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France – Tensions diplomatiques avec l’Algérie : Retailleau s’agite, Bayrou recadre

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La gestion des relations franco-algériennes continue de faire des remous au sein du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a menacé de démissionner si la France cédait face à Alger dans le dossier des expulsions de ressortissants en situation irrégulière.

Une posture radicale qui a rapidement été nuancée par le Premier ministre François Bayrou, rappelant que la diplomatie ne saurait être dictée par l’agitation et les postures populistes.

Retailleau joue la surenchère, Bayrou recadre

Bruno Retailleau, en quête de fermeté, a brandi la menace d’une « riposte graduée » contre l’Algérie, accusant le gouvernement de Tebboune de refuser de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière. Samedi, il déclarait dans Le Parisien qu’il était prêt à quitter son poste si Paris faisait preuve de faiblesse, affirmant qu’il n’était « pas là pour une place, mais pour remplir une mission, celle de protéger les Français ».

Problème : Retailleau semble oublier que la diplomatie française ne relève pas de ses prérogatives. Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs dû lui rappeler en privé que la révision de l’accord bilatéral de 1968, régissant la circulation et le séjour des Algériens en France, relevait exclusivement de l’Élysée. Ce rappel à l’ordre souligne une évidence : le ministre de l’Intérieur n’a pas vocation à mener la politique étrangère du pays.

Une diplomatie dictée par le pragmatisme, pas par l’émotion

Dimanche, François Bayrou a réagi à la sortie de Retailleau sur France Inter, affichant une ligne plus posée et réaliste. S’il condamne fermement le refus d’Alger de coopérer sur le dossier des expulsions, il rejette la surenchère médiatique de son ministre de l’Intérieur. « La fermeté ne parle pas nécessairement fort », a-t-il lancé, soulignant que l’enjeu des relations franco-algériennes dépasse le cadre d’un bras de fer politique.

Le Premier ministre a rappelé que la France entretient des liens historiques et humains profonds avec l’Algérie, et que les tensions diplomatiques ne sauraient être traitées à coups de menaces publiques. « Est-ce que c’est avec le peuple algérien qu’on a des difficultés ? Non », a-t-il martelé, mettant en avant l’importance de la coopération avec les millions de Franco-Algériens vivant en France.

Retailleau, un ministre de l’Intérieur en roue libre ?

Cette séquence révèle une fois de plus les limites d’un ministre de l’Intérieur qui confond fermeté et communication agressive. Retailleau, dans sa volonté de s’imposer comme le chantre de la rigueur sécuritaire, semble prêt à bousculer les équilibres diplomatiques pour marquer des points sur le plan politique.

Son discours populiste rappelle celui de certains leaders de droite extrême, friands de postures intransigeantes mais souvent inefficaces. Car en réalité, la question des expulsions est bien plus complexe qu’un simple bras de fer médiatique. Alger, consciente de son poids dans la relation bilatérale, n’est pas du genre à plier face aux menaces.

Bayrou, en homme d’État, l’a bien compris. En appelant à une remise en cause « complète » des accords franco-algériens en cas d’impasse, il pose une ligne de fermeté sans tomber dans l’exagération. Une approche plus réfléchie que celle de Retailleau, qui, à force de vouloir faire du bruit, risque surtout de se marginaliser au sein du gouvernement.

 

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