre les présidents d’université sur leur responsabilité dans le “maintien de l’ordre” avant l’anniversaire de l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023…

En face le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, pro-palestinien notoire, avait appelé à “mettre des drapeaux palestiniens partout où c’est possible“.

La décision de Sciences-Po Strasbourg a été prise en juin dernier mais dévoilée hier mercredi par le journal régional “Les dernières Nouvelles d’Alsace” (DNA). Tout en condamnant “sans réserve l’attaque terroriste subie par la population israélienne le 7 octobre 2023“, les initiateurs de la motion ont pointé les “positions de l’université en question, profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste, pacifiste et critique au regard de la guerre en cours à Gaza“.

La motion avait été déposée par la liste Solidarit’Etudiants, qui occupe 8 des 10 sièges des représentants étudiants au Conseil d’administration ; certains enseignants ont également soutenu le texte. Par contre le directeur de l’IEP, Jean-Philippe Heurtin, a clamé sa “forte hostilité” à cette motion et ça ne surprendra personne, le contraire lui aurait attiré les foudres de son ministre, de toute la droite et même de la “Macronie” en dépit des contorsions du chef de l’Etat.

 

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